Auteur/autrice : Bruno Lasnier Page 3 sur 6

México. Puerta Grande pour Diego San Roman.

Sixième corrida de la Saison de Réouverture avec les Taureaux Pozo hondo. 1/3 d’arène.

Jose Mauricio : 1 oreille et ovation


Emilio de Justo, qui a confirmé l’alternative : ovation et ovation


Diego San Roman : oreille et oreille

Festival solidaire d’Arcos de La Frontera. Un déluge de trophées et pas que..

David Galvan

25 Fevrier 2024. Temps hivernal venteux froid et très humide pour ce festival solidaire d’ARCOS, la chaleur était dans les cœurs des acteurs et des spectateurs venus soutenir la noble cause des enfants atteins du cancer.

Cinq ganaderos parmi les plus connus de la province ont fourni le bétail pour des toreros établis comme GALVAN ou Ruiz MUNOZ un peu moins connu Daniel CRESPO un novillero avec picador Xavier PEREGRINO et trois novilleros sans picadors.

Le bilan du festival est pléthorique 14 oreilles et 6 queues. Cela est bien sûr beaucoup trop et l’enthousiasme du public a débordé la Présidence qui elle même s’est laissé allé a octroyer des vueltas al ruedo à des novillos qui ne le méritaient peut être pas, mais après tout n’étions nous pas dans une journée de la générosité et certains petits malades qui accompagnèrent les toreros dans leurs vueltas triomphales ne diront pas le contraire.

D’un point de vue purement taurin, le premier novillo ( EL TORERO) qui échut à David GALVAN fut certainement le plus intéressant du lot, un toro d’une grande noblesse qui tétait littéralement la muleta dans des passes interminables. Le torero de San Fernando sut régler rapidement les quelques défauts de l’animal pour offrir une formidable faena sur les deux bords tout en temple. Le torero s’accordant parfaitement à son toro se laissa emporter dans la durée sans jamais lasser mais à l’heure de la mort les choses se compliquèrent pour obtenir la fixité de l’animal. L’épée quoique en arrière et contraire fut cependant suffisante après avoir entendu un avis.

A Daniel CESPO échut le second exemplaire de SANTIAGO DOMECQ. Le torero du Puerto de Santamaria parut emprunté devant un animal assez compliqué et brusque. La faena parut désordonnée et manquer de poder sans transmission ni émotion, à mon sentiment du moins. CRESPO nous avait habitué à plus profond. Une entière de travers au deuxième essai mit fin aux débats. De façon totalement incompréhensible la vuelta al ruedo fut accordée au toro.

Ruiz MUNOZ natif de Chiclana et neveu du Pharaon de Camas, mit la barre très haut dans un immense quite par chicuelina donné à son novillo de Firmin BOHORQUEZ qui pour l’occasion fournissait deux novillos. L’animal faisait preuve de bonnes qualité et permit au torero de dispenser tout son art fait de temple et de verticalité dans un « compas » très pur. L’élégance était en piste ce soir et Ruiz MUNOZ en débordait, sa main gauche fit merveille dans des naturelles sans fin, et la main droite ne fut pas en reste. Une demi contraire et tendida l’obligea à descabeler.

Le jeune novillero de Jerez Xavier PEREGRINO entama les débats avec son adversaire de Firmin BOHORQUEZ par un bon capote alternant véroniques et chicuelinas. Il nous surprit tous en posant les banderilles , ce qu’il fit fort bien nous offrant au passage de remarquables recortes. Inédit dans l’exercice, on le reverra avec plaisir, Il offrit par la suite à la muleta un très bon torero de face empreint de sincérité et de profondeur. Son ouvrage sobre et très classique laisse augurer du meilleur pour la suite de la temporada. Son estocade, certes au deuxième essai, fût la meilleure de la soirée : une entière en place d’effet fulgurant.

Je ne m’étendrai pas davantage sur les faena des novilleros sans picadors qui parurent bien vert ayant parfois du mal à s’accorder à leurs adversaires de Salvador DOMEQ et FUENTE YMBRO. Ils furent bien au dessous de leurs adversaire même si la ferveur du public pour les enfants de la terre fut sans limites.

En conclusion un bon festival de début de saison qui permet aux uns et autres de se remettre au combat en public et de faire les derniers ajustements avant le début de la temporada C’est un public trempé et frigorifié mais heureux qui a quitté les petites arènes d’ARCOS DE LA FRONTERA.

Jean Dupin

Un nouveau livre de l’UBTF : La lettre de Moratin

Un beau travail historique et bibliophilique : la première traduction en français de la Lettre de Moratín de 1777.

Dax, Luque et Clemente à hombros

Texte : Antonio Arévalo. Photos : Bruno Lasnier

Dax 10 septembre 2023. Feria Toros y Salsa. Plus de trois quarts d’arène. Temps chaud. Ovation de gala à Luque après la fin du paseo. Six toros de Jandilla corrects de présentation, peu présents à la pique, nobles dans l’ensemble mais aussi fades.

Diego Urdiales ovation et saluts.

Daniel Luque deux oreilles et saluts.

Clemente oreille et oreille.

On attendait bien plus de cette corrida de Jandilla, un élevage qui se distingue souvent par sa bravoure et son moteur. Ce furent des Jandillas agréables de présentation mais manquant de gaz, assez ternes dans l’ensemble.

Daniel Luque fut accueilli avec une ovation de gala par le public dacquois. Sa réception à la cape à son premier toro fut très belle, soyeuse, d’une douceur absolue. Le toro promettait mais il ne se livra pas au cheval et s’éteignit après la première série à la muleta. Luque inventa une faena là où bien d’autres n’auraient rien pu en tirer.

Il n’y avait pas d’émotion, le toro noble avait perdu tout son souffle, mais la maestria de Luque lui permit d’enchaîner des passes templées, mais sans les remater. Faena intelligente, celle d’un virtuose, qui fit oublier au public les lacunes du toro. Le matador de Gerena coupa deux oreilles, acclamé par son public au cri de « torero ! Torero ! » Il passa à l’infirmerie pour ressortir affronter le cinquième, un toro assez chátié à la pique et qui manqua de noblesse et cessa vite le combat. Luque abrégea.

Clemente a partagé la sortie a hombros avec Luque en coupant une oreille à chacun de ses toros. Son premier était compliqué et même si le torero ne parvint pas à construire une faena, il laissa parfois l’empreinte de sa personnalité différente. L’estocade lui permit de ravir un premier pavillon comme ce fut aussi le cas au dernier Jandilla.

Par contre celui-ci chargeait avec plus de brio, surtout de loin. Volontaire, sans la maîtrise technique de Luque, il manqua au Bordelais cette race, cette faim qui malgré les lacunes est capable de soulever le public. Mais, pour lui, c’est un nouveau succès dans une arène de première catégorie en France, ce qui est loin d’être négligeable.

Diego Urdiales eut un lot potable, qui n’excella pas pour sa bravoure, mais qui se laissa faire. Il coupa une oreille son premier où il dessina de très belles naturelles mais toréa sans prises de risques à droite. Tout comme à son suivant. Belles véroniques toutefois. Prestation donc en demi teinte du torero d’Arnedo, avec quelques séquences agréables à regarder mais guère plus.

Dax : Adriano récompensé

Dax. Feria Toros y Salsa. Un peu plus de deux tiers. Temps chaud. 6 toros de Pallarés, bien présentés, dans le type, à l’exception du sixième, trop haut, manquant de bravoure, avec de la classe et un bon rythme le troisième.

Fernando Robleño palmas et silence.

Emilio de Justo silence et silence.

Adriano oreille et oreille.

Adriano est sorti a hombros.

 

Ce triomphe, cette sortie a hombros, Adrien Salenc est allé la chercher. Il a cru en ce dernier toro pour qui personne n’aurait parié un copeck. Plus haut que les autres Pallarés, pas très beau et surtout, il ne baissait pas la tête. Adrien l’a toréé avec douceur à la cape et a réussi à intéresser le toro et le public, même si les charges étaient à mi-hauteur, à se l’enrouler autour de lui avec un toreo vibrant et à la fois intelligent.

En plus, il s’est montré redoutable à l’estocade. Son estocade au premier fut encore meilleure, de très belle exécution. Par contre, ce toro montra plus de qualités, ce fut le seul de la tarde à charger avec noblesse avec un tempo lent dont Adrien profita par moments. Il y eut de très beaux muletazos, mais Adrien se laissa parfois emporter par sa fougue et la vitesse dénatura les passes. Mais comme la faena alla a mas et fut conclue avec une superbe estocade, le matador fut récompensé d’une première oreille.

Fernando Robleño, pas très gâté par le sorteo, aurait pu en couper une à son second. Les plus belles passes de l’après-midi furent les siennes, du côté droit, il n’y avait rien à faire du gauche, des passes empreintes de classicisme et d’un goút exquis. Son premier fut d’une fadeur totale et à l’épée Robleño eut bien du mal à l’achever.

Emilio de Justo, qui avait été gravement blessé par un toro de Pallarés à Madrid en 2022 qui aurait pu briser sa carrière, fit preuve d’assurance face à son premier et lima toutes ses aspérités dès les premiers muletazos. Faena qui n’arriva cependant pas à décoller car le toro manquait de race, les plus beaux moments furent les passes de poitrine d’Emilio, avec le sceau de la maison : superbes. Le cinquième, le seul toro de quatre ans du lot, fut le pire, il n’avait pas une passe et le public demanda au matador d’abréger.

 

Texte Antonio Arévalo

Photos : Bruno Lasnier

Bayonne : feria de l’Atlantique, cinq oreilles pour un final en triomphe.

Bayonne. Dimanche 3 septembre, troisième et dernière corrida de la feria de l’Atlantique, entrée soutenue, temps légèrement ensoleillée, température agréable, deux heures quarante de spectacle. Six toros de Zacarias Moreno, bien présentés, de 566 à 533 kilos, bien armés et d’une honnête bravoure à la pique. Tous deux châtiments, plutôt collaborateur à la muleta, le sixième renverse le cheval.

Alejandro Mora (blanc et or) qui prenait l’alternative, au premier, une demi-lame, avis, salut ; au dernier, une entière foudroyante, deux oreilles.

Manuel Escribano (noir et or), au deuxième, une entière, une oreille ; au quatrième, une entière, une oreille avec forte pétition de la seconde.

Emilio de Justo (noir et or), au troisième, une entière, une oreille ; au cinquième, un pinchazo, une entière, silence.

Présidence. Président Christophe Robin (Cercle taurin bayonnais), assesseurs, Bertrand Adoue (cercle taurin bayonnais) et Benoît Bacot (Cercle taurin bayonnais).

Alternative Alejandro Mora

Alejandro Mora repart de Bayonne avec deux oreilles pour sa corrida d’alternative. Coupées à son second toro, mais détaché du poids de responsabilité de l’alternative, il a donné un belle leçon de tauromachie. Pour lui, cette course avait commencé avec un tercio de cape où l’essentiel de son travail fut de sortir le toro des « tablas ». Puis vint l’heure de la cérémonie… avec l’officiant, Manuel Escribano , le témoin Emilio de Justo et pour certifier, son oncle, Juan Mora en costume trois pièces.

Une cérémonie, différente de beaucoup d’autres et dont l’importance a dû peser sur les épaules du garçon. On le sentait crispé dès ses premières passes de châtiments, même s’il prenait le large dans de longues séries sur la main droite, terminées à gauche avec de spectaculaires pechos. Une faena avec d’excellents moments, mais il eut le tort de faire durer. Malheureusement il tua mal.

Mais pour conclure, avec le sixième, ce fut un torero totalement transfiguré qui apparut sur le sable des arènes. Très vite, après avoir brindé au public, il entre dans la faena et lance une très longue série à droite qu’il remate à la perfection, d’un pecho de maître. Il paraît avoir tout dit, mais le toro retrouve un fond de force et lui conteste sa domination. Le soldat Alejandro Mora repart au combat et s’impose définitivement par une dernière série sur la main gauche. Son estocade est fulgurante.

Manuel Escribano, venait à Bayonne pour remplacer Daniel Luque. Contrat parfaitement rempli… qu’il dépliait par une première larga à genoux avant de prendre les banderilles. Une jeu où il excelle, gratifiant son public d’un premier quiebro qui fit se lever les arènes. A la muleta il n’y avait pas grand-chose à lui reprocher dans ses belles et longues séries sur les deux mains. Rien à contester à l’acier avant que ne tombe un trophée. Il voulait revenir encore plus fort et il monta d’un cran avec une porta gayola qui ouvrait un tercio de cape volontaire, mais parfois chiffonné. Dommage.

Son dernier toro de la course il le dédia à Juan Mora à l’issue d’un nouveau tercio de banderilles éclatant d’émotions. Maintenant il accrochait le cœur des spectateurs par une série de passes de la droite, dessinées à genoux, au centre de la piste… Il allait poursuivre par un enchaînement de naturelles, esthétiques, données avec lenteur et profondeur. Manuel Escribano avait dit l’essentiel de son art…

Il n’y a pas grand-chose à reprocher à Emilio de Justo, il fut souvent trop sage, auteur d’un tauromachie très classique. Tout le monde a apprécié ses naturelles sculpturales. Avec son second toro il insista sur ce style… mais cette fois sans grand conviction. On avait l’impression que le torero s’ennuyait. Pourtant son toro paraissait séduisant.

Avec la sortie en triomphe de Manuel Escribano, accompagné sur les épaules des porteurs par Alejandro Mora, cette dernière course a donné une nouvelle dimension à une feria qui avait dû affronter au milieu de son déroulement une météo compliquée. Tout se termine parfaitement laissant augurer une excellente prochaine édition.

texte : Jean-Michel Dussol et photographies Bruno Lasnier.

Bayonne : finale des Novilladas sans picadors. Etonnants novillos de J.-F. Mageste. Pedro Luis emporte le concours.

Bayonne. Dimanche 3 septembre, en matinée, température fraîche, vent désagréable, toute petite entrée, une heure quarante cinq de spectacle. Deux novillos d’Alma Serena, bien présentés et mobiles, deux novillos du Camino de Santiago, lourds et agressifs, deux novillos de La Espera, encastés jusqu’à la pointe des sabots, mobiles et agressifs.

Andoni Verdejo (bleu marine et or), au premier, une entière, une oreille ; au cinquième, un pinchazo, une entière, trois avis, toro puntillé en piste.

Fran Fernando (bleu roi et or), un pinchazo, une demi-lame, quatre descabellos, deux avis, vuelta.

Pedro Luis (blanc et or), au troisième, une entière, vuelta ; au sixième une entière, une oreille, vuelta au toro.

Diego Mateos (rose et or), au quatrième, deux pinchazos, une entière, avis, salut.

Andoni Verdejo
Fran Fernando
Pedro Luis
Diego Mateos

A l’issue de la finale des novilladas sans picadors, Pedro Luis, Péruvien de l’école taurine de Tolède, croulait sous les récompenses. Du trophée du meilleur toreo de cape, à la meilleure estocade jusqu’au trophée de la ville de Bayonne, le garçon a tout raflé. On peut écrire que cette finale s’est déroulée en deux temps, des éliminatoires avec les novillos de Alma Serena et du Camino de Santiago et la finale avec la Espera. Les novillos de Jean-François Magesté ont soudainement transformé le concours avec deux exemplaire, très mobiles, agressifs, débordant de caste qui ont rappelé aux novilleros que la tauromachie est surtout un exercice de courage, parfois une danse mais aussi un combat.

Andoni Verdejo avait ouvert la matinée et à l’issue pouvait méditer le vieil adage latin : « le Capitole est proche de la roche tarpéienne… » coupant une oreille lors de sa première sortie, il entendait les trois avis avec le La Espera de la finale. Pourtant l’élève de Richard Milian, avec le novillo de Alma Serena (famille Bats) avait été parfait à la cape, maîtrisant totalement une faena très douce et harmonieuse. Sélectionné pour la phase finale, il allait être complètement dépassé et souvent mis en déroute par le novillo très compliqué de La Espera. Un très mauvais souvenir, mais l’occasion de s’accrocher et de repartir.

Fran Fernando, lui aussi face à un Alma Serena, après avoir brindé au public commençait dans un bon registre avec un toreo naturel et des moments de lutte avec une muleta très basse. Mais en fin de faena il « perdait les papiers » et devenait très brouillon.

Pedro Luis se présentait alors devant un Camino de Santiago (Jean-Louis Darré) applaudi à son entrée en piste. On découvrit un garçon très stylé dans ses passes de châtiment, reculant parfois, mais toujours très présent. Après avoir été qualifié pour la finale il poussera ces qualités au maximum. Il multipliera alors les passes changées dans le dos, changera de main au cours de chacune de ses séries et démontrera chaque fois une grande maîtrise.

Diego Mateos qui complétait le groupe de départ resta dans un répertoire très classique. Mais il sera trop souvent parallèle et loin du novillo. Il était nettement en dessous de ses compagnons de cartel.

Une novillada qui a confirmé l’élevage landais de Jean-François Magesté avec la vuelta accordée au dernier novillo de Pedro Luis. Le dernier né des ganadero du Sud-Ouest est en train de brûler les étapes. Cette belle réussite a Bayonne pèsera lourd pour la suite.

Texte Jean-Michel Dussol. Photographies Philippe Gir Mir.

Bayonne : les Pedraza ne perdent qu’une oreille

Bayonne. Samedi 2 septembre, après-midi, temps couvert et frais, quelques rares gouttes de pluie, une petite entrée, deux heures trente de spectacle. Sept toros de Pedraza de Yeltes, le quatrième, changé pour boiterie par un remplaçant du même fer. Un lot de 605 à 564 kilos, tous deux piques prises avec une belle bravoure, bien présentés et armés sans excès pour de Pedraza, parfois compliqués à la muleta.

Morenito de Aranda (gris plomb et azabache) six pinchazos, un avis, salut.

Joaquim Galdos (noir et or), un pinchazo et une entière, une oreille.

David de Miranda (marron et or), une entière, salut.

Rafael Serna (vanille et or), une entière, vuelta.

Jorge Isiegas (bleu marine et or) une demi-lame, six descabellos, deux avis, silence.

El Rafi (gris et or), deux pinchazos, une entière, un descabello, silence.

Présidence. Président Georges Lecloux (peña taurine Côte basque), assesseurs, Dominique Perrin (peña Campera) et Stéphanie Bonnein Cañada (Peña taurine bayonnaise).

Six toreros, six toros de Pedraza de Yeltes voilà une équation qui au résultat a donné un excellent moment de tauromachie pour la deuxième course de la feria de l’Atlantique à Bayonne, sur une piste miraculeusement refaite entre le début d’après-midi où elle avait été transformé en rizière et le paseo en tout début de soirée.

Cette corrida s’est ouverte sur un air connu, Morenito de Aranda, recevant son premier toro à « porta gayola », mais cette fois sans aucun problème… comme il y a quelques semaines à Vic-Fezensac. Pour la suite le Castillan poursuivait par quelques chicuelinas et deux jolies véroniques au centre de la piste. Après un brindis au conseiller municipal taurin Yves Ugalde, Morenito regagnait le centre pour se mettre à genoux et commencer sa faena. Un moment complet avec quelques apports artistique, malheureusement face à un toro manquant de force.

Joaquim Galdos, l’autre Péruvien, parfait à la cape, entamait un combat épique à la muleta. De longues séries où l’adversaire humiliait et un final rehaussé d’un pecho à genoux. Du grand art par moment avec un toro très mobile et agressif. Cela valait bien une oreille !

David de Miranda, le chanceux du sorteo ! Avec un des plus âgés, ayant doublé six ans, et le plus lourd eut fort à faire. L’assassin jetait les pieds dans la cape, tentait de bousculer l’homme. David de Miranda a tout essayé, changer les terrains, trouver un sitio, arracher des passes… Mais rien a faire le toro n’en faisait qu’à sa tête et refusa les dernières passes.

Rafael de la Serna avec beaucoup de poésie dans le costume resta brouillon à la cape. Il était face à un excellent adversaire, mais jamais il ne se confia. Certes il tira de nombreuses passes, sans véritablement construire. Pourtant il pouvait compter sur l’aide de l’animal qui ne demandait qu’à poursuivre la muleta. On pouvait espérer mieux.

Jorge Isiegas ne manque pas de qualités. Bon capeador il est très vite agréable et séduisant sur la main gauche. Il n’a pas tardé à comprendre qu’il était face à un adversaire loyal. Très rapidement il va s’imposer, n’hésitant pas à transformer certaine série en jeu de la vie et de la mort. Par malchance ses efforts disparaîtront dans la multiplication de l’usage de l’acier.

Avec El Rafi, Rafael Raucoule, on espérait un final illuminé à la hauteur des deux oreilles du triomphe dacquois devant les Victoriano del Rio. Mais à Lachepaillet, il fallut vite déchanter. Encore un toro de près de six ans qui transforma rapidement ses années en bloc de marbre. Aucune charge, refus systématique de la muleta. Sans avoir abordé la moindre faena, le Français ira chercher l’épée. Un final un peu triste… Mais la confirmation de ce que l’on savait déjà, les immenses qualités de Morenito de Aranda en tant que chef de lidia, sauvant des banderillero à plusieurs reprises, reprenant le toro à la sortie de la pique. Enfin toutes les qualités d’un grand torero récitant les moindres détails de son métier.

Texte : Jean-Michel Dussol et photographies : Bruno Lasnier

Bayonne : Novillada piquée suspendue après trois novillos.

Course suspendue après trois novillos

Bayonne. Samedi 2 septembre, matin, temps couvert, pluie au premier toro, toute petite entrée, une heure quinze de spectacle. Trois novillos de Los Manos, le premier renverse le cheval, les deux autres très typés Santa Coloma, tous deux piques prises avec une sérieuse bravoure. Course arrêtée après le troisième novillo en raison de la pluie.

Solal Calmet, Solalito (bleu marine et or) au premier, trois-quart de lame, vuelta.

Lalo de Maria (rioja et or), au deuxième, une entière longue d’effet, vuelta.

Mario Navas, (bleu marine et or), au troisième, une entière et cinq descabellos, silence.

Le temps était bas, les nuages d’un noir à faire peur… mais il ne pleuvait pas encore lorsque le paseo s’élança, avec Solalito, chef de Lidia, venu en remplacement de Tristant Barroso, malade. Les novillos de Los Manos, attendaient. Puis Solalito accueillit le premier, dans un tercio de cape très sage, sans la moindre faute, comme récitant une leçon de bon toreo. L’animal fit impression en renversant le cheval lors de la première pique. Muleta en main, après quelques passes de châtiment, Solalito ouvrait une première série très classique sur la droite, changeant de main pour terminer. Ce fut ensuite une belle série de naturelles, lentes et interminables, sous la pluie qui se mit à tomber. Immobile au centre de la piste, le garçon ne tarda pas à évoluer dans la boue… Même si ses passes étaient très épurées, il ne fit pas durer la séquence et tua d’une bonne lame… Vuelta un peu obligée par sa cuadrilla.

Lola de Maria après une belle demie pour conclure son tercio de cape… continua la course sous une pluie qui se renforçait. Il sauta très vite sur la gauche avant de revenir signer une belle série à droite. Il était face à un bon novillo qui répétait naturellement avec la volonté d’attaquer et de jouer de la corne. Mais Lalo demeura chaque fois très ferme, illustrant sa faena de quelques changements de mains, de haute école.

La pluie redoublait de violence lorsque Mario Navas après un bon tercio de cape, ouvrait sa faena sur quelques passes de châtiment, l’animal n’était pas facile, et enchaînait sur une série classique de droite. Un pecho pour terminer avant de gagner le centre pour une belle série de naturelles. Comme ses compagnons Mario de Navas fut après deux ou trois minutes fut contraint de changer sa muleta alourdie par la pluie…

A l’issue de la mise à mort, d’un commun accord, acteurs et organisateurs décidèrent de suspendre la novillada. Dommage, les novillos de Los Manos paraissaient très intéressants.

Jean-Michel Dussol

Corrida goyesque de Bayonne : Juan Leal, trois oreilles, s’impose.

Corrida goyesque bleue de Bayonne.

Bayonne. Vendredi 1er septembre 2023, très belle entrée aux arènes, soleil, nuage et averses en fin de course, deux heures vingt de spectacle.

Six toros de Garcigrande, bien présentés à part le troisième, tous deux piques, le deuxième trois châtiments, toujours pris avec une honnête bravoure. Certains compliqués à la muleta par manque de charge.

Juan Leal (blanc cassé et azabache) au premier, une demi-lame , deux oreilles ; au quatrième , une entière, une oreille.

Andres Roca Rey (blanc et noir), au deuxième qui se blesse, écourte d’une entière, au cinquième, une entière deux oreilles.

Adriano (vert de gris et noir) au troisième une entière et trois quarts de lame, silence ; au dernier, une entière, une oreille.

Président. Bernard Peytrin qui annonçait sa dernière présidence. Assesseurs Thierry Noël, peña taurine bayonnaise et Bertrand Adoue, cercle taurin bayonnais.

Juan Leal a imprégné de manière forte son entrée dans la fin de temporada française. Il ne s’est pas laissé impressionner par le tourbillon Andrés Roca Rey. Après un tercio de cape pour tester l’adversaire et avoir terminé sur une remarquable demie, l’Arlésien se positionne au centre de la piste pour une première série et se met à genoux pour poursuivre sur cette main droite.

Quelques passes dans le dos pour faire passer un frisson dans les tendidos et le garçon entame sa symphonie. Il est parfaitement maître de son art. Jamais il ne fait une faute avant d’en finir avec une demi-lame, pour les deux premières oreilles. La corrida est lancée… Mais Juan Leal est bien décidé à ne pas en rester là. Il revient avec un adversaire un peu mou auquel il faut arracher les passes, à droite comme à gauche. La faena semble s’endormir. Mais soudain le garçon a trouvé la faille et l’animal se réveille sur les dernières passes… Ce qui lui permet de terminer sur un desplante d’un goût douteux.

Piqué au vif, Andrès Roca Rey voulait répliquer dès son premier toro sorti. Il donnait un aperçu de se volonté à la cape, mais l’aventure tournait court, « Fardon », dans les premières minutes de la faena, sur un recorte, se blessait à la patte avant gauche. Roca Rey était obligé d’en terminer rapidement recevant pour son estocade quelques applaudissements de consolation.

Mais il allait par la suite, témoigner de son art et de son pouvoir en « inventant » pratiquement le cinquième Garcigrande. Il cherche un moment le sitio. Puis la muleta vient à traîner sur le sable, derechazos et naturelles interminables. Ne s’agirait-il pas d’un dialogue secret entre le toro et le maestro ? Un moment intime que l’aficionado n’ose pas troubler. D’étranges instants de magie et d’émotion alors que l’orage gronde et que pleure le concerto d’Aranjuez. Ce sont les instants privilégiés d’une grande faena. On s’excuse presque d’en être les témoins… L’estocade met un terme à cet enchantement.

Adrien Salenc, Adriano, mal aidé par le sort doit affronter le toro le plus âgé, près de six ans. Les choses seront souvent compliquées. Il doit voler des passes, soutenir des séries impossibles. Il fait le maximum, mais pratiquement impossible d’imposer sa domination. Salenc qui avait triomphé l’an dernier se retouve pris au piège des ans.

Mais lorsque le combat reprend des proportions normales avec un vrai « quatreño », c’est Salenc retrouvé. Des passes à genoux pour une deuxième série, puis il se relève pour citer de loin et entre aussitôt au cœur de la faena. La musique vient le soutenir et le toro qui avise plusieurs fois ne l’impressionne pas. Même dans des moments difficiles, il parvient à servir un toreo classique débordant de finesse et d’élégance. La faena n’est peut-être pas spectaculaire, mais elle est juste et l’aficion ne s’y trompe pas qui exige une oreille après un grand coup d’épée.

Les Garcigrande auront laissé six oreilles pour cette première course de la feria de l’Atlantique, ce fut un agréable moment.

Texte : Jean-Michel Dussol

Photographies : Bruno Lasnier

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