Bayonne. Dimanche 3 septembre, troisième et dernière corrida de la feria de l’Atlantique, entrée soutenue, temps légèrement ensoleillée, température agréable, deux heures quarante de spectacle. Six toros de Zacarias Moreno, bien présentés, de 566 à 533 kilos, bien armés et d’une honnête bravoure à la pique. Tous deux châtiments, plutôt collaborateur à la muleta, le sixième renverse le cheval.

Alejandro Mora (blanc et or) qui prenait l’alternative, au premier, une demi-lame, avis, salut ; au dernier, une entière foudroyante, deux oreilles.

Manuel Escribano (noir et or), au deuxième, une entière, une oreille ; au quatrième, une entière, une oreille avec forte pétition de la seconde.

Emilio de Justo (noir et or), au troisième, une entière, une oreille ; au cinquième, un pinchazo, une entière, silence.

Présidence. Président Christophe Robin (Cercle taurin bayonnais), assesseurs, Bertrand Adoue (cercle taurin bayonnais) et Benoît Bacot (Cercle taurin bayonnais).

Alternative Alejandro Mora

Alejandro Mora repart de Bayonne avec deux oreilles pour sa corrida d’alternative. Coupées à son second toro, mais détaché du poids de responsabilité de l’alternative, il a donné un belle leçon de tauromachie. Pour lui, cette course avait commencé avec un tercio de cape où l’essentiel de son travail fut de sortir le toro des « tablas ». Puis vint l’heure de la cérémonie… avec l’officiant, Manuel Escribano , le témoin Emilio de Justo et pour certifier, son oncle, Juan Mora en costume trois pièces.

Une cérémonie, différente de beaucoup d’autres et dont l’importance a dû peser sur les épaules du garçon. On le sentait crispé dès ses premières passes de châtiments, même s’il prenait le large dans de longues séries sur la main droite, terminées à gauche avec de spectaculaires pechos. Une faena avec d’excellents moments, mais il eut le tort de faire durer. Malheureusement il tua mal.

Mais pour conclure, avec le sixième, ce fut un torero totalement transfiguré qui apparut sur le sable des arènes. Très vite, après avoir brindé au public, il entre dans la faena et lance une très longue série à droite qu’il remate à la perfection, d’un pecho de maître. Il paraît avoir tout dit, mais le toro retrouve un fond de force et lui conteste sa domination. Le soldat Alejandro Mora repart au combat et s’impose définitivement par une dernière série sur la main gauche. Son estocade est fulgurante.

Manuel Escribano, venait à Bayonne pour remplacer Daniel Luque. Contrat parfaitement rempli… qu’il dépliait par une première larga à genoux avant de prendre les banderilles. Une jeu où il excelle, gratifiant son public d’un premier quiebro qui fit se lever les arènes. A la muleta il n’y avait pas grand-chose à lui reprocher dans ses belles et longues séries sur les deux mains. Rien à contester à l’acier avant que ne tombe un trophée. Il voulait revenir encore plus fort et il monta d’un cran avec une porta gayola qui ouvrait un tercio de cape volontaire, mais parfois chiffonné. Dommage.

Son dernier toro de la course il le dédia à Juan Mora à l’issue d’un nouveau tercio de banderilles éclatant d’émotions. Maintenant il accrochait le cœur des spectateurs par une série de passes de la droite, dessinées à genoux, au centre de la piste… Il allait poursuivre par un enchaînement de naturelles, esthétiques, données avec lenteur et profondeur. Manuel Escribano avait dit l’essentiel de son art…

Il n’y a pas grand-chose à reprocher à Emilio de Justo, il fut souvent trop sage, auteur d’un tauromachie très classique. Tout le monde a apprécié ses naturelles sculpturales. Avec son second toro il insista sur ce style… mais cette fois sans grand conviction. On avait l’impression que le torero s’ennuyait. Pourtant son toro paraissait séduisant.

Avec la sortie en triomphe de Manuel Escribano, accompagné sur les épaules des porteurs par Alejandro Mora, cette dernière course a donné une nouvelle dimension à une feria qui avait dû affronter au milieu de son déroulement une météo compliquée. Tout se termine parfaitement laissant augurer une excellente prochaine édition.

texte : Jean-Michel Dussol et photographies Bruno Lasnier.