Par Antonio Arévalo

Dimanche 1 octobre. Lleno de no « hay billetes ». Température estivale. Trois toros de Garcigrande (1, 3 et 5) et trois de Domingo Hernández (2, 4 et 6), corrects de présentation mais manquant de caste, de gaz et de fond.

El Juli silence et oreille avec pétition de la seconde.

Sébastien Castella silence et silence.

Daniel Luque deux oreilles et saluts après pétition.

Quelle capacité, celle du maestro de Gerena ! Il a brindé son premier toro à El Juli et son second à Paco Ojeda, tout un symbole. Daniel Luque est impressionnant de maîtrise technique, avec cette science déroutante et captivante dans la lignée du torero madrilène, avec un sentimiento personnel, cette esthétique éblouissante et très andalouse. Il interpella le public lors d’un quite au premier toro de Castella avec trois véroniques et une demie ensorcellantes.

Son premier toro de Domingo Hernández le chercha à la cape du côté gauche et manqua, comme l’ensemble de ses frères ou apparentés, de fond. Mais Daniel lui offrit une faena délicate et très mesurée. Début de faena qui mit la Maestranza debout avec des trincheras, des passes aidées par le bas et une de poitrine infinie. Du côté droit il lui imposa la « ligazón » et quand il prit la main gauche, le toro sembla oublier ses mauvais penchants et les naturelles furent magnifiques, malgré l’incertitude que provoquait le toro. Suivirent des passes plus profondes et quand le toro déclina, Luque lui imposa de judicieuses luquesinas. Faena vécue avec intensité et couronnée d’une bonne estocade. Deux oreilles sans contestation.

Le dernier de la course manquait de transmission, de classe, il y eut de bons passages, une lidia intelligente et si l’épée, efficace, était tombée moins sur le côté, Daniel aurait probablement coupé l’oreille et serait sorti par la Porte du Prince.

C’était son retour, après quelques jours d’absence suite à ses séquelles après le coup de corne du Puerto, et même s’il n’est pas complètement rétabli, il est là et cette prestation avant Madrid samedi prochain est de très bon augure.

Evidemment, cette corrida restera surtout dans les annales pour avoir été la dernière du grand maestro madrilène  Julián López « El Juli ». Pas gâté par ses toros, qui n’ont certainement pas été à la hauteur de l’événement, en particulier le premier très mauvais et décasté.

Julián a toujours eu une relation très étroite avec le fer de Garcigrande et une longue amitié avec Justo Hernández mais aujourd’hui les toros ne furent pas au rendez-vous. Face au quatrième, le dernier toro de sa carrière, il provoqua les clameurs de la Maestranza en le recevant à genoux au centre de l’arène pour une larga cambiada parfaitement maîtrisée suivie d’arrogantes véroniques. Le toro était fade mais le Juli, lors d’une faena très technique, plus pour l’aficionado que pour le grand public, parvint avec maestria à prolonger ses charges.

Julián coupa une oreille avec pétition de la seconde, après une estocade sans véritable engagement et de côté. Contrairement à ce que souhaitaient certains, El Juli sortit à pied des arènes et non par la porte du Prince. Un détail, encore un, de la toreria, du « señorio » d’un des toreros les plus importants des dernières décennies.

Sébastien Castella, venu remplacer Morante, nous ravit avec quelques détails mais ses prestations ne furent pas à la hauteur de celles d’hier. Très bien à la cape à son premier, qu’il toréa à genoux par véroniques avec un relâchement total. Belle concurrence avec Luque lors des quites. Mais le toro, qui promettait beaucoup, s’éteignit trop vite et la faena ne put prendre son envol. Comme au cinquième, qu’il reçut à « porta gayola », ce qu’il a très rarement fait dans sa carrière, en tout cas je ne lui ai jamais vu le faire, mais Castella fut confronté à un toro manso, distrait, qu’il réussit à interesser par moments dans l’indifférence du public.

Corrida avec l’ambiance des grands jours et un détail qui m’interpelle : « El Juli » est parti, mais il ne s’est pas coupé la « coleta ».