Dernière de la San Ignacio 2023. AZPEITIA.

Il y a quelques jours El Juli, l’un des toreros les plus puissants de ces dernières décennies et de ceux qui comprennent le mieux les toros, annonçait sa retraite. Daniel Luque a prouvé, une nouvelle fois cette saison, qu’il a non seulement sa capacité, réservée aux plus grands, mais aussi une tauromachie d’une sublime beauté qui est en train de conquérir tout l’univers taurin. 

Le cinquième, un bon toro de La Palmosilla, réticent à la cape, ne put que se soumettre au temple ensorcelant du Sévillan. Faena construite en crescendo, une invitation à la douceur impossible de refuser, qui permit au toro de faire émerger le grand fond de noblesse qu’il portait en lui. Un toreo tout en caresse, avec des muletazos exquis des deux mains et de très longues passes de poitrine. Il mit le public debout et coupa deux oreilles incontestables. Devant son premier, très faible, il fit un travail d’orfèvre pour éviter que le toro ne tombe. Faena très technique mais le manque de transmission du toro était évident, malgré le talent de Luque. Il salua une ovation après une bonne estocade. Sa régularité, celle d’une grande figura, est impressionnante. Régularité aussi dans le triomphe qui en fait le concurrent le plus direct de Roca Rey pour prendre les commandes de la Fiesta.

J’ai adoré Juan Ortega à son premier. Il ne ressemble à personne et ses véroniques furent d’une lenteur, d’un parfum rare. Et son début de faena, ses trincheras, de véritables monuments, une ode à la poésie, au « quejio » le plus profond, suivi de quelques naturelles, isolées certes, mais langoureuses et plusieurs derechazos, manquant aussi de continuité, pour les plus fins palais. Curieux, mais le public d’Azpeitia, qui avait vibré avec son toreo de cape, l’applaudit timidement et me sembla froid par rapport à ce qui se déroulait en piste. Etait-ce la faiblesse du toro qui les dérangeait? En tout cas, voir Juan Ortega est souvent, plus souvent que certains ne le disent ou le pensent, un régal pour l’aficionado. 

Le dernier n’avait pas une passe et le torero andalou n’en livra aucune. 

Paco Urena fut confronté en premier à un sobrero du même élevage, allègre, vif dans sa charge, noble mais faible sur pattes. Faena templée, propre, efficace, un peu trop longue et manquant à mon avis de sentimiento. Devant le quatrième, le torero de Lorca se montra insistant, tenace, plût au public mais, une nouvelle fois, fut trop long et surtout échoua à l’épée, ce qui lui empêcha de couper un probable trophée. 

Azpeitia. 1 août. Lleno de « no hay billets ». 6 toros de La Palmosilla, inégalement présentés, certains trop anovillados et manquant de tête, en général faibles, trop faibles, les meilleurs du lot le premier, sorti en sobrero, noble et le cinquième noble lui aussi  et avec une plus longue charge. Il reçut une ovation à l’arrastre. 

Paco Urena saluts et silence après avis. 

Daniel Luque saluts et deux oreilles. 

Juan Ortega saluts et silence. 

Daniel Luque est sorti à hombros. 

Texte : Antonio Arevalo

Photographies : Bertrand Caritey

Deux professionnels…et depuis longtemps. Merci à eux pour leur collaboration.