Nîmes. 28 mai. Quatrième de feria. Lleno. Température très agréable.

6 toros de Nuñez del Cuvillo, commodes de présentation, pratiquement pas piqués, certains nobles mais sans tranmission, sosos.

Morante de la Puebla deux oreilles et saluts.

Manzanares oreille et saluts.

Alejandro Talavante saluts et oreille.

La corrida est une question d’équilibre et si la balance penche trop d’un côté elle perd sa substance. On voit souvent à Madrid un toro disproportionné, choisi davantage pour son apparence et son poids, ses armures que par la lignée dont il provient et la morphologie correspondant à son encaste.

 Il en résulte un spectacle parfois héroïque mais souvent décevant. Le contraire va lui aussi au détriment de l’émotion et du toreo.

La peur, la crainte de l’animal doit être partagée sur les gradins et si elle disparaît la corrida devient light, superficielle, même si les toreros sont excellents.

    Morante de La Puebla fit une belle faena à son premier, sans un seul accroc, avec de bons muletazos, parfois de l’inspiration mais face à un animal dont le danger paraît absent, un collaborateur noble mais sans caste, à la présentation trop agréable, l’intensité du toreo se perd. Le public, en tout cas une grande partie et les partisans fervents de Morante, n’en tirent pas compte et le maestro de La Puebla coupa deux oreilles de bon ton. Son suivant tenait à peine debout, Morante parvint à éviter ses chutes et guère plus. Néanmoins, il reçut une ovation.

Manzanares coupa une oreille à son premier pour une faena avec quelques bonnes séries, qui alla « a menos » mais fut conclue d’une foudroyante estocade. On le récompensa d’une oreille. On en demanda une autre pour une faena anodine, devant un toro anodin de Nuñez del Cuvillo, mais une nouvelle fois rematée d’une grande estocade.

Talavante fit un très beau quite au second toro par gaoneras et salua à son premier. La faena, ainsi que le toro, débutèrent avec entrain mais tout se dilua très vite.

Il reçut une oreille à son dernier, un toro avec une belle robe « jabonera », noble mais d’une suavité lassante. Il manqua à Alejandro plus d’ajustement, à s’accorder davantage. Cependant, une présidence excessivement généreuse lui accorda une surprenante oreille après un « mete y saca », pinchazo et estocade.

Où est donc ce milieu, cet équilibre si difficile à trouver dans le choix des toros ? Peut-être quelque part entre Vic et Nîmes.

Par Antonio Arévalo Photos : Alain Damie