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La Musique Taurine dans tous ses états

Interview au travers trois chefs d’orchestre

Dernière interview avec Jean Garin chef d’orchestre de l’Harmonie de la Néhe à Dax

Pouvez-vous d’abord nous présenter l’harmonie de la Néhé de Dax ainsi que vous ?

J.G : Si vous le permettez je voudrai corriger en rappelant que ce n’est pas l’harmonie de la Nèhe mais l’orchestre d’harmonie la Néhe. Pour ma part, je suis tromboniste de formation et j’ai longtemps joué des différentes flutes indiennes. J’ai été professeur de formation musicale au Conservatoire de Dax et de Bayonne. Je suis également compositeur et arrangeur. Je dirige la Nèhe depuis 1999.

La Nèhe est une formation amateur composée de 80 musiciens. Nous avons un répertoire très varié : musique classique, Jazz, musique du monde, Sud-américaine, musiques de films et un répertoire conséquent de pasos et de musiques espagnoles. La Nèhe est la musique officielle des arènes de Dax et elle donne des concerts pour la ville de Dax mais également dans la région Aquitaine et en Espagne.

On va entrer dans le vif du sujet, quelle est la meilleure musique pour un paseo ?

J.G : La meilleure musique je ne sais pas. Chaque arène a son morceau de musique pour le paseo et c’est en général une marche…normal pour un paseo ! A Séville c’est bien évidemment La plaza de la Real Maestranza, ailleurs on entend, Pan y Toros, la Entrada, etc… A Dax nous jouons Flor española.

Nous allons changer de tiers, quelle est la difficulté de jouer un morceau de musique lors d’une
corrida ?
J.G : Il n’y a pas forcément de difficultés. A Dax nous cherchons plutôt le paso qui s’adaptera le mieux au style de tauromachie du maestro en piste. Il n’y a pas de vérité mais le tempo et le volume sonore sont très important. La musique dans l’arène ne doit pas prendre le pas sur le travail en piste. Elle ne doit jamais gêner le matador, elle doit juste l’accompagner dans sa tauromachie en donnant peut-être au spectacle encore plus d’émotion.

Une faena dure dix minutes, quel est pour vous le bon moment pour lancer la musique ?

J.G : C’est la Présidence qui commande et nous respectons sa volonté. En général c’est à la 3e ou 4e série de muleta que se décide si la musique est méritée et doit commencer.

La musique est source d’émotion, mais lors d’une faena n’amplifie-t-elle pas exagérément celle ci ? ?

J.G : Il y aura toujours les pour et les contre au sujet de la musique pendant la faena. N’en déplaise à chacun, seule la Présidence décide. Il faut reconnaître que dans tous les moments inoubliables de tauromachie dans les arènes de Dax, la musique était associée à ces moments d’émotion. Pour preuve, nous avons souvent vu des matadors remercier la musique après une faena réussie (Cano, Rincon, Luque, Manzanares, Ponce, Juli et tant d’autres…)

Pour finir quel est votre paso préféré ?

J.G : Il y a beaucoup de pasos taurins magnifiques. S’il fallait en citer certains je dirai, Amparito roca, Suspiros de españa, Plaza de españa, Concha flamenca…mais également des pasos que j’ai composé comme Isla mia, Juan Leal, El Faraon de camas, Adorno, etc…

Je remercie Jean Garin d’avoir accepté de participer à l’interview . Au travers ces trois interventions nous venons de voir un autre regard sur un élément d’une corrida. Chaque aficionado a son opinion sur le sujet et continuera à faire débat lors des tertulias.

Nicolas Couffignal

La Musique Taurine dans tous ses états

Interview au travers trois chefs d’orchestre

Seconde interview du trytique des chefs d’orchestre avec Mathieu Larrieux des Armagnac d’Eauze

Pouvez-vous Mr Larrieu présenter les Armagnacs ?

M.L Née en 1954, la banda les Armagnacs est une des premières bandas françaises. C’est en
effet dans les années 50 que cette tradition de musique de rue inspirée d’Espagne a
commencé à voir le jour outre Pyrénées, d’abord dans le sud-ouest. C’est la banda comico-
taurine de Valencia « El Empastre » qui a inspiré à l’époque les initiateurs de notre groupe.
Depuis, des centaines de musiciens ont portés le canotier, symbole de notre groupe au fil du
temps. J’ai l’honneur d’être aujourd’hui le sixième chef à guider ce merveilleux groupe dont
la spécialité reste essentiellement la musique espagnole et plus particulièrement le
pasodoble.
  L’année 2024 marquera le 70 ème anniversaire de notre formation. Après la sortie l’an dernier du livre « Banda Les Armagnacs, 70 ans de musiques en fête » retraçant notre histoire, nous préparons pour cette année anniversaire plusieurs occasions de nous produire en France ou en Espagne et de partager quelques beaux moments avec nos publics. En plus de la
temporada classique (Aignan, Vic, Eauze, Dax…) l’année 2024 sera marquée par des
concerts délocalisés (23 mars à Maubourguet, 24 mars à Barcelone-du-Gers, 27 juillet à
Estang), des déplacements à Burgos pour les Fiestas de San Pedro y San Pablo et à Séville
pour la Feria de Abril, un stage de musique taurine ouvert aux musiciens locaux, et pour finir,
un Festival de Musique le week-end des 12 et 13 octobre.

Nous allons changer de tiers, quelle est la difficulté de jouer un morceau de musique lors d’une
corrida ?

M.L L’accompagnement musical d’une corrida représente une responsabilité importante qui impose aux musiciens, et surtout au chef d’orchestre, de comprendre ce qui se passe en piste et d’avoir une certaine afición. L’orchestre des arènes est finalement le seul acteur à pouvoir s’immiscer dans le silence du duel toro-torero et c’est ce statut particulier qui lui impose une parfaite maîtrise de la situation. Mais pour autant, il ne faut pas inverser l’ordre des priorités sous peine d’oublier l’essence même de la corrida. Le premier acteur est avant tout le toro. Vient ensuite le torero qui, par son intelligence, sa technique et son art va comprendre et dominer l’animal. Vient enfin le troisième acteur qu’est la musique et qui va sublimer le tableau en apportant une dimension poétique.

Une faena dure dix minutes, quel est pour vous le bon moment pour lancer la musique et n’amplifie-t-elle pas une émotion superficielle ?

M.L Une belle faena peut en soi se suffire à elle-même dans le silence du ruedo comme c’est le cas à Madrid. Mais en tant que musicien, je pense que la musique apporte une autre dimension qui rajoute de l’émotion, à condition bien évidemment que soient réunis un ensemble d’éléments tels que le bon choix du morceau, le moment où il intervient dans la construction de la faena, l’adéquation entre le tempo de la musique et le temple du torero… Autant de facteurs incertains qui se rajoutent aux incertitudes liées à l’animal et qui font que cette fusion, lorsqu’elle fonctionne, est d’autant plus merveilleuse. Rien n’est écrit ni acquis à l’avance et c’est cela qui fait la magie du moment. Si à Séville l’initiative de démarrer la musique incombe au chef de la Banda Maestro Tejera, dans la plupart des arènes c’est le président qui décide de rajouter ou non cet accompagnement musical. Si certains assesseurs attendent de manière parfois idéologique une série à gauche pour lancer la musique, il n’y a en réalité pas de règle sur le sujet si ce n’est que le ressenti du moment. Qu’elle soit enclenchée dès la première série ou tardivement, elle doit de mon point de vue, pouvoir être arrêtée à tout moment si la symbiose n’opère pas ou si l’intensité de la faena baisse. Encore une fois, si de duel fondamental toro-torero ne fonctionne pas, on ne peut attendre de la musique une quelconque aide pour améliorer les choses.

Pour finir quel est votre paso préféré ?

M.L Je n’ai malheureusement pas le courage nécessaire pour me mettre devant un toro de combat mais dans mes rêves les plus fous, je suis capable de triompher avec un Miura sur l’antique pasodoble Ragón Fález !

Merci Mathieu Larrieu d’avoir consacré du temps à cet échange . Le dernier opus de cette trilogie va être l’interview de Jean Garin chef d’orchestre de l’Harmonie de la Néhé de Dax.

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