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Session du Sud-Ouest à Bayonne du CPAC de la   FSTF entre  hommage et  transmission

La Fédération des Sociétés Taurines Françaises (FSTF) réunit aujourd’hui, dans le local du Cercle Taurin Bayonnais, les sessions du Sud-Ouest du corps des présidents de corridas. Ce lieu a été choisi afin de rendre hommage à Roger Merlin, membre respecté de la FSTF, pour son implication remarquable dans la cause taurine. 

Au programme des échanges : la mise au point d’une grille d’aides destinée aux présidences, une initiative pour accompagner les présidents de corridas dans leurs responsabilités.  

Sous la direction de Thomas Thuries, cette  session reflètent un engagement fort envers l’avenir de la tradition. La présence de jeunes participants marque une volonté affirmée de préparer la relève et de pérenniser les valeurs taurines.  

Cet événement, placé sous le signe de la mémoire et du renouveau, symbolise l’attachement de la FSTF à la fois à ses racines et à son futur.

Texte et photo Nicolas Couffignal

CAMPO : TIENTA CHEZ HERMANOS SAMPEDRO.

La ganaderia Hermanos Sampedro a été fondée par l’arrière-grand-père des ganaderos actuels qui a acheté à Juan Pedro Domecq un lot de vaches de l’encaste originel associant Veragua et Conde de la Corte. C’est ce qui explique qu’on voit encore resurgir dans les pâturages des animaux à la robe berrenda (comme ci-dessus). L’encaste a été protégé et l’élevage est aujourd’hui le plus proche de l’origine Juan Pedro.

Pelea de novillos à la ganaderia Hermanos Sampedro, le 13 mars 2025. ©JYB

Le lot de novillos bien faits, vendu (mais la destination n’est pas précisée), se montre plein d’agressivité sous la pluie à l’heure du repas.

Vache de Hermanos Sampedro tientée le 13 mars 2025. ©JYB

3 vaches sont prévues pour El Rafi, Nino Julian et Clément Hargous :  les 3 vont montrer noblesse et caste en s’employant au cheval et il sera bien difficile au ganadero de décider laquelle ou lesquelles il conserve ou envoie au matadero. Pour la plupart des spectateurs, les 3 pouvaient devenir mères.

Pique de la 3 ème vache de Hermanos Sampedro qui pousse au cheval le 13 mars 2025. ©JYB
El Rafi en circulaire inversée devant une vache de Hermanos Sampedro, le 13 mars 2025. ©JYB

Mais Fernando Sampedro ne décide jamais à chaud : il visionne les vidéos de ses tientas et consulte les arbres généalogiques de ses vaches avant de prendre une décision réfléchie à froid. Il a quand même écouté ce qu’avaient à lui en dire El Rafi et Nino Julian.

Tertulia de fin de tienta entre Fernando Sampedro et El Rafi, le 13 mars 2025. ©JYB
Naturelle d’El Rafi à une vache de Hermanos Sampedro, le 13 mars 2025. ©JYB

Les 3 toreros se sont montrés a gusto avec ces 3 vaches multipliant les suertes et les adornos.

Doblon de Nino Julian, à une vache de Hermanos Sampedro, le 13 mars 2025. ©JYB

Patrick Varin les a conseillés sur des détails, leur permettant de s’exprimer et de profiter d’une tienta de grande qualité, malgré la pluie et la boue de la placita.

Clément Hargous en naturelle devant une vache de Hermanos Sampedro, le 13 mars 2025. ©JYB

JY Blouin https://facealacorne.fr/

Tristan Barroso : Un Retour aux Sources dans les Landes 1er partie

De retour dans les Landes, Tristan Barroso, futur matador de toros, a partagé des moments privilégiés entouré de ses proches et amis. Vendredi soir, il a captivé l’audience lors d’une conférence à la Peña Alegria de Dax. Dimanche matin, il a prends part à un tentadero à la Ganadería La Espera, organisé par Toros de Landia. Un week-end retour au source du novillero.

Il arrive saluant plusieurs personnes et leur disant quelques mot Tristan est toujours la même personne. On peut noter la présence de son apoderado dont il est très fier.

Le président de la peña accueille les participants avec un discours. Ce soir, ce sont Philippe Lalanne et Frederic Ciutad qui officient pour les questions. Le public étant nombreux, Philippe aborde le lien entre la peña et Tristan, rappelant son implication lorsque celui-ci exécute des passes à la cape dans l’impasse.

Tristan explique l’origine de sa passion, révélant qu’il commence par le rugby. À 9 ans, il effectue son premier contact avec Richard Millan, qui lui enseigne les bases du métier, notamment « devenir un homme et les difficultés du métier ». Suivent ensuite les capéas et son départ vers l’école taurine de Badajoz pour se préparer à devenir figura del toreo.

Les écoles taurines créent une compétition entre élèves où le respect s’acquiert devant le toro. La succession de sa jeune carrière de novillero se déroule dans les plus grandes arènes d’Espagne entre autres. Un long moment est consacré à la novillada piquée de Mont-de-Marsan, où Tristan estime avoir réalisé la meilleure faena de sa jeune carrière et ce qu’il aspire à exprimer ultérieurement en tant que matador et pourquoi pas une figura del torero .

Sa blessure le fait vivre un ascenseur émotionnel, entre l’espoir de passer son alternative, l’entraînement, la douleur et la rééducation pour une alternative à Dax qui semble illusoire mais précipité pour Saragosse. Tristan estime que Dax est le bon moment.

En ce qui concerne l’avenir, Tristan prévoit de prendre son alternative avec deux Français : l’un est une figure actuelle de la tauromachie française et l’autre est un aspirant à ce statut. Il espère les retrouver lors d’autres événements. Il souhaite également revêtir son costume d’alternative dans la ville thermale de Dax, où son alternative aurait dû avoir lieu. Entre 8 et 10 contrats l’attendent en France et en Espagne.

Frederic Ciutad pose des questions sur le jeune homme et le torero, sur comment il peut avoir 20 ans et mener une vie différente de celle de ses pairs. Malgré tout, Tristan est heureux de sa vie en attendant de devenir figura del torero. Philippe Lalanne interroge sa grand-mère, présente dans la salle, sur son ressenti. Le soutien des proches est essentiel, bien qu’une forme d’égoïsme soit également présente. Tristan est conscient de l’inquiétude de ses proches lorsqu’il participe aux corridas.

Quelques échanges informels avec les membres de la peña et les amis en attendant le tentadero de dimanche à la Ganaderia La Espera.

Photo et Texte Nicolas Couffignal

« Tardes de Soledad » et de déception…

Vu par Jean Dupin

Samedi dernier le public jerezano était convié à la sortie du dernier film taurin dont on parle le fameux « Tarde de soledad » auquel participait le matador Andres Roca Rey et sa cuadrilla. Nous étions nombreux à l’entrée du cinémas toreros et anciens toreros élèves des écoles taurines et aficionados de longue date. Pour ma part je rentrai dans la salle de projection en compagnie de mon ami Soto Paula ancien torero, cousin germain du grand Rafael, avec qui je partage souvent durant les corridas , je ne connais guère de meilleur connaisseur du toro bravo.

Tout commençait pour le mieux avec de gros plans sur le roi de la dehesa dans son environnement au campo, le souffle puissant sous la lune belles images ! Et par la suite : rien, un film entièrement en gros plans plus sanglants les uns que les autres. Du sensationnalisme à bon marché . Des « puyas » déchirant la chair mieux que ne les voit le picador lui même, des estocades à fleur de peau (souvent défectueuses) de longues agonies sous la puntilla. Jamais le réalisateur ne montre une passe entière ni un mouvement complet. Tout ce qui est l’art dans la tauromachie est passé sous silence. Soto Paula à mes côtés ne peut s’empêcher de s’exclamer « Quelle horreur !» . Pour ma part il m’a été donné de puntiller quelques toros et je vous assure c’est bien moins terrible que ce qui nous est donné à voir.

La sortie de la projection ressemblait à la sortie de ces mauvaise corridas où rien ne s’était passé comme on l’aurait souhaité. Mines tristes et têtes basse nous tirions nos premières conclusions unanimes. Tout d’abord Tarde de Soledad n’apporte rien à un aficionado, peut être même pourrait il dégoûter de la tauromachie. Et Roca Rey, parodiant le Scapin de Molière, qu’allait-il faire dans cette galère ? Je crois que lui même s’en mord encore les doigts. La question que nous nous nous sommes tous posés : ne serait-ce pas encore une manœuvre des anti taurins . Ce film leur est bien plus destiné qu’à nous.

Jean Dupin

L’indispensable des aficionados

Depuis dimanche dernier, le très attendu Calendrier de l’Acoso 2025 est enfin disponible. Ce livret, qui réunit tous les événements taurins du sud-ouest, est un véritable trésor pour les passionnés de tauromachie.

Cette année, c’est Julio Norte qui fait la couverture, apportant une touche d’élégance et de tradition à ce guide incontournable. Que vous soyez un habitué des arènes ou un curieux, ce calendrier est l’outil parfait pour ne rien manquer des rendez-vous taurins de la région.

Nicolas Couffignal

Capea matinale de Magescq : Les apprentis à l’épreuve de la Ganadéria de l’Armagnacaise


Ce matin, à Magescq, la capea lance la saison taurine landaise, mettant en lumière Adour Aficion, l’école taurine du département, qui prépare les futurs matadors avec passion. Le public représentait un tiers des arènes. Le bétail provenait de la Ganadéria de l’Armagnacaise et permettait aux apprentis de s’exercer sans difficulté.

Jules accueille la vache avec élégance. Cette dernière, malgré une charge courte, complique les choses pour Maxence. Mael prend alors la muleta en main et le maestro le compare à Cassius Clay.

Jules exécute de belles naturelles, et les derechazos sont réalisés avec allégresse. Les applaudissements du public résonnent dans l’arène. Maxence, avec son niveau, réussit également à obtenir les applaudissements du public. Jules et Maxence exécutent les dernières séries avant de la rentrer.

Le second taurillon présente un trapio légèrement supérieur. Maxence sort en premier et réalise une série de chicuelinas, suivie d’applaudissements du public. Ensuite, Jules et Marine enchaînent avec une série de Al Lemon. Richard Millian félicite Maxence à la muleta. Le taurillon, avec une belle charge, pose des difficultés à l’apprenti. Gael se débrouille mieux que devant la vache. Le Maestro tient des paroles élogieuses envers Jules, qui exécute une série de Luquesinas pour finir par un desplante.

Photos et Texte Nicolas Couffignal

Hugo Tarbelli brille à Magescq avec trois oreilles

À l’abri de la chaleur des arènes couvertes de Magescq, la seconde novillada non piquée de la temporada approche. On garde un bon souvenir de la Ganaderia El Palmeral l’an dernier à Saint-Sever. L’encaste Atanasio exige des novilleros aguerris. Andy Martin, triomphateur à Hagetmeau, et Hugo Tarbelli, victorieux à Rion des Landes lors de la novillada non piquée matinale et désormais à l’école taurine de Navas Del Rey, seront présents. Pour finir, David Gutteriez de l’école taurine de Badajoz, vainqueur de plusieurs bolsins en Espagne, complétera l’affiche.

Fiche technique

President : Cyril Pinsolle

Public : 8/10

Musique : La Mi Sol de Castets

Andy Martin Afap  de Nîmes : avis et Silence /Silence

Hugo Tarbelli Ecole Taurine Navas Del Rey : une oreille et deux oreilles et avis prix de l’Acoso

Diego Gutteriez Ecole Taurine de Badajoz : Silence et Silence deux avis prix Bernard Menard

Le club taurin de Magescq prononce un discours en soutien à la mariposa de Vieux-Boucau avant le paseo, accompagné d’applaudissements chaleureux. Le lot de becerros, âgés de deux ans, présente une homogénéité remarquable. Cependant, on observe chez eux une certaine distraction ainsi qu’un manque de caste.

Andy Martin

Dès les premières passes à la cape, Andy démontre une maîtrise de la cape laissant à Hugo Tarbelli de quoi faire une série de chicuelinas. La faena commence par des doblones, à la muleta, une série de derechazos qui monte à mas . Malgré des moments forts, certains passages manquent de profondeur, laissant le public sur sa faim. Le becerro a mis le novillero à l’épreuve, notamment sur les passes naturelles, exigeant précision et sang-froid. La deuxième série de passes à droite a été mieux structurée, témoignant de l’adaptabilité et de l’apprentissage rapide d’Andy Martin. La faena s’est clôturée avec un pinchazo suivi d’une estocade entière. L’avis tombe après l’épée.

Second becerro pour Andy Martin. Larga et domination du novillero sur le becerro à la cape. Nouveau quite de Hugo Tarbelli. Brindis aux areneros. Les premières séries de derechazos sont appliquées et avec de la profondeur, le public apprécie. Le becerro est compliqué sur les naturelles. Un manque d’alegría et quelques applaudissements d’encouragement. La seconde série de naturelles est meilleure. Le public n’exprime pas d’émotion. Précipitation lors de la première tentative à l’épée. Les clarines font retentir l’avis. La dernière épée est basse. Silence retenti.

Hugo Tarbelli

Dès le début, il a exécuté une série de passes à la cape avec joie et assurance, captivant le public. Il a terminé cette série par une rebolera, ce qui a suscité des applaudissements nourris de la part du public. Le novillero ensuite pose les trois paires de banderilles Pour montrer son respect et son engagement, il dédie sa faena au public local. Au centre de l’arène, il entame sa faena à genoux qui captive les spectateurs. Tout au long de la faena, il a montré sa domination sur le jeune taureau à travers une série de derechazos maîtrisés. Le public est absorbé par sa prestation, ses passes naturelles sont exécutées avec une profondeur. Lors des dernières séries, il est désarmé et accroché. La faena s’est conclue avec succès lors de la première tentative à l’épée, qui a été entière et légèrement en arrière. Hugo Tarbelli propose une approche différente de son précédent becerro à la cape, le public qui le soutient applaudit.

Il répond au quite de David Guttierez avec brio. Vuelta de campana du becerro. Jolie pose de banderilles de Jeremy Banti et Alexis Ducasse. Brindis à Jean Baptiste Molas. Il commence à genoux des derechazos. Il exige trop du becerro qui tombe. Les naturelles expriment de la profondeur et de la douceur. Il se fait accrocher la muleta sur les suivantes. Le becerro charge de loin. Comme sur le précédent, sa faena porte sur le public. Une continuité dans son engagement et efficacité à l’épée comme Ramos dans les coups de pied.Le becerro tarde à tomber l’avis retenti et il utilise le descabello. Applaudissements nourris du public.  Deux oreilles.

David Guttierez

Le novillero exécute avec douceur à la cape une faena qui se termine par une rebolera. Quitte Andy Martin avec quelques applaudissements. Brindis au public du novillero. Début de faena classique par des passes par le bas que le public remarque, en plein centre. Le becerro, dans le vuelo pour les derechazos ; le reste de la faena est sur le passage. Il se fait prendre sur la première série de naturelles car il n’amène pas le becerro assez loin. Le becerro est meilleur à gauche qu’à droite. Le novillero insiste sur les derechazos. Il finit avec des manoletinas. L’épreuve du fer se conclut par trois pinchazos, un avis et une estocade légèrement en arrière.

Le dernier becerro est applaudi à la sortie du toril. Le novillero est appliqué. Il se fait prendre car le becerro a une charge courte. Le becerro a du gaz. La seconde série de derechazos est plus appliquée. Les naturelles sont meilleures que sur le précédent becerro, la faena va à plus. Ces séries amènent plus de profondeur. Difficultés à placer le becerro pour le tuer, l’avis résonne. Belle épée entière, bien placée du novillero. Le second avis sonne et des difficultés au descabello.

Texte Nicolas Couffignal et photos Bertrand Caritey

EL SORO A PARIS

C’est une des richesses du Club Taurin de Paris, de ne pas se contenter d’inviter les gloires médiatiques du moment, mais de rendre hommage à ceux qui ont fait vivre la corrida et méritent de laisser leur trace sur le « wall of fame » du monde taurin.

C’est à ce titre, que Vicente Ruiz El Soro était l’invité du CTP en ce 4 mars, et l’on peut dire qu’il n’a pas déçu !

En le présentant, Nicolas Havouis le décrit comme un homme qui a fait des folies ! Mais surtout comme un torero populaire, en remarquant qu’en Espagnol, pueblo signifie à la fois peuple et village. D’où l’amour qui dure depuis toujours entre El Soro et le peuple de Foyos son village natal.

Cartel de la corrida de Caceres, du 29 mai 1983.

Il souligne qu’El Soro est un torero majeur des années 80-90 et un des plus grands banderilleros de l’histoire taurine : en témoignent ses cartels avec Espla, Mendez, Morenito de Maracaï et Nimeno. C’est un modèle d’alegria en tauromachie qui a survécu à d’innombrables blessures et réussi à surmonter la destruction de son genou dans les arènes pour revenir toréer après 20 ans de soins et d’opérations.

Il lui attribue la phrase : «  j’aime les paellas mais pour faire ce que j’ai fait, il faut des « cojones » (attributs qui ne sont pas spécifiquement masculins mais parfaitement taurins !)

Cet accueil se termine par un « aurresku » musical offert par Michel Pastre, saxophoniste de jazz bien connu qui sortira de son registre pour enchainer sur un paso doble appris la veille. Visiblement El Soro apprécie et rythme les thèmes de ses battements de mains.

El Soro lui-même prend alors la parole pour évoquer les souvenirs moins de sa carrière de torero que de sa vie : « J’ai 3 amours : Eva (sa compagne), la musique et le toro. » Grâce à ce dernier il a parcouru le monde pendant 20 ans ce qu’il n’aurait pu faire dans aucune autre profession. 

Son père était novillero et devait faire vivre une famille de 9 frères et sœurs.

Dans sa jeunesse, il aimait déjà beaucoup la musique, mais alors qu’il devait jouer avec la banda des arènes, un jour de corrida, il s’échappa car il avait décidé (à 9 ans) qu’il ne voulait plus être musicien, mais devenir torero.

Il a même fait partie d’une troupe de toreros comiques, dans la partie sérieuse.

El Soro au Club taurin de Paris, le 4 mars 2025. ©JYB

Sur sa carrière, pourtant brillante, El Soro n’insiste pas. Il reconnait que ses maitres, les grands banderilleros de son temps, lui ont appris à avoir l’intuition du toro pour maîtriser le deuxième tercio. Il a beaucoup aimé sa profession, travaillé son corps « gordito » (enveloppé) pour pouvoir faire même le recortador et réussir.

Pour lui, dans la fiesta authentique, il y a le toro, lui et rien d’autre. La façon de galoper est le langage du toro mais son regard aussi est un signal. « S’il n’y avait pas de toros, il n’y aurait pas d’artistes et le monde n’existerait pas ! »

Pour rendre hommage à trop de ces artistes qu’il a vus mourir autour de lui, ( Paquirri, Caceres, Montoliu,) El Soro prend sa trompette et, concentré et visiblement ému, joue alors l’Ave Maria de Schubert.

El Soro, musicien plein d’émotion, au Club Taurin de Paris, le 4 mars 2025. ©JYB

Question : Valence est une terre de taurins et de musiciens : quel lien fait-il entre la tauromachie et la musique à Valence ?

Quand il était petit et regardait le ruedo, il voulait être comme Granero torero et musicien. (Granero outre d’être un matador de classe était un violoniste reconnu). L’art est le hasard du torero valencien. Et en hommage aux artistes valenciens, El Soro ressort sa trompette et joue un extrait du Concerto d’Aranjuez de Rodrigo.

Lui-même a connu son lot d’accidents, subissant 62 séjours à l’hôpital dont 49 pour sa seule blessure au genou, et recevant à 3 reprises l’extrême onction. À l’approche de la mort, « on pense à l’amour, à la famille et à Dieu ».

D’ailleurs, « la vie est un rêve » !

Arrivée d’El Soro au Club Taurin de Paris, le 4 mars 2025. ©JYB

Il a dépensé toute sa fortune pour trouver, aux 4 coins du monde, le chirurgien qui lui permettrait de marcher et courir pour revenir dans l’arène : le docteur miracle qui l’a opéré voulait lui couper la jambe ! Son obstination à vouloir re-toréer n’a pour objet que de montrer aux jeunes générations le « bon chemin ». 20 ans après sa blessure, il revient aux arènes malgré son poids, maigrit et s’entraine comme avant et il triomphe en 2015 au cours d’une tarde d’anthologie à Valence où il est allé à porta gayola, assis sur une chaise car il ne pouvait pas s’agenouiller ! Ce jour là, son Mozo de espada refusait de l’habiller car « c’était aller à la mort ». Mais lui voulait encore ressentir 20 ans après, la tension, le toro, le public, les caméras. Même son fils ne voulait pas rester aux arènes, par peur de le voir se faire prendre par la corne.

Question : Vous qui avez affronté la mort, que ressentiez-vous à porta gayola ?

Il est allé très souvent à porta gayola, mais le toro est un  mystère. La suerte de porta gayola est basée sur l’attente, la patience, pour capter son attention au dernier moment.

Une fois, agenouillé devant la porte de la peur, il a vu 2 toros sortir en même temps : lorsqu’on lui a piqué la devise sur le morillo, la réaction du premier a été telle qu’il a défoncé la porte du chiquero voisin et que les deux toros sont sortis ensemble : émotion !

El Soro musicien au Club Taurin de Paris, le 4 mars 2025. ©JYB

En guise de conclusion, El Soro joue « Comme d’habitude » avant d’enchainer avec « Valencia » en duo avec Michel Pastre, sous les applaudissements d’aficionados enchantés.

El Soro avec Araceli Guillaume Alonso, Nicolas Havouis et Patrick Guillaume au CTP le 4 mars 2025. ©JYB

La soirée se poursuivra dans un bar à vins voisin où El Soro signera le livre d’or du Club et appréciera l’enthousiasme des membres du CTP et se pliera volontiers aux obligations de la photo souvenir.

El Soro avec une partie des membres du CTP le 4 mars 2025. ©JYB

Et pour ne pas oublier que Paris est terre d’aficion, rendez-vous dimanche 9 mars à 10h30 au cinéma Arlequin Rue de Rennes pour la projection en avant-première de Tardes de Soledad, en présence d’Albert Serra.

JY Blouin texte et photos https://facealacorne.fr/

Les Cahiers du Cinéma : Un hommage à la culture taurine avec la couverture de Roca Rey pour le documentaire « Tardes de Soledad

C’est une belle mise en avant de notre culture taurine, souvent décriée par les anti-corridas, que propose le magazine « Les Cahiers du Cinéma » avec sa couverture mettant en vedette le torero Roca Rey pour le documentaire « Tardes de Soledad ».

La corrida, autrefois fréquemment traitée au cinéma à une époque où ses détracteurs étaient minoritaires, trouve ici un nouvel élan et un hommage cinématographique.

Aujourd’hui, défendre cette tradition relève du courage, au même titre que d’aller affronter les toros dans l’arène. Ce documentaire nous offre une occasion unique de plonger dans cet univers passionnant et controversé, en montrant le vrai visage de la corrida.

Soyons nombreux dans les salles pour découvrir « Tardes de Soledad » et soutenir ce témoignage culturel important. C’est un moyen de donner une voix à cette pratique ancestrale et de partager une part de notre héritage avec le monde.

Les cahiers du Cinéma 7,90 €

Nicolas Couffignal

LA CORRIDA DE TOROS EXPLIQUÉE À MON AMI MANGEUR DE TOFU

Jean Christian Domergue, auteur de cet excellent livre. ©JYB

Jean-Christian Domergue est d’abord aficionado. Il est aussi un professionnel puisqu’il a longtemps été picador, même si le système fermé d’Espagne ne lui a pas permis d’entrer dans les grandes cuadrillas. C’est surtout un homme d’une culture taurine exceptionnelle, qui connait parfaitement les toros, ayant travaillé dans la ganaderia du Marques de Albaserrada pendant de longues années et qui connait le dessous des cartes de la corrida. Aujourd’hui, il accompagne les visiteurs dans les élevages et leur explique ce qu’ils voient et pourquoi la corrida s’est développée dans une bonne partie du monde, grâce à cet animal exceptionnel le toro brave.

C’est pourquoi, la parution de son livre est un enchantement : d’une richesse et d’une précision exceptionnelles, il analyse, argumente ou explique tous les aspects de la corrida, détruisant au passage bien des faux arguments répandus par les anti-taurins !

4 ème de couverture du livre de Jean Christian Domergue.

Des chapitres brillants de ce récit où alternent les arènes et le campo on retiendra les passages passionnants sur « Pourquoi tuer le toro ? » à l’analyse extrêmement fine et percutante : déconstruction de la notion de tradition en démontrant son caractère utilitaire, analyse des caractéristiques du toro brave, impossibilité de laisser vivre en liberté dans la nature un animal sauvage très dangereux et improductif : en somme « la décision de tuer le toro à la fin d’une corrida… est un acte agricole, technique, pragmatique, dépassionné ». Quant à la forme de la mise à mort : « le toro bravo est le seul animal de rente … dont la mise à mort oblige celui qui tue, à se placer lui-même, en situation d’être tué ».

Autres chapitres brillants, ceux consacrés à la pique et aux banderilles et donc aux blessures du toro. C’est l’occasion d’expliquer ce qu’est la bravoure : le toro brave est le seul animal qui charge et pousse malgré la douleur : « son désir d’écrouler son adversaire est plus grand que sa douleur. Bravura. »

La description du travail du picador par ce grand professionnel est superbe et devrait ouvrir les yeux à beaucoup de ceux qui se contentent de siffler dans les arènes.

La suite est plus classique avec les définitions de qualités et défauts du toro : bravoure, noblesse, caste, mansedumbre, fiereza (sauvagerie), genio, trapio. Suit la description du protocole des arènes depuis le sorteo jusqu’à la sortie en triomphe. Et celle de la vie du campo.

Et ne pas oublier l’œuvre superbe de Jonathan Veyrunes qui parait en couverture !

Couverture du livre de Jean Christian Domergue.

Autrement dit un ouvrage très complet et digne de figurer dans toutes les bibliothèques d’aficionados.

La corrida de toros expliquée à mon ami mangeur de tofu

de Jean-Christian Domergue.

Publié en auto édition aux éditions Nombre 7 à Nîmes.

Pour commander :

https://librairie.nombre7.fr/recit-temoignage/7610-la-corrida-de-toros-expliquee-a-mon-ami-mangeur-de-tofu-9791042702540.html?search_query=domergue&results=2

Jean Yves Blouin https://facealacorne.fr/

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