« Croyez toujours dans la beauté de vos rêves »

Cette phrase tatouée (en anglais) sur le poignet de Thomas Joubert semble être un symbole de sa vie, de son inspiration, de ses aspirations.

Comme il le dit lui-même, il est libre : « si on se met devant un toro de 500 kilos, on est libre de faire comme on veut ! »

Son aficion est née (sans peut-être qu’il s’en doute), vers 3 ou 4 ans quand il regardait à la télé les corridas ou les résumés diffusés par Canal +. Mais c’est aussi de là qu’est venue son admiration pour César Rincon qu’il n’a jamais reniée. Pour lui, Rincon n’est pas seulement un souvenir d’enfance, mais une véritable fusion : il cherche toujours à l’imiter !

Passe du cartucho de pescao en tienta devant une vache de Gabriel Rojas, à la ganaderia le 19 février 2024. ©JYB

Son autre idole est José Tomas, numéro 1 de tous les temps pour sa pureté : jamais de peopolisation, la simplicité en piste et au dehors. Un modèle !

Logiquement, il entre à l’école taurine d’Arles à 12 ans : « être practico, c’est une drogue, mais quand on y entre jeune, c’est vraiment une chance !»

Sa tauromachie s’y forge, même s’il le reconnait, il n’est pas un torero très technique ; son toréo est plutôt d’inspiration et de sentiment. D’ailleurs il assume parfois de ne pas dominer entièrement le toro, surtout s’il demande « les papiers ». En ce sens, il reste un torero instinctif qui sait quand le toro peut vous attraper. Ses 3 objectifs en terme de toréo sont simples : la créativité mais adaptée au toro, la lenteur même si quelques fois il peut la pousser trop loin, et l’élégance.

Thomas Joubert en passe de las flores chez Gabriel Rojas, le 19 février 2024. ©JYB
Thomas Joubert en changement de main dans le dos devant une vache de Gabriel Rojas le 19 février 2024.©JYB
Circulaire inversée de la gauche de Tomas Joubert devant une vache de Gabriel Rojas le 19 février 2024. ©JYB

Créativité et originalité en 3 photos ci-dessus : entame en passe de Las Flores, (sa passe préférée), changement de main dans le dos et reprise de la gauche en circulaire inversée.

Et pour conserver cet état d’esprit, continuer à toréer au feeling, il prend toujours de la musique pour toréer de salon (et même quelquefois dans une arène).

Son concept, c’est d’arrêter le temps : faire vivre la muleta dans toutes les passes, mais aussi quand le toro est figé, prêt à charger.

Et il le reconnait, « être torero, c’est être un peu égoïste pour ne pas souffrir des réactions des gens autour de vous. »

« Il faut être fort pour être torero : quand on entre au paseo et qu’on voit la foule, on se demande : qu’est-ce que je fais là ? » Et il se souvient de ce que disait Espartaco : « avant une corrida, je refuserais toujours un cartel supplémentaire ! »

Quand on le voit toréer, on s’aperçoit que son style est différent et unique dans un monde où la plupart des toreros ont été formatés par la technique des écoles taurines : Les pieds fermement plantés dans le sol, le corps bien vertical, les gestes souples mais amples, et toujours l’inspiration qui permet de dominer le toro et de séduire l’autre adversaire : le public. Il y a dans son style une forme d’ascétisme bien loin du populisme de beaucoup de toreros actuels.

L’actualité 2024 de Thomas Joubert, c’est d’abord la Copa Chenel où il affrontera le 10 mars, des toros d’El Retamar et de Hermanos Cambronell au premier tour. Il serait souhaitable qu’il puisse franchir ce premier obstacle et pour cela que le vote du public le soutienne : on peut voter via Télé Madrid et compenser ainsi le fait que ses concurrents soient 2 toreros de la Communidad de Madrid qui vont bénéficier du chauvinisme local. D’autant que ce sera le premier paseo en Espagne de toute sa carrière !

Pour l’accompagner, une cuadrilla d’amitié et de fraternité avec notamment, Mathias Forestier au cheval (cousin de Monnier et passionné de sa profession) et Tomas Ubeda qui s’est formé comme novillero avant de passer aux banderilles : de l’expérience et de la sincérité dans le toréo. Selon Thomas, tous se jetteraient sur le toro pour le protéger en cas d’accident.

Thomas a un autre contrat signé à Istres où il affrontera des Jandilla en présence de Daniel Luque et Borja Jimenez : excusez du peu !

Il lui reste à espérer que ses prestations lui ouvriront d’autres portes..

L’homme, Thomas Joubert est aussi passionnant que le torero : qui sait qu’il est pompier volontaire donnant chaque semaine au moins une journée à sa communauté ?

Et il s’occupe principalement d’une association remarquable : Association Sport Santé du Pays d’Arles (ASSPA)

Voir ici pour les détails :

https://asspa-paysdarles.fr/

Pour le rencontrer de manière un peu différente, ce portrait « chinois » réalisé lors de sa venue à Paris par l’équipe de Culturaficion

Un torero passionnant et un homme hautement respectable !

Thomas Joubert. ©JYB

Recueillie par Jean Yves Blouin https://facealacorne.fr/