
Plaza de toros de Dax, corrida de toros. Deuxième de la feria. Lleno de ‘No hay billetes’.
Toros de Juan Pedro Domecq

• JUAN ORTEGA, silence et silence.

• ROCA REY, palmas et deux oreilles après deux avis.

• TRISTÁN BARROSO, oreille et ovation.
Salut des banderilleros « Viruta » et Paco Alagaba au second.
La corrida ayant été retardée pour des raisons de sécurité de 18 heures à 20 heures, elle s’est déroulée sous les « sunlights des tropiques » comme dit la chanson. Le lot de Juan Pedro Domecq était correctement présenté et armé pour la circonstance c’est à dire avec une certaine discrétion. Au moral les juanpedros auront démenti leurs habituels détracteurs car ils ont fait preuve des qualités propres à leur encaste, souvent braves à la pique comme le second qui causa un violent batacazo ou à la muleta où le troisième notamment a fait preuve d’une noblesse piquante et spectaculaire.

Juan Ortega a du mal à s’exporter mais il ne fait pas trop d’efforts non plus. Le courant ne passe pas entre sa tauromachie élégante et subtile et le public du sud-ouest. Le premier JPD vite éteint ne se prêtant pas aux fantaisies, il abrégea sans se faire prier. Un beau début à la cape face au quatrième plus amène laissait promettre… le sévillan qui avait brillé au capote, le brinda au public; les choses partirent du bon pied avec une série d’ayudados la jambe pliée mais ces bonnes manières ne firent pas l’effet escompté sur les gradins et Juan lâcha vite l’affaire malgré les qualités du bicho. L’épée n’est pas sa qualité première…

Le second Juanpedro abattit la cavalerie d’emblée et prit deux piques par la suite. Cela faisait beaucoup mais cette bravoure laissait espérer et le péruvien brillant à la cape semblait vouloir sortir le grand jeu. Hélas l’animal avait laissé toutes ses forces sous le quadrupède, immobile ensuite, ne se prêtait plus aux volontés d’Andrés qui le vit d’emblée, n’insista pas et coupant court, tua d’une entière tombée. Il entendit une grosse ovation montrant que son capital de sympathie ne s’était pas érodé.

Roca revint pour une grande démonstration de toreo face à un animal sur lequel aucun parieur démuni n’aurait risqué sa chemise. Il y avait là un vieux fond de caste que lui seul avait décelé. Il le révéla dans sa splendeur et sa faena, partant de mas à menos, très cohérente, allurée aussi bien que sans scorie, enchanta justement le public. Une entière tombée et une double récompense qu’on en saurait honnêtement lui contester.

Tristan Barroso était visiblement heureux d’être là. Quel jeune novillero sans picador -ce qu’il était lui-même il y a quelques années à peine- n’en aurait pas rêvé… Son enthousiasme, sa joie de toréer, son entrega pour tout dire portèrent sur le public. Il tomba sur l’animal le plus brillant de la soirée et bien qu’en difficulté à plusieurs reprises, il s’appuya sur cette caste débordante pour bâtir un trasteo volontaire à défaut de dominateur. Plusieurs séries menées des deux côtés émurent par leur sincérité même s’il se fit toucher souvent la muleta. Il termina en bernardinas apprêtées. On vit ainsi les avantages de l’animal et le courage du jeune homme. Une entière tombée au second essai et une oreille. Il tenta sans succès de rééditer son exploit lors de son second passage mais le Domecq n’avait pas les qualités de son frère et, disons-le, il était bien difficile de passer après Roca Rey intraitable dans la chaleur de la nuit dacquoise.
Pierre Vidal
Photos B. Caritey