
Nous verrons samedi le grand duel en vivo entre Morante de la Puebla et Roca Rey, face à la crème des ganaderias, Nuñez del Cuvillo, et en présence de l’icône locale Daniel Crespo -toujours inédit en France. C’est le No Hay Billetes depuis plusieurs jours pour cette confrontation, la première du genre depuis la résurrection du torero Cigarrero et depuis la stratégie nouvelle de l’icône péruvienne qui veut toréer moins dans des contextes mieux choisis que les années précédentes ; tout en restant celui qui commande dans les despachos évidemment.
Morante sera comme à domicile car toute la bourgeoisie sévillane dont il est le nouveau Messie passe ses vacances au Puerto ou aux alentours : Puerto Sherry, Rota, Cadiz, etc.. Le cœur du camp morantiste se déplacera en masse car les troupes sont gaillardes, le chef ayant gagné en popularité comme on l’a vu récemment. Cela va de pair avec les sondages pour Vox et pour ceux de l’ami fidèle du torero de La Puebla, Abascal qui préside la formation d’extrême-droite. Désormais dans les tavernes de la Baie de Cadiz se dire Morantista es de moda, comme ils disent là-bas…
Pourtant le génie de La Puebla n’est pas blanc comme neige et il y a dans l’adulation que certains lui portent une adoration aveugle, relevée lors de son précédent passage au Puerto par notre ami Dupin. Il en fut de même à Azpetia où il s’inscrivit dans un minimalisme plaisant certes mais proche de l’anodin -si ce n’était pas lui, bien sur-.
Morante où ceux qui l’entourent veulent faire croire que Roca Rey fuit la confrontation avec lui. Pour appuyer cette assertion, il s’est, sans scrupule, proposé pour venir toréer gratis à Santander écartant, si l’empresa s’était prêtée à la manœuvre, El Cid qui s’était gagné sur le sable le remplacement en litige et qui finira triomphateur de la féria… La machination aurait de facto écartée un torero sévillan comme lui, de sa génération et qui a largement fait ses preuves… c’est pas cool comme disent les jeunes.
Contrairement à ce qu’ ont écrit les commentateurs stipendiés, il n’y a pas de véto de la part de Roca Rey et de son entourage et la corrida de ce samedi au Puerto, le prouve. Le seul véto que met Roca Rey c’est sur le nom de Daniel Luque dont il ne craint pas la concurrence mais les mauvaises manières.
Morante de La Puebla qui a déjà la tiare d’une aficion chauffée à blanc par la presse « spécialisée », reprendra-t-il le sceptre de Numéro Un à Roca Rey ? Il le ramènerait ainsi du bon côté du Charco, celui qu’il n’aurait jamais dû quitter pour ses amis contempteurs du Vieux Monde. Ça n’est pas sûr, car c’est une chose d’être reconnu, à juste titre, comme un des meilleurs toreros de l’Histoire et c’en est une autre d’être le Numéro Un, « el que manda en el toreo » et qui se coltine la bagare quotidienne comme le fit El Juli pendant une dizaine d’années.
La messe n’est donc pas dite : nous y verrons plus clair samedi soir au Puerto sous la plume de Jean Dupin.
Pierre Vidal