
Las Ventas vivra une journée historique lors de la prochaine Journée du Patrimoine Hispanique. Quitte à ce qu’elle soit historique jusqu’au bout, Morante de la Puebla,
veut terminer sa temporada en beauté. En effet, jl a pratiquement finalisé l’organisation du festival qu’il prépare à Las Ventas, dont les bénéfices seront destinés à la construction d’un monument en hommage à Antoñete. Le spectacle aura lieu le 12 octobre, en matinée. Pour ce festival, feront leur retour en piste des toreros comme Curro Vázquez, Enrique Ponce et le rejoneador Pablo Hermoso de Mendoza. Olga Casado complètera l’affiche. César Rincón est également envisagé , il reviendrait dans ses arènes de Madrid pour rendre hommage à « son » maître. Le Colombien n’a pas dencore pris sa décision. Morante devrait aussi faire le paseo l’après-midi lors de la corrida de toros, au cours de laquelle il confirmera l’alternative de Sergio Rodríguez, en présence de Fernando Robleno.
Le récent succès de Morante de la Puebla et le double échec de Roca Rey -seul à être cité deux fois- dans le chaudron navarrais constituent un tournant décisif dans la marche de la temporada. Sans doute même, cette inversion des valeurs perturbera profondément le marché taurin et sa bourse très fluctuante. Les organisateurs français ayant oublié le cigarrero dans leurs plans, il faudra aux aficionados pour voir l’idole nouvelle, faire le voyage vers Azpeitia, Saint Sébastien, Huesca ou Bilbao pour parler du plus prés. Mais me dira-t-on : ils l’auraient fait de toute façon…
Sans aucun doute le succès de José Antonio dans une arène qui lui paraissait si hostile à priori était-il inattendu, comme l’était sa succession de triomphes surprenante depuis Jerez -et avant cela lors de sa prestation sévillane. Son talent ne surprend plus ce qui stupéfait c’est sa solidité et sa continuité dans le succès. Il est devenu Morante à toutes ses sorties alors qu’il ne l’était jusque-là… disons… une fois sur dix et que le reste du temps il fallait se contenter de miettes frustrantes de son talent sacré.
Exceptionnel et unique dans l’histoire de la tauromachie, Morante ne l’est pas seulement en piste mais aussi dans la vie. De ce point de vue son passage par Pampelune est « ébouriffant » et mériterait une étude anthropologique. Car voilà quelqu’un qui colle les affiches de Vox -l’équivalent du Rassemblement National en plus franquiste-, qui a pour ami Abascal, le Bardella espagnol, à qui il brinde toros sur toros, quelqu’un qui se réclame de la Tradition et qui l’incarne dans son toreo, qui ne manque pas de montrer son inclinaison pour un clergé conservateur en participant à toutes les processions possibles et en dotant généreusement telle ou telle confrérie, devenu brusquement le héros des peñas pamplonaises excessivement paillardes connues pour être des pépinières d’extrême-gauche, soutiens de l’ETA, des mouvements indépendantistes basques de tous poils, suppôts du maire Bildu anti-corrida et, comme il se doit, tous « Free Plaestina ».
Et bien ce sont ceux-là oui ! qui ont fait de Morante leur héros, scandant son nom comme un nouveau mantra, l’accompagnant jusqu’à son hôtel comme un César triomphant et le faisant saluer à la fenêtre de La Perla en patricien unanimement reconnu désormais. Dans une Fête qui se politise de plus en plus sous la pression des nouveaux édiles comme on l’a vu lors du Chipunazo, Morante a réussi à capter les engouements d’une jeunesse qui avait fait de Roca Rey son icône, séduite par l’entrega du jeune Péruvien, complètement éteint désormais.
José Antonio dure, il est constant, son public ne se situe plus seulement au sud du Guadalquivir puisqu’il séduit même les soiffards du sol de la Misericordia. Je pense à mon ami Francis Wolff: dirait-il, lui Le philosophe, que Morante est devenu universel ? Il ne servirait alors plus à rien -sauf à vouloir se distinguer inutilement- de se dire Morantiste aujourd’hui puisque les reproches qu’on lui faisait sont désormais obsolètes et pardonnés et qu’il est devenu le torero de tous… même des anticorridas.
Pierre Vidal