Disparition de l’académicienne bayonnaise Florence Delay à l’âge de 84 ans.. C’est triste car c’était une personne, érudite et discrète, une des premières femmes à porter l’habit vert (la quatrième), une plume magnifique, liée à des noms prestigieux comme le poète Jacques Roubaud. Un talent aux multi facettes puisqu’elle fut femme de lettre mais aussi de cinéma et de théâtre. Jamais elle ne plia dans ses convictions en faveur de la corrida.

Nous nous associons au bel hommage rendu à cette grande défenseur et de la tauromachie par l’Observatoire National des Cultures Taurine: « Nous apprenons avec tristesse la disparition de F. Delay. Aficionada elle avait un regard juste et acéré sur la corrida qu’elle ne manquait jamais de défendre. Elle avait participé à notre colloque au Sénat en 2016. Elle était deja immortelle , qu’elle le demeure pour l éternité ».

Elle fut aussi actrice : elle a interprèté, à vingt ans, le rôle de Jeanne d’Arc dans le film Procès de Jeanne d’Arc de Robert Bresson (1962)[. Plus tard, elle collabore à des films de Chris Marker, Hugo Santiago, Benoît Jacquot, Michel Deville. Elle est élue à l’Académie française le 14 décembre 2000 au fauteuil de Jean Guitton (10e fauteuil). Elle a écrit de nombreux livres et essais parmi eux Dit Nerval, Gallimard, coll. « L’un et l’autre », 1999. Grand prix du roman de la Ville de Paris, Prix de l’essai de l’Académie française. De nombreux essais et des pièces de théâtre avec Jacques Roubaud notamment. Elle a traduit aussi de nombreux auteurs espagnols comme Bergamin ou Lorca. Elle a écrit notamment le scénario de Les Années Arruza, d’Emilio Maillé, FIPA d’or à Biarritz en 1997…

Citons ce beau texte qu’elle a écrit sur José Bergamin mais qui parle en fait de la corrida:

Bergamín se définissait comme un être de foi : « Foi en l’art, foi dans le jeu, foi en Dieu. » C’est ainsi qu’il interpréta le monde et la course de taureaux. Dans sa jeunesse, l’art de toréer figura un modèle éthique et esthétique (comment écrire, comment agir), puis, l’âge venant, une question quasiment divine (comment jouir, comment mourir). La mystique, branche magique de la théologie, est en tauromagie le merveilleux silence que crée l’union parfaite du couple taureau et torero. Alors viennent les larmes et la béatitude. Dans son dernier essai, La musica callada del toreo (1981), Bergamín se remémore « la merveilleuse, indescriptible, indicible course de taureaux que nous avons vue à Séville, à la Maestranza, l’après-midi de la Fête Dieu », où toréaient Manolo Vázquez, Curro Romero et Rafael de Paula, « trinité torera », plus que très sainte, magique et prodigieuse ». Il confie qu’ils étaient beaucoup à pleurer de délices et de joie. Je ne l’ai pas cru, qu’il me pardonne ! Jusqu’au dimanche matin 16 septembre 2012 où nous avons vu José Tomás toréer seul six taureaux dans les arènes de Nîmes.

Florence Delay, de l’Académie française in Artpress.

A sa famille, à ses amis, et je pense ici d’abord à ses amis bayonnais, nos condoléances les plus sincères.

Pierre Vidal