Catégorie : Conférence Page 5 sur 9

Mont-de-Marsan: Jimenez Fortes « A Los Toros »

CLUB TAURIN DE PARIS : POUR RUBEN AMON CE N’EST PAS LA FIN DE LA FÊTE !

Au cours de la récente soirée qu’il a passée au Club taurin de Paris, Ruben Amon a montré beaucoup plus d’optimisme que ne l’aurait laissé penser le titre de son livre : la fin de la fête. Voici le compte-rendu de cette très intéressante soirée rédigé par Martine Bourand membre très inspirée du CTP.

« Pour sa  deuxième soirée de la temporada 2024-2025 le  CTP a eu le plaisir de recevoir Rubén Amon  pour son essai  El fin de la fiesta parue  en 2021  en version  espagnole  et traduit en français en 2022 par Adrien Gérard  aux éditions le Diable Vauvert sous le titre : la fin de la fête .

Pour introduire la soirée,  Aracelli Guillaume nous présente l’auteur  : Rubén Amon, né en 1969 à Madrid est un  homme qui a plusieurs cordes à son arc, polyglotte, journaliste politique et géopolitique, spécialiste de l’opéra et de la tauromachie, chroniqueur taurin  et même critique taurin à une époque. Il publie ou publia dans  El mundo, El Confidential, El Pais et dans des journaux étrangers. Egalement homme de télévision, il dirige entre autres sur Onda Cero l’émission la cultureta.

Jean Davoigneau et Ruben Amon, complices pendant la soirée au Club Taurin de Paris. ©JYB

Les échanges se feront en français sous la conduite de Jean Davoigneau qui ouvre les débats par cette question:

Ce livre a été écrit en 2021, en 2024 l’écririez vous à l’identique ?

Avant toute réponse, Rubén Amon s’amuse du fait que le lieu où se déroule la soirée  évoque la clandestinité !

Concernant la question, il se dit bien plus optimiste quant à la corrida et à son avenir qu’en 2021, période très difficile pour le milieu avec la période COVID,  où l’interrogation : que faire des toros bravos ? se posait, sachant que les éleveurs n’ont pas bénéficié d’aide du gouvernement ?

Depuis, les choses ont changé, les jeunes reviennent aux arènes, probablement parce qu’ils ont pris conscience que la corrida pouvait disparaître. Jamais autant de jeunes ne sont venus découvrir la corrida. Par ailleurs, deux autres facteurs ont  contribué à ramener le public aux arènes : la contre réaction face aux menaces d’interdiction  avec un changement de regard de la société plus sensible au fait de réfléchir par elle-même. Les publications des mouvements anti taurins moins nombreuses qu’il y a trois ans, sur les réseaux sociaux,  en témoignent. Le second facteur est  le phénomène Roca Rey, idole transatlantique, cosmopolite,  qui amène beaucoup de monde aux arènes, figure héroïque comme le fût Dominguin, portant des valeurs de courage et de charisme. Aller voir Roca Rey c’est également aller voir des toreros tels que Morante, Pablo Aguado, Gines Marin, toreros d’art ainsi que des  toros les plus intéressants de l’histoire de la tauromachie grâce à des  éleveurs de plus en plus professionnels.

Pour autant les milieux artistiques espagnols véhiculent toujours des contre vérités à son encontre , pour exemple,  le commissaire de l’exposition Goya au Prado qui présenta Goya comme un anti taurin alors qu’il avait à la fois, une passion pour la corrida et de solides amitiés avec des toreros. Son aficion totale transparaît toujours à travers ses dessins expressionnistes. Ou, encore,  le ministre de la culture qui exclut la tauromachie et ses représentants  de la remise des prix des  beaux arts.

Couverture du livre de Ruben Amon paru en 2021.

Il regrette la position de la gauche espagnole, pour qui la tauromachie représente le passé, une vision de l’ancien régime, opinion défendue par les nationalistes catalans. Ce qui amène à la situation paradoxale, où  les aficionados catalans se retrouvent à chanter l’hymne catalan, aux arènes de Céret !

La tauromachie est une expression artistique  liée à la Méditerranée, elle est cosmopolite. Les reproches qui lui sont faits, d’être liée à l’ancien régime, pourraient dans ce cas, tout autant s’adresser au Real  Madrid avec la période franquiste. Le parti d’extrême droite  VOX  et Morante qui travaille pour lui, en prenant la défense de la tauromachie, risquent de lui faire du tort. Ainsi la tauromachie se trouve tiraillée entre la gauche et l’extrême droite.

Quel est l’impact du documentaire D’Albert Serra, Tardes de soledad, dont le personnage central est  Roca Rey, primé au festival international du film à San Sébastian ?

Rubén Ramon a visionné le film à Madrid  avec Roca Rey, lors d’une projection organisée par Serra avec un public averti,  en avant première. Il rapporte que Roca Rey s’est senti trahi par rapport à ce que lui, voulait raconter en se livrant à Serra. Mais, grâce aux anti taurins qui ont voulu l’interdire en tant qu’apologie de la tauromachie, le film a rencontré un certain succès, déclenchant le réflexe : « Si les anti sont contre alors le film doit être intéressant ». Le film retient avant tout la violence et le sang, la guerre et, omet la part d’art de la tauromachie dont Serra n’a pas compris la dimension, ce qui explique la disparition d’Aguado du projet qui à l’origine, réunissait les deux toreros.  Serra développe, selon lui, une vision de psychopathe de la corrida, l’absence de public visible mais toutefois présent crée  une atmosphère oppressante.

Si la tauromachie est un scandale c’est parce qu’elle représente tout ce que craint la société, la mort qu’elle cache, la masculinité, valeur désormais négative, la liturgie dans une société sécularisée qui occulte la dimension religieuse ou  même païenne des rites, la hiérarchie, l’héroïsme.  Avec  comme personnage central,  le torero, héros, sur le chemin de la perfection face au héros occasionnel.

La tauromachie doit donc se protéger et pour cela respecter l’eucharistie,  la mort et le sang et non pas négocier ses valeurs avec la société. Spectacle exceptionnel, elle  doit pour survivre  le demeurer.

La tauromachie est-elle conceptuellement discriminante ?

Si la démocratie est le meilleur système politique pour autant la tauromachie n’a rien à faire avec elle, elle fonctionne au mérite et de ce fait admet une hiérarchie.

Ruben Amon attentif aux questions des membres du Club Taurin de Paris, le 29 novembre 2024. ©JYB

La France est-elle le miroir de l’Espagne ou a-t-elle une autre vocation ?

La France représente un modèle de résistance dont  Simon Casas fut un acteur. Avant, les empresas espagnols étaient en France en territoire de colonisation mais, elle a trouvé son propre chemin pour la défense de la corrida et est devenue un modèle auto suffisant  désormais,  à la fois,  caution morale et modèle de résistance. Modèle de résistance face à la pression, à travers l’organisation de ses spectacles et ses aficionados. Elle offre un schéma à suivre. Il y a de la tauromachie dans le sud, Nîmes, Arles, Béziers, Dax … sans considérations politiques.

Que pense-t-il  du torero Morante de la Puebla ?

 Rubén Ramon le considère comme le plus grand torero de tous les temps, avis qu’il partage avec les anciens toreros  qui ont vu Paco Camino et bien d’autres  mais qui n’ont jamais rencontré  un torero comme lui. Il rappelle comment à Cordoba, après s’être recueilli sur la tombe de Manolete, le soir dans l’arène, Morante exécute pour la première fois, une manoletina. C’est un torero qui fait le lien entre le passé et le futur, spectacle total, la tauromachie a besoin de lui.

La corrida s’apparente-t-elle  à la religion, à la transcendance  à un côté mystique ?

Si on vient à la corrida pour Roca Rey,  on y reste pour les toreros d’art qui révèlent le mystère. La tauromachie est protégée par l’originalité de l’expérience qu’elle propose : barbarisme ou civilisation totale par la codification de la violence  par la dramaturgie et l’esthétisme ? Rite pour faire de la mort un mystère avec une prise de risques totale pour le torero qui lui donne toute sa légitimité à l’opposé de la mort cachée des abattoirs. Il ne faut donc renoncer à rien.

La télévision est-elle une démystification de la corrida par la multiplication des spectacles ?

La télévision est indispensable à la corrida, sans télévision la connexion avec la société ne se fait pas. Du reste, une corrida non télévisée comme celle de Jose Tomas , attire beaucoup de monde aux arènes et autant de téléphones portables qui filment ! Canal plus est un exemple de vulgarisation réussie de la corrida. Malheureusement, la chaîne taurine  One toro est dans une situation critique, faute de moyens.

Le mystère n’existe pas à la télévision, mais sans télévision plus de tauromachie.

La corrida, sujet tabou, lors des conversations privées, souffre de l’insuffisance  de relais médiatiques. El Pais ne parle plus de toros face à la progression des anti taurins. La tauromachie traîne toujours une mauvaise réputation, alors que la période de l’afeitado a fait place à une exigence d’intégrité du toro. Des rumeurs circulent comme au sujet de Roca Rey pour tuer la crédibilité du spectacle (caleçon blindé, cornes protégées …). Seuls les journaux conservateurs parlent de la corrida, les médias de gauche l’ignorent. Alors que toutes les valeurs peuvent s’y retrouver : de gauche, de droite, le passé, le futur, la religion…

Le mundillo n’est-il pas son premier ennemi ?

Il y a des erreurs de gestion dans certaines arènes  même, si beaucoup d’arènes attirent du monde et  que de  nouvelles s’ouvrent, mais des arènes de première catégorie comme Bilbao sont vides, à la fin du mois d’août depuis l’abandon de l’ancien empresa.

Le nombre de  novilladas  organisées est insuffisant pour les nombreux élèves des écoles taurines alors qu’elles sont le passage obligé pour  devenir torero. Cependant la dernière temporada a révélé des novilleros intéressants. En Amérique règne  une tendance lourde à l’érosion de la corrida : au Mexique, en Colombie, au Pérou, en Equateur. Cette situation difficile s’est construite, encore une fois sur un malentendu politique, la corrida comme symbole culturel de l’Espagne colonisatrice face aux nationalismes. Ironie de la situation, en Colombie alors que la violence gangrène le pays que de nombreux hommes sont tués, la cause animaliste fait son chemin !

Que pensez-vous de l’indulto ?

Rubén Ramon  y est opposé, sauf circonstances exceptionnelles, il y voit un mécanisme du mundillo pour négocier avec la société.

Il est persuadé que pour défendre la corrida, il faut invoquer l’héroïsme, l’érotisme, le mystère, la mort qui sont ses seules justifications  et non pas l’écologie.

Elle est art,  inutile, éphémère, gaspillage autrement dit  la part maudite  qu’elle se doit  d’assumer. »

Texte Martine Bourand

Ruben Amon dédicace La fin de la fête pour les membres du Club Taurin de Paris, le 29 novembre 2024. ©JYB

in https://facealacorne.fr/

A la FSTF

BRINDIS D’OR (épisode 2)

Après ce lancement vibrant, (voir épisode 1) on entre dans le vif du sujet avec l’attribution des premiers brindis.

Arnaud Agnel rappelle que le choix des nominés a été fait par un jury qui associe compétence et aficion et que 4000 aficionados ont ensuite voté pour l’attribution de ces Brindis. Leur vote est prioritaire, même si le jury a conservé 25% de la note finale.

Les premiers brindis attribués ont pour ambition de montrer la force du collectif et les résultats qu’il obtient quand tous s’engagent.

Les 3 premiers nominés pour le titre de Brindis de l’organisation sont : la programmation de Dax, la novillada de Seissan, 1 toro pour un rêve d’enfant.

Florent Moreau. ©JYB

Florent Moreau qui révèle des discussions passionnantes au sein du jury pour ce Brindis et le rugbyman Nolan Le Garrec se partagent la lecture du verdict et la nomination du vainqueur.

C’est Marc Serrano pour son opération 1 toro pour in rêve d’enfant qui reçoit le prix.

Marc Serrano brinde son prix des Brindis d’or 2024. ©JYB

Depuis 2013, le festival a été organisé par Marc Serrano avec le soutien des ganaderos, qui offrent les toros, des matadors et des cuadrillas, qui officient gratuitement, des propriétaires d’arènes, qui les mettent à disposition. Ces 3 dernières années, il a permis d’offrir 56 000 €, dont 18000 en 2024, aux services pédiatriques d’hôpitaux et à des associations œuvrant en faveur de l’enfance. Aux yeux de l’aficion, c’était un Brindis incontournable et parfaitement mérité.

Le deuxième Brindis dans l’esprit de la force du collectif est attribué à une action de transmission de l’aficion.

Les nominés qu’il va être difficile de départager sont l’AFAP, le bolsin de Nîmes métropole, la Novillada Sans Picadors gratuite de Tyrosse. À l’évidence les 3 méritent la victoire !

Le président du Cercle Taurin Tyrossais. ©JYB

L’aficion ayant tranché, c’est Le Cercle Taurin Tyrossais qui reçoit le Brindis. Le président, Angel Mora, évoque la première de cette novillada gratuite montée avec les bénéfices d’une bodega des années précédentes et souligne que le lleno y a été constaté tous les ans depuis 20 ans. Il cite les noms de tous les toreros français passés par Saint Vincent de Tyrosse et l’on peut constater que tous les matadors d’aujourd’hui y sont ! Sa conclusion : il faut être fiers de nos traditions !

Léo Pallatier ovationné par la salle des Brindis d’or. ©JYB

En transition, Zocato qui doit présenter le Brindis suivant, fait ovationner Léo Pallatier, (fils du peintre Loren et de Cécile Mesplède directrice de Cactus Event, étudiant en sciences po à Madrid et Bordeaux et à l’école taurine de Madrid), qui représente dans l’assistance les novilleros sans picador, catégorie qui n’a pas été sélectionnée par le jury. C’est la deuxième ovation debout depuis le début de la soirée, le premier ainsi honoré étant le sénateur Laurent Burgoa pour sa défense de la tauromachie lors du renvoi de la dernière PPL.

Ovation debout pour le sénateur Laurent Burgoa pour sa défense de la tauromachie et des traditions. ©JYB

Le Brindis suivant est celui du coup de cœur du public avec comme nominés : les adieux d’Enrique Ponce, les chirurgiens taurins de France, Juan de Castilla pour son défi Vic/Madrid

Sans hésitation, dans le contexte actuel, le Brindis est attribué aux chirurgiens taurins.

Le président des chirurgiens taurins savoure son Brindis d’or. ©JYB

En recevant le prix, leur président soulignera qu’ils sont tous bénévoles de même que leurs infirmiers, aides-soignants, ambulanciers. Ils méritent tous un grand coup de chapeau !

Avant d’enchainer sur le Brindis suivant, un hommage particulier, défini comme le brindis des valeurs humaines est accordé à Sébastien Boueilh, président de l’association « colosses aux pieds d’argile », qui défend les jeunes victimes de viol ou d’agression sexuelle dans le milieu sportif notamment : pour lui, les écoles taurines ne sont pas à l’abri, un cas ayant été repéré en Espagne il y a quelque temps.

Sébastien Boueilh président de l’association Colosse aux pieds d’argile, reçoit un Brindis d’or d’honneur. ©JYB

Dans son discours de réception, il évoque son propre cas : violé entre 11 et 17 ans chaque fois qu’il revenait des entrainements de rugby, reconnu victime par la justice en 2013, il a surmonté le traumatisme qui l’empêchait de ressentir des émotions pendant 17 ans ! Ce qui l’a conduit à créer son association et à lutter pour les jeunes victimes. Aujourd’hui, bien que sans aide de l’état, il gère un budget de 200 000 € grâce à l’appui d’innombrables donateurs, du monde du rugby, et de l’aficion. Et il proclame son admiration au courage des toreros.

JY Bloin https://facealacorne.fr/

Peña Taurine de l’Oreille d’or, Bordeaux: Une école taurine, rôle et formation,

Peña Taurine de l’Oreille d’or Bordeaux: Une école taurine, rôle et formation, comment des jeunes découvrent l’aficion a los toros.

  • Invité Richard Milian –

Richard Milian, accompagné d’élèves nous parlera de son école, des jeunes qui rêvent d’être toreros, eux-mêmes porteurs de l’aficion auprès d’autres jeunes. Richard Milian a été torero pendant 20 ans jusqu’à sa dernière corrida à Floirac en 2001. Il a été retenu à l’affiche pour 200 corridas face à des toros souvent difficiles. Aujourd’hui il transmet sa passion, son aficion, son amour du toro par son école taurine « Adour Aficion » à Cauna (Saint Sever), unique dans le Sud-Ouest.
Tous les grands toreros ont commencé leur carrière par une formation, étape essentielle pour
qu’une relève se mette en place et que nous vivions notre passion.
Samedi 21 décembre 19h30
salle municipale Saumenude
16 rue Saumenude Bordeaux
(parking marché des Capucins à 5mn)

Pour s’inscrire avant le 17 décembre : par mail oreilledor.bordeaux@orange.fr

Christophe Chay au domaine Augé à Boujan

Pour clôturer l’année quoi de mieux que de vous amener à la découverte d’un livre taurin?

Nous recevrons le vendredi 13 décembre prochain à 19h00 au domaine Augé à Boujan le journaliste et écrivain taurin Christophe Chay qui viendra nous présenter son dernier ouvrage co-écrit avec Jacques Durand et illustré par les photos en noir et blanc de Blaise Volckaert.

Un cartelazo d’auteurs pour un magnifique ouvrage qui pourrait trouver toute sa place dans la hotte du Père Noël.

La soirée se poursuivra par une dédicace et un apéritif dînatoire. Les personnes désirant participer à cette soirée (tarif : 15€/personne), se feront connaître par retour de mail au plus tard le 10 décembre prochain à 18h00. Les personnes ne participant uniquement qu’à la conférence se signaleront également même voie.

Il sera possible aux personnes non à jour de cotisation de se mettre à jour.

Mont de Marsan: Jimenez Fortes « a los Toros »

La Peña A LOS TOROS recevra Saúl JIMÉNEZ FORTES dans ses locaux le Samedi 14 décembre. Une rencontre exceptionnelle avec un torero « de verdad » qui viendra retracer son parcours et partager ses diverses expériences

👋 Ouvert à tous

Hommage à Manzanares à Gallician

MARC THOREL A L’UBTF : PASSIONNANT !

Marc Thorel pendant sa conférence sur les heurs et malheurs de la Grande Plaza du Bois de Boulogne. ©JYB

En ouverture de son assemblée générale, l’Union des Bibliophiles Taurins de France présentait son dernier livre publié : « Toreros dans la ville lumière » de Marc Thorel.

Rappelons que l’UBTF est un éditeur associatif dont le seul objet est de publier des ouvrages documentaires ou historiques sur la corrida et les arènes de France.

Nombreuse assistance pour la réunion de l’UBTF. ©JYB

Pour mettre l’eau à la bouche au nombreux auditoire présent, elle avait invité l’auteur à raconter, ce qui occupe une grande partie de l’ouvrage, l’histoire des arènes de la rue Pergolèse, la plus grande arène du monde à sa création, mais qui n’aura duré que 4 ans même si elle aura vu passer quelques-uns des plus grands toreros de l’histoire tauromachique.

En ouverture de son exposé, Marc Thorel explique comment il découvre chez un libraire de la rue de Châteaudun un dossier sur les arènes de la rue Pergolèse, dont il récupérera une bonne partie quelques années plus tard.

Pour en savoir plus sur les toreros à Paris, il faut consulter le livre : Marc Thorel y signale des spectacles taurins en 1879, 1884, 1887, pourtant Auguste Lafront dans son histoire de la corrida en France en cite en 1865. Mais il s’agissait soit de spectacles « hispano-français » soit de « parodies ».

LA CREATION DE LA PLAZA.

En fait, c’est l’exposition universelle de 1889 qui provoque la création de la plaza de la rue Pergolèse : comment mettre en valeur l’Espagne auprès des parisiens et des visiteurs ? Un seul moyen : leur présenter des corridas !

Mais tout ne va pas sans mal ! Contre la construction des arènes, les riverains se mobilisent pour des motifs futiles (des corniches en saillie non conformes !). Pourtant les arènes sont construites et prennent rapidement le nom de Grande Plaza du Bois de Boulogne : grandes, elles le sont à l’évidence avec un ruedo de 56 mètres de diamètre et une capacité de 22000 places ; de plus, luxueuses, puisque, au lieu de gradins et de bancs, on dispose de fauteuils, qu’elles seront couvertes et électrifiées dans l’année qui suit etc.

Les créateurs du projet des arènes de la rue Pergolèse.

Les organisateurs du projet sont le Duc de Veragua, sommité du monde taurin de l’époque, le Comte de Patilla, et le Comte del Villar. Tous 3 sont éleveurs de toros… Les propriétaires des arènes seront Antonio Hernandez le gérant et Ivo Bosch, le financier. Joseph Oller, l’homme des festivités parisiennes de l’époque, aurait également contribué au projet, mais c’est plutôt une légende.

Plan de la plaza de la rue Pergolèse.
Vue de la plaza de la rue Pergolèse.

Les travaux ayant pris du retard, après un permis de construire tardif, mais une construction menée au pas de charge en 2 mois (!) l’inauguration ne pourra s’effectuer que le 10 août 1889, alors que l’exposition avait déjà accueilli plus de 4 millions de visiteurs ! Mais ensuite on donnera 2 corridas par semaine.

Cartel d’inauguration de la plaza du Bois de Boulogne rue Pergolèse.

Les « figuras » au cartel seront Currito, fils de Cuchares, F. Garcia, un torero navarrais et Frascuelo, plutôt aventurier, frère du grand Frascuelo. Il est vrai que c’était le plein de la temporada en Espagne. Les vraies vedettes viendront plus tard, dont Angel Pastor et surtout Luis Mazzantini.

Dès 1889 il existe des protections (caparaçon) pour les chevaux de picadors.

Pour contrer les attaques de la SPA qui proteste contre les picadors et le massacre des chevaux, on fait appel à des rejoneadors portugais qui alterneront avec les piqueros. Surtout, on protège les chevaux avec les premiers caparaçons (alors que leur officialisation n’interviendra qu’en 1926). En outre, la mise à mort n’est initialement pas autorisée mais le deviendra sous la pression du public.

C’EST L’AUTOMNE QUI SERA SOMPTUEUX.

Parmi les matadors qui officieront rue Pergolèse, Angel Pastor, Guerrita, Valentin Martin, Luis Mazzantini, (portant un costume avec des colombes sur les épaulettes ce qui plaira beaucoup aux dames et lui vaudra le surnom d’El Palmolillo), Lagartijo.

Luis Mazzantini dans son costume aux hombreras ornées de colombes (vivantes)

Mais il ne faut pas oublier que pendant cette exposition universelle, Paris compte pas moins de 5 arènes où sont donnés des spectacles taurins : Celles de l’exposition seront fermées parce que Lagartija y a tué un toro à l’épée et sans autorisation ! Les artistes viennent aux arènes dont Toulouse-Lautrec, Caran d’Ache, JL Forain etc.

De nouvelles revues taurines paraissent et des opuscules sur la corrida sont édités pour informer les spectateurs.

Brochure éducative distribuée aux arènes de la rue Pergolèse.

Parallèlement les salles de spectacles accueillent des gitanes (très surveillées par leurs pères ou maris qui ne visiteront jamais Paris !) et aux Folies Bergères, la Tortajada qui chante notamment El cafe de Chinitas, repris en direct dans la salle par un artiste contemporain qui a joué le spectacle « des toros dans la tête ».

Cafe de Chinitas chanté par La Tortajada aux Folies Bergères.

LES EFFORTS POUR TENIR AVANT LA CHUTE

Dès 1890, les attaques des anti corrida vont se multiplier. Par ailleurs, la mairie de Paris ne paie pas ses factures aux entrepreneurs qui ont construit les arènes et les investisseurs espagnols s’esquivent eux aussi en se déclarant en faillite. L’entreprise est confiée à Arthur Fayot qui sera empresa de presque toutes les arènes de France, mais qui, à Paris sera obligé de trouver des solutions ailleurs. Il embauche Maria Genty, écuyère de talent qui sera briefée par des rejoneadores portugais ; puis il propose des  spectacles divers comme 5 mois au Soudan, des concerts, des événements sportifs, même des patinoires (trop couteuses en terme de fonctionnement) et même les « indios » qui seront interdits par la préfecture comme spectacle dégradant. Pour rentabiliser l’entreprise, il fait appel aux toreros français et aux toros de Camargue que l’on peut réemployer !

Mais la chute est inéluctable et en 1893 les arènes sont vendues à des investisseurs seulement intéressés par le terrain. Et la Grande Plaza du Bois de Boulogne sera démolie par l’entreprise Lapeyre. La rue Lalo occupe aujourd’hui leur ancien emplacement.

Au total, elle aura vu passer 130 corridas environ, et fut la seule où de vraies corridas furent données, les spectacles de l’Hippodrome pouvant être qualifiés de mixtes. Plus significatif, c’est la première fois que des documents officiels mentionnent que les toreros sont des artistes.

Au final, une excellente mise en bouche pour un livre qui devrait avoir sa place dans toute bonne bibliothèque taurine. Il peut être commandé sur le site de l’UBTF :

www.ubtf.com

Au cours de l’AG qui a suivi, le président Philippe de Graeve a annoncé les prochaines parutions qui susciteront sans doute autant d’intérêt que ce livre, mais nous en reparlerons.

JY Blouin https://facealacorne.fr/

La Peña El Quite a reçu les Mayorales du Plumaçon : Claude et Romain Laborde.

La Peña el Quite a reçu jeudi 21 dans les salons du Richelieu Claude et Romain Laborde
pour une conférence sur les corrales. Nos deux mayorales ont commenté une série de vidéos préparée par la secrétaire de la peña sur l’embarquement et divers débarquements des toros de la Madeleine. Ils ont complété leurs commentaires par des précisions sur l’alimentation, les soins, la surveillance apportés aux toros durant leur séjour dans les corrales.
Ils ont également conté tous les dangers et incidents auxquels il faut veiller nuit et jour. Ils sont aidés dans ces travaux par les corraleros, cette équipe de quatre bénévoles qui a été montrée dans la dernière vidéo. La conférence a été très appréciée par les nombreux socios de la Peña el Quite dont certains sont béotiens dans cette phase mal connue de la Madeleine.
La soirée s’est poursuivie par un excellent apéritif convivial et un délicieux repas préparés par le Chef Thierry Pantel
Merci à nos Amis Claude et Romain d’avoir animé cette soirée.

(Commniqué)

© 2025 Corridasi - Tous droits réservés