Mois : mai 2025 Page 4 sur 16

JEREZ: LE LION DE LIMA SAUVE LA VIE DE « LABRIEGO »

Jerez quatriÚme et derniÚre de la féria del Caballo. Lleno de no hay billetes.

6 toros de Jandilla,  le sixiĂšme, ‘Labriego’ nÂș141, 520 kilos, nĂ© en 01/21 sera graciĂ©.

Photo M.B.

 MORANTE DE LA PUEBLA, silence et une oreille avec pĂ©tition de la seconde.

Photo M.B.

 ALEJANDRO TALAVANTE, deux oreilles et oreille.

‱ ANDRÉS ROCA REY, silence et deux oreilles symboliques.

Les banderilleros ‘Viruta’ et Paquito Algaba ont saluĂ© au troisiĂšme. Antonio ChacĂłn au sixiĂšme.

Photo MB

Le soir tombait, les hirondelles plongeaient sur le coso, dessinant leurs arabesques. Nous n’en pouvions d’enthousiasme, de joie, d’admiration… se levĂšrent alors quelques mouchoirs et quelques cris d’indulto puis, bientĂŽt, la plaza entiĂšre blanchit de pañuelos et ce fut un cri en faveur de la la grĂące unanime. Alors du palco tomba le mouchoir orange et le brave « Labriego » sauva sa peau. Roca le mena tranquillement Ă  la porte du toril qu’il franchit sans se faire prier pour rejoindre les verts pĂąturages de la dehesa et les vaches promises.

Cet Ă©pilogue glorieux d’une fĂ©ria historique fut scandĂ©e par les palmas por bulerias qui firent frissonner les murs de la vieille plaza et chavirer les cƓurs les plus endurcis. BientĂŽt la jeunesse jerezana descendit des tendidos et se prĂ©cipita sur le sable pour accompagner le hĂ©ros venu du PĂ©rou dans la vuelta du triomphe, partageant avec lui instant de sa gloire.

Le lot de Jandilla inĂ©gal dans sa prĂ©sentation avait nĂ©anmoins plus d’allure que celui de la veille. Au moral il y eut trois excellents Ă©lĂ©ments les seconds, cinquiĂšmes et sixiĂšmes. Le premier s’arrĂȘta aprĂšs deux piques sĂ©vĂšres (avec batacazo), le troisiĂšme noble mais soso, le quatriĂšme avait du genio.

On ne pensait pas Morante capable d’un doublĂ© aprĂšs le sommet de la veille. Il l’a pourtant frĂŽlĂ© et s’il n’a pas obtenu une nouvelle grande porte, on le doit au manque de sensibilitĂ© du palco, trop Ă©conome cette fois. Car sa seconde faena fut un modĂšle du genre, bĂątie d’une autre maniĂšre que le chef d’Ɠuvre de la veille. L’opposant avait son quota de vices cachĂ©s que le cigarerro sut parfaitement dominer pour bĂątir un ensemble fluide, luieux, Ă  mĂ s. Il s’appuya sur la corne droite de l’animal, la plus amĂšne, le conduisant au centre oĂč il effectua l’essentiel de labeur, terminant (mais oui !) par un recibir qui certes ne fut pas parfait (une demie lame) mais concluant. El de La Puebla est dans un grand moment: dĂ©cidĂ©, crĂ©atif, expĂ©rimentĂ©, il incarne le toreo idĂ©al comme il l’a largement montrĂ© Ă  Jerez.

Tout autre chose avec les maniĂšres de Talavante qui chauffa la salle lui aussi lors de son premier passage. L’excellent opposant de Jandilla lui permit de montrer sa facette la plus agrĂ©able: son cĂŽtĂ© vif-argent, ce goĂ»t de l’improvisation, ses clins d’Ɠil au public sans racolage, mais avec un sens du rythme, une dĂ©sinvolture plaisante. C’est un sĂ©ducteur patentĂ© et on oublie dans ses bons jours (s’en fut un) les quelques facilitĂ©s qu’il se donne. Il tua le cinquiĂšme en deux fois.

AndrĂ©s Roca Rey n’a pas manquĂ© sa prĂ©sentation jerezana et le public porta le PĂ©ruvien, sans ces acrimonies, ces rĂ©ticences iniques qui pĂšsent sur les Ă©paules du jeune pĂ©ruvien. Dans ce climat de confiance, le jeune pĂ©ruvien se donna au maximum Ă  la cape par vĂ©roniques, saltilleras et gaoneras puis Ă  la muleta face Ă  l’ultime. Faena importante bĂątie de maniĂšre lucide en citant de loin Ă  genoux pour dĂ©buter puis raccourcissant le terrain et se plantant dans les cornes oĂč il excelle lĂ  oĂč personne ne va (sauf lui !). Le toro rĂ©pondant avec classe Ă  ses avances, AndrĂ©s enchaĂźna les circulaires inversĂ©es, les arrucinas hallucinantes, les improbables changements de mains. Toujours dans les cornes avec une absolue sincĂ©ritĂ© Ă  laquelle le public se rendit.

Ainsi, le chercher Ă  tout prix, par la force de son indomptable courage, le lion de Lima sauva la vie de « Labriego »…

Pierre Vidal

Cordoue: Perera par la porte des Califes

Plaza de toros de Córdoba, Andalucía. DeuxiÚme de la Feria de la Salud 2025. 1/2 entrée.

 Toros de El Pilar

‱ MIGUEL ÁNGEL PERERA, ovation et deux oreilles.

‱ EMILIO DE JUSTO, ovation et ovation.

‱ BORJA JIMÉNEZ, vuelta al ruedo et ovation.

Seulement une demie arĂšne pour Miguel Angel Perera, Emilio de Justo et Borja Jimenez avec une corrida de El Pilar homogĂšne Ă  tous points de vue. Qu’il s’agisse de prĂ©sentation, 540-530kg les deux premiers et 500-510 les suivants. Du moral, bons pour les toreros mĂȘme si le premier a avisĂ© deux fois Ă  gauche dĂšs les premiĂšres passes de ce cĂŽtĂ©. Et de la faiblesse, parler d’un manque de force serait un euphĂ©misme. La palme revient aux deux premiers sans carburant dans le moteur au bout de seulement deux sĂ©ries
 Dans ces conditions, inutile de dire que les deuxiĂšmes piques ont Ă©tĂ© symboliquement rĂ©glementaires. Les premiĂšres des 4e et 5e ont Ă©tĂ© lĂ©gĂšres. Quant au 3e et 6e, simples picotazos avec le manche vite relevĂ©. Il est Ă  noter toutefois que les toros n’ont pas dĂ©veloppĂ© de genio dĂ©fensif comme leurs frĂšres, certes plus ĂągĂ©s, lidiĂ©s Ă  Madrid il y a deux semaines.
Miguel Angel Perera est dans un grand moment de maturitĂ© qui lui permet de s’adapter aux conditions de ses adversaires avec justesse et sobriĂ©tĂ©. Il a eu le mĂ©rite Ă  son premier de ne pas insister dĂšs que son opposant a baissĂ© de niveau. Une entiĂšre bien portĂ©e lui a permis de saluer au tiers. Le 4e mĂ©nagĂ© Ă  la pique lui a permis une faena complĂšte terminĂ©e par des luquecinas serrĂ©es au ralenti. L’estoconazo Ă  lui seul valait la deuxiĂšme oreille.

Emilio de Justo est un torero puissant qui a besoin de toros avec un minimum de transmission pour que ses faenas prennent leur essor. MalgrĂ© la qualitĂ© de son toreo, ce n’était pas le cas aujourd’hui, avec en plus une mise Ă  mort plus dĂ©licate au 5e.
Borja Jimenez, en plus de sa qualitĂ© artistique et de son courage, dĂ©borde d’envie. Ça se reconnaĂźt et cela transmet. À noter au 3e une sĂ©rie de naturelles avec la muleta balayant le sable puis un enchaĂźnement proche du tres en uno: passe des fleurs, trincherazo, changement de main pour une naturelle. Au 6e, dĂ©but par des cambios por la espalda, et une grande sĂ©rie Ă  droite conclue par un pecho de la tĂȘte Ă  la queue. Des difficultĂ©s Ă  la mort ne lui ont pas permis de triompher : vuelta et salut.

Pierre Vidal

Madrid, Ă  Pablo le duel des artistes

Madrid. Mano a Mano : Juan Ortega/Pablo Aguado. Lleno de no hay billetes. Plaza de toros Las Ventas. Samedi 24 mai 2025. 

Toros de Juan Pedro Domecq et Torrealta (6Âș),

‱ JUAN ORTEGA, silence, silence et silence aprùs avis.

‱ PABLO AGUADO, silence, ovation et oreille.

Une premiĂšre rĂ©flexion s’impose, depuis le dĂ©but de ce cycle isidril 2025 six fois sur treize on a enregistrĂ© des  llenos absolus,des No hay billetes qui font enrager les ennemis de la corrida et dĂ©mentent le mensonge dĂ©libĂ©rĂ© selon lequel les gens fuiraient les arĂšnes ! Partout les gradins sont pleins ou presque, , Ce soir encore pour un mano a mano d’artistes les 22000 places de Las Ventas sont presque remplies . 

Toros de cinq ans (oct 19 Ă  Jan 20) trĂšs Ă©galement rĂ©partis en poids couleur de robe et armures entre les deux  maestros.Poids moyen :555kg, musculeux, longs, sĂ©rieux.Deux plus hauts et lourde, simplement la diffĂ©rence vient de ce que Juan Ortega hĂ©rite de 3 Juan Pedro Domecq et Pablo Aguado du siciĂšme, un Torrealta. 

Alors faisons comme si  tout allait bien ou mal ,ou s’il Ă©tait normal de voir dĂ©filer cinq premiers toros de poids correct, bien faits, armĂ©s finement   vers l’avant ou vers le haut, mais tous sans caste, mansitos, faisant croire une fois qu’ils allaient pousser au cheval mais non.. Qu’ls allaient embister dans les capotes mais non, et je fais le malin, le torero essaye, honnĂȘtement il essaie, mais mĂȘme les banderilleros qui tous les soirs jusqu’ici se donnaient du mal, Ă  quelque cuadrilla qu’ils appartinssent , n’ont pas tentĂ© grand-chose. Tout n’Ă©tait pas leur faute, Ivan Garcia s’est mĂ©fiĂ© non sans raison de deux des toros d’Aguado, El Victor s’est fait.. toucher bousculer accrocher.. Enfin disons- le en dehors de quelques gestes Ă©lĂ©gants, de quelques quites  par chicuelinas ou delantales de l’un et l’autre de ce mano a mano, on ne vit pas grand-chose et on entendit rouspĂ©ter les gradins, et les gradins ne sont pas toujours des gredins. 

Je vous épargne les détails des faenas, un coup à droite deux coups à gauche, des épées dont on peut éviter de donner la description, en avant, sur le cÎté, mete y sacca, une demie, un tiers, deux pinchazos   bref, il a fallu attendre le toro de la tarde, Tabellino, 575 Kg, Noir cendré, superbe . 

Pablo Aguado  l’a tout de suite senti comme un alliĂ© futur, pour cela il fallait donner des consignes au piquero qui n’en a pas tenu compte et a carioquĂ© de facon  Ă  rĂ©duire  le port de tĂȘte de l’animal.Cela en douce appuyĂ© aux tablas en faisant bien  tourner la pique. 

Tabellino avait heureusement des rĂ©serves de force et de noblesse teintĂ©e de bravoure et de danger. 

On vĂ©cut une faena sĂ©villane douce limpide  templĂ©e donnĂ©e avec intelligence et science Ă  un toro que les belluaires auraient combattu comme un ennemi, alors que , cela se voyait au sourire de Pablo Aguado, il voulait s’en faire un partenaire de jeu mortel, certes, mais un partenaire. 

Tous les autres toros avaient Ă©tĂ© plus ou moins sifflĂ©s Ă  l’arrastre, les toreros avaient tous les deux Ă©coutĂ© le silence assourdissant de Las Ventas.  Aguado fur trĂšs fĂȘtĂ©,  reçut une oreille de Tabellino qui lui aussi fut acclamĂ© ! C’est peut-ĂȘtre aussi pour Tabellino que nous supportons tant de Samourai, Montilillo Oxidudo . Et on ne sait jamais, jamais, ce qui va sortir des chiqueros.. 

Demain je vous retouve pour les Fuente Ymbro ,Curro Diaz,Roman, Diego San Roman. A demain ! 

Jean François NeviÚre

 

Cordoue: capacité de Zulueta

Cordoue – Novillada mixte. Un tiers.

Novillos de Hermanos Collado Ruiz (1Âș et 5) et El Cotillo (2Âș y 4Âș) et erales de Enrique Ponce 

Fuentes Bocanegra, vuelta al ruedo et ovation; 

Javier Zulueta, oreille et deux oreilles;

Le novillero sans picadors Manuel Quintana, oreille et deux oreilles.

Une novillada mixte avec l’éventail des toreros de ces niveaux ( deux avec picadors, Bocanegra et Zulueta, et Quintero en non piquĂ©e) plus trois Ă©levages diffĂ©rents. Des novillos de Collado Ruiz (1 et 5) trĂšs bons, mĂȘme si le 1er a accusĂ© avec les prĂšs de 40kg de surcharge pondĂ©rale par rapport aux trois autres. On peut d’ailleurs se demander si 500kg pour un novillo de 3 ans et 4 mois ce n’est pas trop
 c’est un autre dĂ©bat. 2 et 4 d’El Cotillo plus moyens mais avec de la mobilitĂ©, mĂȘme si le 2e avait du mal Ă  terminer les passes. 2 erales d’Enrique Ponce.

Les trois toreros faisaient leur présentation ici.
Zulueta, apodĂ©rĂ© par l’impresario de SĂ©ville, est dans une trajectoire de piste aux Ă©toiles que ses qualitĂ©s artistiques mĂ©ritent. Il a fait tout l’étalage de ses capacitĂ©s et de l’étendue de son registre. Il a rĂ©solu avec facilitĂ© les difficultĂ©s du 2e pour l’amener Ă  se livrer et a rĂ©alisĂ© au 5e une faena variĂ©e de bon goĂ»t. Deux entiĂšres bien portĂ©es. 1 et 2 oreilles.
Bocanegra n’a certainement pas eu les mĂȘmes opportunitĂ©s de formation. Il a fait montre de sa bonne volontĂ© mais n’a Ă©videmment pas le mĂȘme bagage. Il tarde Ă  s’accoupler avec le 1er et deux derechazos profonds n’arrivent qu’en fin de faena. Une demie Ă©pĂ©e en biais ne lui permet qu’une vuelta malgrĂ© le soutien de ses concitoyens. Avec le 4e, il voit rapidement la bonne corne gauche pour deux sĂ©ries de belle facture. MalgrĂ© que le novillo ait baissĂ© de ton, il veut y revenir exploiter le filon. S’en suit un final brouillon et accrochĂ©. De multiples descabellos ne lui permettent qu’un timide salut.

Les erales de Ponce ont du jeu. Quintero montre tout son temple avec le 3e, en particulier dĂšs la premiĂšre tanda de vĂ©roniques. Une prolongation inutile de la faena, le mal du siĂšcle, fait baisser l’engouement. EntiĂšre et oreille. Il ne rĂ©pĂštera pas la mĂȘme erreur au 6e. Son amplitude de geste lui permet permet une faena marquĂ©e par la profondeur. EntiĂšre et deux oreilles. MĂȘme si le chemin est encore long, voilĂ  une belle promesse pour l’avenir.

Michel Naudy

Jerez: Le GĂ©nie de La Puebla a parlĂ©…

Plaza de toros de Jerez de la Frontera, CĂĄdiz. TroisiĂšme de la Feria del Caballo 2025. Plus de 3/4. 

Toros de Ălvaro NĂșñez, vuelta al ruedo, pour le quatriĂšme ‘Negro’ nÂș66.

‱ MORANTE DE LA PUEBLA, oreille et deux oreilles et la queue.

‱ SEBASTIÁN CASTELLA, oreille aprĂšs avis et oreille.

‱ JOSÉ MARÍA MANZANARES, oreille et ovation.

Salut des banderilleros Curro Robles au premier, Jao Ferreira au sixiĂšme, Chacon au cinquiĂšme, .

Le gĂ©nie de la Puebla a parlĂ© hier Ă  Jerez et mĂȘme ceux qui ne sont pas ses dĂ©vots, qui ne font pas partie de sa secte, ont Ă©tĂ© bouleversĂ©s, Ă©poustouflĂ©s par sa parole qui peut se rĂ©sumer en un adage simple : « tout ce qui est artistique est incomparable, inĂ©galable et lĂ , dans la beautĂ©, se trouve la justification ultime de notre passion taurine ».

Certes la corrida ne payait pas de mine : envoi de tailles modestes, aux dĂ©fenses mĂ©diocres au regard des « mammouths isidrils Â». Certes ! mais nous sommes dans une arĂšne de deuxiĂšme catĂ©gorie et il est sorti « le toro de Jerez ». On ne va pas Ă©piloguer sur cet ensemble (excessivement) engageant mais encastĂ©, mobile, partant vaillamment pour la mono-pique en usage ici, allĂšgre par la suite, se jetant avec classe dans les leurres. On mettra un bĂ©mol pour le premier qui ne dura pas et pour le sixiĂšme. Les meilleurs : le second et le quatriĂšme.

Devant ces crĂšmes, soutenus par un public attentif et respectueux, les coletudos, sereins, donnĂšrent le meilleur d’eux-mĂȘmes picadors, lidiadors et banderilleros, dans un bel ensemble, pour un spectacle enthousiasmant. Il restera dans les annales en raison de la seconde faena de Morante de la Puebla que l’on ne saurait rĂ©sumer ici tant elle tutoya les sommets. Une faena complĂšte, longue, instrumentĂ©e des deux cĂŽtĂ©s, avec un temple incomparable, engagĂ© un maximum, variĂ©e, ornĂ©e de molinetes, pechos, pases del desprecio, trincherillas avec cet empaque, cette maniĂšre unique de se pencher sur l’animal sĂ©duit, hypnotisĂ© par la flanelle menĂ©e avec la douceur du torero cigarrero.

Ah ! les senteurs de la Marisma ! Ah ! les cris des golondrinas qui percent le soir tombant sur la plaza Ah ! les lointains fandangos de Huelva chantĂ©s sur les chemins du Rocio
 Tout cela Ă©voquĂ© dans la muleta du magicien qui nous a conduit sur le chemin de cet univers prĂ©cieux, loin des affrontements sans issue et des combats perdus d’avance. Morante oui : il arrĂȘte le temps


Je ne vous ai pas parlĂ© de son toreo de capote : cette douzaine de vĂ©roniques au ralenti en marchant vers le centre (donnĂ©es Ă  ses deux passages) qui nous auraient contentĂ©es
 s’il n’y avait pas eu la suite, mais je veux dire un mot de l’estoconazo final (au quatriĂšme) en se mouillant les doigts, donnĂ© comme un mort de faim, un dĂ©butant qui veut se faire un nom et qui se la joue Ă  la vie Ă  la mort…

Visage ensangalantĂ© de Castella qui dut passer Ă  l’infirmerie

Morante a signĂ© Ă  Jerez une de ses meilleures faenas et il Ă©tait difficile de passer aprĂšs lui. Castella a Ă©tĂ© Ă  la hauteur, dans son style puissant, viril, profond aussi en donnant l’avantage Ă  l’animal. Le second avait le gaz nĂ©cessaire et sa faena rythmĂ©e, engagĂ©e fut suivie avec enthousiasme. Il termina par manoletinas et subit une trĂšs dure voltereta avec une coupure Ă  l’arcade; tuant en deux fois. Il coupa l’oreille du cinquiĂšme grĂące Ă  un estoconazo d’effet rapide.

De bons moments de la part de Manzanares face au troisiĂšme avec ce sens de la plastique qu’on lui connaĂźt et une estocade bien placĂ©e. Le dernier, garbanzo negro du lot, ne lui permit pas de briller.

C’est la lumiĂšre de La Puebla qui restera dans nos rĂ©tines.

Pierre Vidal

San Isidro: Mourir Ă  Madrid…

Plaza de toros de Las Ventas (Madrid). TrĂ©ziĂšme de la Feria de San Isidro. Lleno de ‘No hay billetes’.

Toros de Victoriano del RĂ­o.

‱ EMILIO DE JUSTO, silence aprĂšs avis et oreille. 

‱ ROCA REY, silence et silence aprĂšs avis. 

‱ TOMÁS RUFO, silence aprĂšs avis et vuelta al ruedo. 

Ce devait ĂȘtre une aprĂšs-midi de triomphe pour ces trois jeunes hommes, courageux et dĂ©terminĂ©s : les taureaux de Victoriano del Rio, musculeux, aux cornes redoutables, ont eu un comportement bien inĂ©gal. Les toreros devront aussi rĂ©viser l’art de la mise Ă  mort ( notamment Emilio de Justo et Tomas Rufo). Bref, si les combats furent passionnants, chacun resta sur sa faim.
Emilio de Justo, montra dans une faena classique son pouvoir de domination sur un animal brave, noble mais rude dans sa charge. HĂ©las : 2 pinchazos, un quart d’épĂ©e, et une demie et l’affaire n’était plus dans le sac. Silence.
Le deuxiĂšme d’ Emilio de Justo, le dĂ©nommĂ© Bocinero, incertain au cheval, succomba Ă  la volontĂ© de fer du torero : celui-ci plaça parfaitement sa main sur le bĂąton de la muleta. Comme il avait les pieds bien plantĂ©s sur le sable, il abandonna ainsi toute tension, ce qui provoqua des moments trĂšs inspirĂ©s, artistiques qui firent
rugir le public. Une entiĂšre. Une oreille.
AndrĂšs Roca Rey qui brilla dans divers quites ne pĂ»t que gĂ©rer les affaires courantes avec « Impuesto Â», peu brave, violent parfois. Il abrĂ©gea la faena. Une entiĂšre un peu Ă  gauche. Silence.
On attendait beaucoup d’Amante, qui galopait avec entrain.Trop d’entrain puisqu’il ila direct sur le cheval et sans doute y laissa ses forces. Le travail de Roca Rey, toujours volontaire, se rĂ©suma Ă  mener une lidia sĂ©rieuse mais sans Ăąme, faute de combattant. Pinchazo. Estocade entiĂšre. Un avis.
Tomas Rufo opta pour une entame de faena spectaculaire : Ă  genoux devant Bisonte, il souleva l’enthousiasme du public et imposa par la suite un rythme rĂ©gulier, bien cadencĂ© Ă  ce taureau noble. Les Ă©checs successifs Ă  l’épĂ©e le privĂšrent d’un trophĂ©e.
Cependant, le dernier taureau , Alarbadero, qui avait de grandes qualitĂ©s, permit Ă  Tomas Rufo de montrer sa maĂźtrise, ses qualitĂ©s, courage et dĂ©termination : ce fut un feu d’artifice de muletazos et naturelles.
Et lĂ , l’aficionado prend sa tĂȘte entre ses mains : misĂšre ! Un fiasco Ă  la mise Ă  mort.

HUGO SOUVILLE

SUERTE MANUEL !

Il n’y a pas que Madrid : ce dimanche 25 mai, Manuel Roman prendra l’alternative des mains de Juan Ortega avec pour tĂ©moin Andres Roca Rey, devant des toros de Domingo Hernandez, dans sa ville natale de Cordoue.

Doblon de manuel Roman à une vache de Santiago Domecq, à la ganaderia, le 10 mai 2025. ©JYB

Nous l’avions vu en tienta chez Santiago Domecq il y a quelques jours, et sa maitrise n’a pas beaucoup changĂ© depuis une prĂ©cĂ©dente tienta chez Virgen Maria dont le compte-rendu figure ci-dessous

https://facealacorne.fr/campo-tienta-chez-virgen-maria/embed/#?secret=lGcNTD21xE#?secret=FIpvkY0Aep

Son style plein de profondeur reste marquĂ© par une sobriĂ©tĂ© et un clacissisme qui plaisent beaucoup; trĂšs Ă©quilibrĂ©, sans ces fioritures tremendistes que certains jeunes se croient obligĂ©s de multiplier pour conquĂ©rir le public. Qu’on en juge :

Naturelle de Manuel Roman à une vache de Santiago Domecq, à la ganaderia, le 10 mai 2025. ©JYB
Circulaire inversée de Manuel Roman à une vache de Santiago Domecq, à la ganaderia, le 10 mai 2025. ©JYB
Doblon de Manuel Roman à une vache de Santiago Domecq, à la ganaderia, le 10 mai 2025. ©JYB

Ses deux vaches d’une grande noblesse (la premiĂšre manquant de bravoure au cheval) ont Ă©tĂ© dominĂ©es avec aisance, ce qui augure bien de la corrida de dimanche Ă  Cordoue !

JY Blouin https://facealacorne.fr/

Sanlucar: concours de pasodobles

La Commission pour les Ă©vĂ©nements commĂ©moratifs du 125e anniversaire du « Coso del Pino », Ă  laquelle appartient Carmelo GarcĂ­a, l’empresario a convoquĂ© un Concours National de composition de Pasodobles taurins, profitant de cet anniversaire remarquable.

En plus d’encourager la crĂ©ation artistique et de promouvoir SanlĂșcar de Barrameda, le but de cet appel est de « composer un pasodoble dĂ©diĂ© en son honneur au Coso del Pino, coĂŻncidant avec une date si importante et un Ă©vĂ©nement si pertinent », a dĂ©clarĂ© Carmelo GarcĂ­a.

Tous les Ă©vĂ©nements organisĂ©s Ă  l’occasion du 125Ăšme anniversaire de ‘Coso del Pino’ sont sponsorisĂ©s par @diputaciondecadiz ainsi qu’avec la collaboration de @ayto_sanlucar

Sanlucar : Aracelli Guillaume Ă©voque avec brio l’histoire taurine de la citĂ© de la Manzanilla

Aracelli Guillaume entourée du Maestro « El Marismeño » et de Antonio Ruiz

Devant plus de deux cents personne Aracelli Guillaume Alonso, professeur d’histoire de l’Espagne classique Ă  Sorbonne UniversitĂ©, autrice de nombreux livres sur l’histoire de l’Espagne et membre Ă©minent du Club Taurin de Paris a prĂ©sentĂ© mercredi soir une confĂ©rence sur le thĂšme « 5 siĂšcles de toreo en Sanlucar de la plaza d’en haut Ă  celle d’en bas » en compagnie de l’historien local Antonio Moreno; confĂ©rence prĂ©sentĂ©e par le vĂ©tĂ©rinaire Antonio Ruiz. SoirĂ©e brillante qui avait pour cadre la magnifique bodega Yuste et qui se plaçait dans le cadre d’un cycle organisĂ© par l’empresario sanluqueño Carmelo Garcia, cĂ©lĂ©brant les 125 ans des arĂšnes du Coso del Pino.

Au cours de la soirĂ©e les confĂ©renciers ont Ă©voquĂ© la longue histoire taurine de Sanlucar qui dĂ©bute dĂšs 1502 sur la plaza de la Paz dans ce que l’on nomme aujourd’hui le « barrio alto ». A cette Ă©poque la tauromachie sanluqueña est liĂ©e aux Ducs de Medina Sidonia et Ă  la noblesse locale. Puis vint le temps des corridas qui se dĂ©roulaient sur la fameuse place du Calbido.

C’est en 1900 que fut entrepris la construction du fameux Coso del Pino, des travaux qui connurent des avatars mais qui nourrirent de nombreux journaliers qui vivaient pauvrement. Aracelli a rappelĂ© ensuite les nombreux toreros qui sont passĂ©s dans ces arĂšnes mythiques « tous les plus grands suaf Manolete ou Luis Dominguin » elle a Ă©voquĂ© aussi les noms prestigieux des grands toreros de Sanlucar comme Paco Ojeda ou El Marismeño prĂ©sent pour l’occasion.

Pierre Vidal

Madrid rend hommage à Nimeño II

La salle « Bienvenida » de Las Ventas Ă  Madrid a affichĂ© le « no hay billetes » ce midi pour l’hommage Ă  Christian Montcouquiol « Nimeño II ». Dans l’assemblĂ©e, de nombreux Français, mais aussi des matadors de toros (Uceda Leal, Éric Cortes, Ángel Majano, Pedro Carra), des Ă©leveurs (Carlos AragĂłn Cancela) et apoderados.

À la table des invitĂ©s Ă©taient prĂ©sents Margarita Nuñez Sandoval, Victor Mendes, Domingo de la CĂĄmara et les auteurs du livre « Nimeño II, un nĂźmois dans l’arĂšne » JoĂ«l Bartolotti et Jean Charles Roux. Luis Francisco EsplĂĄ, l’ami de toujours de Christian, avait envoyĂ© une Ă©mouvante vidĂ©o et le VĂ©nĂ©zuĂ©lien Morenito de Maracay a participĂ© lui aussi en envoyant un tĂ©moignage.

Sur l’écran : Luis Francisco EsplĂĄ

Pendant plus d’une heure, le souvenir de Nimeño fut Ă©voquĂ© avec des moments forts comme quand Margarita fut ovationnĂ©e par le public en reconnaissance de l’aide qu’elle a apportĂ©e en AmĂ©rique aux frĂšres Nimeño. Domingo de la CĂĄmara et Mendes ne furent pas en reste et prononcĂšrent quelques phrases qui allĂšrent droit au cƓur de l’assistance. L’ovation finale en mĂ©moire de Christian fut un moment particulier et plein de sensibilitĂ©. 46 ans aprĂšs sa confirmation d’alternative Nimeño II est sorti par la grande porte de Las Ventas. Sa trajectoire exemplaire le valait bien


(Communiqué)

torofiesta.com

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