Auteur/autrice : Rédaction Page 31 sur 35

Hugo Tarbelli brille à Magescq avec trois oreilles

À l’abri de la chaleur des arènes couvertes de Magescq, la seconde novillada non piquée de la temporada approche. On garde un bon souvenir de la Ganaderia El Palmeral l’an dernier à Saint-Sever. L’encaste Atanasio exige des novilleros aguerris. Andy Martin, triomphateur à Hagetmeau, et Hugo Tarbelli, victorieux à Rion des Landes lors de la novillada non piquée matinale et désormais à l’école taurine de Navas Del Rey, seront présents. Pour finir, David Gutteriez de l’école taurine de Badajoz, vainqueur de plusieurs bolsins en Espagne, complétera l’affiche.

Fiche technique

President : Cyril Pinsolle

Public : 8/10

Musique : La Mi Sol de Castets

Andy Martin Afap  de Nîmes : avis et Silence /Silence

Hugo Tarbelli Ecole Taurine Navas Del Rey : une oreille et deux oreilles et avis prix de l’Acoso

Diego Gutteriez Ecole Taurine de Badajoz : Silence et Silence deux avis prix Bernard Menard

Le club taurin de Magescq prononce un discours en soutien à la mariposa de Vieux-Boucau avant le paseo, accompagné d’applaudissements chaleureux. Le lot de becerros, âgés de deux ans, présente une homogénéité remarquable. Cependant, on observe chez eux une certaine distraction ainsi qu’un manque de caste.

Andy Martin

Dès les premières passes à la cape, Andy démontre une maîtrise de la cape laissant à Hugo Tarbelli de quoi faire une série de chicuelinas. La faena commence par des doblones, à la muleta, une série de derechazos qui monte à mas . Malgré des moments forts, certains passages manquent de profondeur, laissant le public sur sa faim. Le becerro a mis le novillero à l’épreuve, notamment sur les passes naturelles, exigeant précision et sang-froid. La deuxième série de passes à droite a été mieux structurée, témoignant de l’adaptabilité et de l’apprentissage rapide d’Andy Martin. La faena s’est clôturée avec un pinchazo suivi d’une estocade entière. L’avis tombe après l’épée.

Second becerro pour Andy Martin. Larga et domination du novillero sur le becerro à la cape. Nouveau quite de Hugo Tarbelli. Brindis aux areneros. Les premières séries de derechazos sont appliquées et avec de la profondeur, le public apprécie. Le becerro est compliqué sur les naturelles. Un manque d’alegría et quelques applaudissements d’encouragement. La seconde série de naturelles est meilleure. Le public n’exprime pas d’émotion. Précipitation lors de la première tentative à l’épée. Les clarines font retentir l’avis. La dernière épée est basse. Silence retenti.

Hugo Tarbelli

Dès le début, il a exécuté une série de passes à la cape avec joie et assurance, captivant le public. Il a terminé cette série par une rebolera, ce qui a suscité des applaudissements nourris de la part du public. Le novillero ensuite pose les trois paires de banderilles Pour montrer son respect et son engagement, il dédie sa faena au public local. Au centre de l’arène, il entame sa faena à genoux qui captive les spectateurs. Tout au long de la faena, il a montré sa domination sur le jeune taureau à travers une série de derechazos maîtrisés. Le public est absorbé par sa prestation, ses passes naturelles sont exécutées avec une profondeur. Lors des dernières séries, il est désarmé et accroché. La faena s’est conclue avec succès lors de la première tentative à l’épée, qui a été entière et légèrement en arrière. Hugo Tarbelli propose une approche différente de son précédent becerro à la cape, le public qui le soutient applaudit.

Il répond au quite de David Guttierez avec brio. Vuelta de campana du becerro. Jolie pose de banderilles de Jeremy Banti et Alexis Ducasse. Brindis à Jean Baptiste Molas. Il commence à genoux des derechazos. Il exige trop du becerro qui tombe. Les naturelles expriment de la profondeur et de la douceur. Il se fait accrocher la muleta sur les suivantes. Le becerro charge de loin. Comme sur le précédent, sa faena porte sur le public. Une continuité dans son engagement et efficacité à l’épée comme Ramos dans les coups de pied.Le becerro tarde à tomber l’avis retenti et il utilise le descabello. Applaudissements nourris du public.  Deux oreilles.

David Guttierez

Le novillero exécute avec douceur à la cape une faena qui se termine par une rebolera. Quitte Andy Martin avec quelques applaudissements. Brindis au public du novillero. Début de faena classique par des passes par le bas que le public remarque, en plein centre. Le becerro, dans le vuelo pour les derechazos ; le reste de la faena est sur le passage. Il se fait prendre sur la première série de naturelles car il n’amène pas le becerro assez loin. Le becerro est meilleur à gauche qu’à droite. Le novillero insiste sur les derechazos. Il finit avec des manoletinas. L’épreuve du fer se conclut par trois pinchazos, un avis et une estocade légèrement en arrière.

Le dernier becerro est applaudi à la sortie du toril. Le novillero est appliqué. Il se fait prendre car le becerro a une charge courte. Le becerro a du gaz. La seconde série de derechazos est plus appliquée. Les naturelles sont meilleures que sur le précédent becerro, la faena va à plus. Ces séries amènent plus de profondeur. Difficultés à placer le becerro pour le tuer, l’avis résonne. Belle épée entière, bien placée du novillero. Le second avis sonne et des difficultés au descabello.

Texte Nicolas Couffignal et photos Bertrand Caritey

EL SORO A PARIS

C’est une des richesses du Club Taurin de Paris, de ne pas se contenter d’inviter les gloires médiatiques du moment, mais de rendre hommage à ceux qui ont fait vivre la corrida et méritent de laisser leur trace sur le « wall of fame » du monde taurin.

C’est à ce titre, que Vicente Ruiz El Soro était l’invité du CTP en ce 4 mars, et l’on peut dire qu’il n’a pas déçu !

En le présentant, Nicolas Havouis le décrit comme un homme qui a fait des folies ! Mais surtout comme un torero populaire, en remarquant qu’en Espagnol, pueblo signifie à la fois peuple et village. D’où l’amour qui dure depuis toujours entre El Soro et le peuple de Foyos son village natal.

Cartel de la corrida de Caceres, du 29 mai 1983.

Il souligne qu’El Soro est un torero majeur des années 80-90 et un des plus grands banderilleros de l’histoire taurine : en témoignent ses cartels avec Espla, Mendez, Morenito de Maracaï et Nimeno. C’est un modèle d’alegria en tauromachie qui a survécu à d’innombrables blessures et réussi à surmonter la destruction de son genou dans les arènes pour revenir toréer après 20 ans de soins et d’opérations.

Il lui attribue la phrase : «  j’aime les paellas mais pour faire ce que j’ai fait, il faut des « cojones » (attributs qui ne sont pas spécifiquement masculins mais parfaitement taurins !)

Cet accueil se termine par un « aurresku » musical offert par Michel Pastre, saxophoniste de jazz bien connu qui sortira de son registre pour enchainer sur un paso doble appris la veille. Visiblement El Soro apprécie et rythme les thèmes de ses battements de mains.

El Soro lui-même prend alors la parole pour évoquer les souvenirs moins de sa carrière de torero que de sa vie : « J’ai 3 amours : Eva (sa compagne), la musique et le toro. » Grâce à ce dernier il a parcouru le monde pendant 20 ans ce qu’il n’aurait pu faire dans aucune autre profession. 

Son père était novillero et devait faire vivre une famille de 9 frères et sœurs.

Dans sa jeunesse, il aimait déjà beaucoup la musique, mais alors qu’il devait jouer avec la banda des arènes, un jour de corrida, il s’échappa car il avait décidé (à 9 ans) qu’il ne voulait plus être musicien, mais devenir torero.

Il a même fait partie d’une troupe de toreros comiques, dans la partie sérieuse.

El Soro au Club taurin de Paris, le 4 mars 2025. ©JYB

Sur sa carrière, pourtant brillante, El Soro n’insiste pas. Il reconnait que ses maitres, les grands banderilleros de son temps, lui ont appris à avoir l’intuition du toro pour maîtriser le deuxième tercio. Il a beaucoup aimé sa profession, travaillé son corps « gordito » (enveloppé) pour pouvoir faire même le recortador et réussir.

Pour lui, dans la fiesta authentique, il y a le toro, lui et rien d’autre. La façon de galoper est le langage du toro mais son regard aussi est un signal. « S’il n’y avait pas de toros, il n’y aurait pas d’artistes et le monde n’existerait pas ! »

Pour rendre hommage à trop de ces artistes qu’il a vus mourir autour de lui, ( Paquirri, Caceres, Montoliu,) El Soro prend sa trompette et, concentré et visiblement ému, joue alors l’Ave Maria de Schubert.

El Soro, musicien plein d’émotion, au Club Taurin de Paris, le 4 mars 2025. ©JYB

Question : Valence est une terre de taurins et de musiciens : quel lien fait-il entre la tauromachie et la musique à Valence ?

Quand il était petit et regardait le ruedo, il voulait être comme Granero torero et musicien. (Granero outre d’être un matador de classe était un violoniste reconnu). L’art est le hasard du torero valencien. Et en hommage aux artistes valenciens, El Soro ressort sa trompette et joue un extrait du Concerto d’Aranjuez de Rodrigo.

Lui-même a connu son lot d’accidents, subissant 62 séjours à l’hôpital dont 49 pour sa seule blessure au genou, et recevant à 3 reprises l’extrême onction. À l’approche de la mort, « on pense à l’amour, à la famille et à Dieu ».

D’ailleurs, « la vie est un rêve » !

Arrivée d’El Soro au Club Taurin de Paris, le 4 mars 2025. ©JYB

Il a dépensé toute sa fortune pour trouver, aux 4 coins du monde, le chirurgien qui lui permettrait de marcher et courir pour revenir dans l’arène : le docteur miracle qui l’a opéré voulait lui couper la jambe ! Son obstination à vouloir re-toréer n’a pour objet que de montrer aux jeunes générations le « bon chemin ». 20 ans après sa blessure, il revient aux arènes malgré son poids, maigrit et s’entraine comme avant et il triomphe en 2015 au cours d’une tarde d’anthologie à Valence où il est allé à porta gayola, assis sur une chaise car il ne pouvait pas s’agenouiller ! Ce jour là, son Mozo de espada refusait de l’habiller car « c’était aller à la mort ». Mais lui voulait encore ressentir 20 ans après, la tension, le toro, le public, les caméras. Même son fils ne voulait pas rester aux arènes, par peur de le voir se faire prendre par la corne.

Question : Vous qui avez affronté la mort, que ressentiez-vous à porta gayola ?

Il est allé très souvent à porta gayola, mais le toro est un  mystère. La suerte de porta gayola est basée sur l’attente, la patience, pour capter son attention au dernier moment.

Une fois, agenouillé devant la porte de la peur, il a vu 2 toros sortir en même temps : lorsqu’on lui a piqué la devise sur le morillo, la réaction du premier a été telle qu’il a défoncé la porte du chiquero voisin et que les deux toros sont sortis ensemble : émotion !

El Soro musicien au Club Taurin de Paris, le 4 mars 2025. ©JYB

En guise de conclusion, El Soro joue « Comme d’habitude » avant d’enchainer avec « Valencia » en duo avec Michel Pastre, sous les applaudissements d’aficionados enchantés.

El Soro avec Araceli Guillaume Alonso, Nicolas Havouis et Patrick Guillaume au CTP le 4 mars 2025. ©JYB

La soirée se poursuivra dans un bar à vins voisin où El Soro signera le livre d’or du Club et appréciera l’enthousiasme des membres du CTP et se pliera volontiers aux obligations de la photo souvenir.

El Soro avec une partie des membres du CTP le 4 mars 2025. ©JYB

Et pour ne pas oublier que Paris est terre d’aficion, rendez-vous dimanche 9 mars à 10h30 au cinéma Arlequin Rue de Rennes pour la projection en avant-première de Tardes de Soledad, en présence d’Albert Serra.

JY Blouin texte et photos https://facealacorne.fr/

Les Cahiers du Cinéma : Un hommage à la culture taurine avec la couverture de Roca Rey pour le documentaire « Tardes de Soledad

C’est une belle mise en avant de notre culture taurine, souvent décriée par les anti-corridas, que propose le magazine « Les Cahiers du Cinéma » avec sa couverture mettant en vedette le torero Roca Rey pour le documentaire « Tardes de Soledad ».

La corrida, autrefois fréquemment traitée au cinéma à une époque où ses détracteurs étaient minoritaires, trouve ici un nouvel élan et un hommage cinématographique.

Aujourd’hui, défendre cette tradition relève du courage, au même titre que d’aller affronter les toros dans l’arène. Ce documentaire nous offre une occasion unique de plonger dans cet univers passionnant et controversé, en montrant le vrai visage de la corrida.

Soyons nombreux dans les salles pour découvrir « Tardes de Soledad » et soutenir ce témoignage culturel important. C’est un moyen de donner une voix à cette pratique ancestrale et de partager une part de notre héritage avec le monde.

Les cahiers du Cinéma 7,90 €

Nicolas Couffignal

LA CORRIDA DE TOROS EXPLIQUÉE À MON AMI MANGEUR DE TOFU

Jean Christian Domergue, auteur de cet excellent livre. ©JYB

Jean-Christian Domergue est d’abord aficionado. Il est aussi un professionnel puisqu’il a longtemps été picador, même si le système fermé d’Espagne ne lui a pas permis d’entrer dans les grandes cuadrillas. C’est surtout un homme d’une culture taurine exceptionnelle, qui connait parfaitement les toros, ayant travaillé dans la ganaderia du Marques de Albaserrada pendant de longues années et qui connait le dessous des cartes de la corrida. Aujourd’hui, il accompagne les visiteurs dans les élevages et leur explique ce qu’ils voient et pourquoi la corrida s’est développée dans une bonne partie du monde, grâce à cet animal exceptionnel le toro brave.

C’est pourquoi, la parution de son livre est un enchantement : d’une richesse et d’une précision exceptionnelles, il analyse, argumente ou explique tous les aspects de la corrida, détruisant au passage bien des faux arguments répandus par les anti-taurins !

4 ème de couverture du livre de Jean Christian Domergue.

Des chapitres brillants de ce récit où alternent les arènes et le campo on retiendra les passages passionnants sur « Pourquoi tuer le toro ? » à l’analyse extrêmement fine et percutante : déconstruction de la notion de tradition en démontrant son caractère utilitaire, analyse des caractéristiques du toro brave, impossibilité de laisser vivre en liberté dans la nature un animal sauvage très dangereux et improductif : en somme « la décision de tuer le toro à la fin d’une corrida… est un acte agricole, technique, pragmatique, dépassionné ». Quant à la forme de la mise à mort : « le toro bravo est le seul animal de rente … dont la mise à mort oblige celui qui tue, à se placer lui-même, en situation d’être tué ».

Autres chapitres brillants, ceux consacrés à la pique et aux banderilles et donc aux blessures du toro. C’est l’occasion d’expliquer ce qu’est la bravoure : le toro brave est le seul animal qui charge et pousse malgré la douleur : « son désir d’écrouler son adversaire est plus grand que sa douleur. Bravura. »

La description du travail du picador par ce grand professionnel est superbe et devrait ouvrir les yeux à beaucoup de ceux qui se contentent de siffler dans les arènes.

La suite est plus classique avec les définitions de qualités et défauts du toro : bravoure, noblesse, caste, mansedumbre, fiereza (sauvagerie), genio, trapio. Suit la description du protocole des arènes depuis le sorteo jusqu’à la sortie en triomphe. Et celle de la vie du campo.

Et ne pas oublier l’œuvre superbe de Jonathan Veyrunes qui parait en couverture !

Couverture du livre de Jean Christian Domergue.

Autrement dit un ouvrage très complet et digne de figurer dans toutes les bibliothèques d’aficionados.

La corrida de toros expliquée à mon ami mangeur de tofu

de Jean-Christian Domergue.

Publié en auto édition aux éditions Nombre 7 à Nîmes.

Pour commander :

https://librairie.nombre7.fr/recit-temoignage/7610-la-corrida-de-toros-expliquee-a-mon-ami-mangeur-de-tofu-9791042702540.html?search_query=domergue&results=2

Jean Yves Blouin https://facealacorne.fr/

Assemblée Générale du Club Taurin Mimizanais : Bilan et Perspectives pour la Temporada 2025

Hier soir, à Mimizan Plage, s’est tenue l’assemblée générale du club taurin mimizanais.

Près de cent membres étaient présents pour cet événement important. Au programme, un bilan moral a été dressé, offrant une rétrospective des activités du club au cours de l’année écoulée.

Bien sûr, la préparation de la temporada 2025 a également été abordée avec enthousiasme. Le coup d’envoi sera donné le 7 mars prochain avec l’annonce tant attendue du cartel de la corrida estivale, qui se tiendra dans les arènes du bord du courant. Ce rendez-vous promet d’être un moment fort pour tous les passionnés de tauromachie de la région.

Texte et photo Nicolas Couffignal

RONDA !

Cayetano qui va se retirer en fin de temporada, en passe par le haut au toro n°132 de Garcigrande, à Ronda, le 9 septembre 2016. ©JYB archives

Ronda attire les touristes pour ses paysages vertigineux, son Ponte Nuevo d’où les prisonniers nationalistes furent jetés dans le vide pendant la guerre civile, mais aussi et surtout pour ses arènes mythiques.

Concours de calèches le premier jour de la féria, à Ronda. ©JYB archives

Les calèches sont une des marques de la féria: d’ailleurs, pour la corrida goyesque, les toreros arrivent aux arènes en calèches et sont précédés par un concours, le plus renommé d’Espagne peut-être avec celui de Séville, qui ouvre les cérémonies.

On sait qu’il n’y aura pas de féria à Ronda pour la deuxième année consécutive en 2025. Les travaux de mise aux normes de la plaza ne sont pas terminés et la toiture de tuiles a elle aussi besoin d’une rénovation. En attendant, on ne peut que visiter les arènes pour en découvrir certains caractères très spécifiques.

Les visiteurs des arènes qui passent par le toril, marchent sur les cendres d’Antonio Ordonez enterrées devant la porte. ©JYB archives

On sait par exemple qu’Antonio Ordonez demanda que ses cendres soient enterrées dans la plaza de Ronda, ce qui fut fait, symboliquement, devant la porte du toril. Mais on ignore qu’un autre torero Curro Guillen, mortellement blessé par la corne d’un toro de Cabrera, en 1820, fut lui aussi enterré dans les arènes. Le guide local affirme que son tombeau se situe dans le couloir des chiqueros, juste avant la sortie, d’autres (Wikipédia) que ses restes ont été découverts sous le sable à l’occasion de travaux.

Talanquère des arènes de Ronda. ©JYB archives

Parmi les caractéristiques des arènes, il y a ces talanquères, à moitié en pierre, à moitié en bois, peintes d’un gris qui échappe à la tradition du rouge habituel, et décorées de frises ou du sigle de la Reale Maestranza de Caballeria de Ronda.

A Ronda, pas de barrera le premier rang s’assoit les pieds dans le vide au dessus du callejon. ©JYB archives

Les places les plus recherchées par les spectateurs sont celles du premier rang, même si elles présentent un risque au cas où un toro réussirait à sauter dans le callejon. Mais le risque est faible, compte tenu de la hauteur des talanquères.

Costumes goyesques de Antonio Ordonez, Paquirri et Francisco Rivera au musée de la Maestranza de Ronda. ©JYB archives

Sous les gradins, un musée très bien conçu et riche en détails de grande valeur permet d’évoquer le souvenir des toreros ayant combattu en ces lieux depuis la création des arènes au 18 ème siècle.

Manzanares en véronique devant le toro n°80 de Garcigrande, à Ronda, le 9 septembre 2016. ©JYB archives

On sait que les arènes de Ronda sont un fief torériste et que ne s’y produisent que les toreros choisis par les descendants de la famille Ordonez qui en a la gestion. Les plus grands noms y ont donc toréé, dont Léa Vicens qui a participé à la traditionnelle corrida de rejon de la féria. Car dans les dépendances des arènes figure aussi une école d’équitation renommée et, comme dans toute l’Andalousie, le cheval est roi comme le toro.

Léa Vicens sur Betico banderillant un toro de Passanha le 11 septembre 2016. ©JYB archives

Pourtant les corridas de Ronda présentent quelques spécificités techniques: d’abord il n’y a aucun affichage des caractéristiques des toros dans l’arène: ni poids, ni âge, ni numéro d’identification: ici, c’est la tradition, et le public vient pour les toreros, pas pour les toros!

Toro n°26 de Toros de la Plata, rematant le burladero pour agresser son ombre, à Ronda, le 9 septembre 2016. ©JYB archives

Autre caractéristique de la plaza, le sortéo est ici intégral: on ne crée pas de lot après de longues discussions entre banderilleros de confiance, mais on tire simplement au sort l’ordre de sortie des toros: les 6 numéros des toros inscrits sur les traditionnelles feuilles de papier à cigarette sont mis dans le sombrero du mayoral et chaque « confiance » à tour de rôle tire un des papiers.

Véronique de Lopez Simon, dans le soleil de Ronda, au toro n°38 de Garcigrande, le 9 septembre 2016. ©JYB archives

Mais même sans féria en 2025, Ronda mérite une visite !

Le Ponte Nuevo de Ronda. ©JYB archives

Texte et photos JY Blouin https://facealacorne.fr/

Christian Parejo : Un Matador en Lumière avec Jeunesse Taurine de l’Adour à  Dax

À la Peña Robin des Bois de Dax, le public a eu le privilège d’écouter le jeune et prometteur matador Christian Parejo lors d’une conférence organisée par « Jeunesse Taurine de l’Adour ».

Quoi de mieux qu’un jeune matador pour échanger avec de jeunes aficionados ? Les spectateurs ont eu droit à la projection du documentaire « A contre courant », un documentaire qui dévoile la préparation minutieuse de l’alternative de Christian Parejo. Ce film offre non seulement un souvenir unique au matador, mais révèle aussi au public le travail intense et les sacrifices derrière ce moment spécial.

Christian Parejo lors de la corrida de Baltasar Iban en 2024 Aignan

Pierre Erridia et Hugo Lavigne interrogent le jeune matador, en présence de son apoderado Thomas Cerqueira. Ils abordent l’exil de l’Andalousie, l’impact du Covid sur les contrats, une blessure 10 jours avant l’alternative à Béziers, les inquiétudes de l’apoderado et l’après-alternative, incluant des propositions comme la confirmation à Las Ventas et la Copa Chenel.

Le dernier tiers de la conférence est sur Thomas Cerqueira qui observe le ruedo, appréciant la transition de torero à apoderado. Cette nouvelle perspective lui plaît, lui permettant d’apprendre et de grandir. Une véritable symbiose émotionnelle s’est créée entre lui et Christian Parejo.

Texte et Photo

Nicolas Couffignal

Dorian Canton deux oreilles pour ouvrir la Fiesta Campera de Arzacq

Sous le soleil de cette matinée hivernale, les retrouvailles après quelques mois d’absence taurine. Nous nous retrouvons pour la fiesta campera matinale avec Adour Aficion, que nous avons vu dimanche dernier, et le torero béarnais Dorian Canton qui va lidier un novillo de la Ganadería Sepúlveda.

Fiesta Campera

Public : 3/4 des arènes

Dorian Canton deux oreilles

Picador : Laurent Langlois

Capea avec Adour Aficion

Avec deux vaches la Ganaderia de l’Aiguillon a permis Adour Aficion se s’exercer devant du bétail.  La première vache solide et une charge courte, parfaitement maîtrisée par Jules, ce qui a entraîné des applaudissements  du public.

Maxence a rencontré quelques difficultés face à ce premièr exemplaire, tandis que Mael a démontré sa douceur et son approche délicate.

Gabriel a conquis le public par la beauté naturelle de ses mouvements. De son côté, Hugo Alquie a brillamment montré son expérience et son savoir-faire face à cette vache.

La seconde vache a vu un Maxence appliqué et déterminé. Cependant, cette vache colatado, tout comme la précédente, a été notée pour son manque de race.

Maxence realise de jolies serie sur cette seconde vache pour clore cette première partie.

Lors de la seconde partie de la matinée, Dorian Canton a captivé le public avec un novillo colorado doté d’un joli trapío. Cet animal exprime une certaine noblesse, ce qui a permis à Dorian Canton de démontrer son application avec la cape. Le novillo a pris une pique longue, ajoutant une dimension impressionnante à l’affrontement.

Laurent Langlois a également été applaudi en quittant le ruedo, témoignant de la reconnaissance du public pour sa prestation. Mathieu Guillon, quant à lui, a posé une paire de banderilles particulièrement appréciée.

À genoux près des planches, le torero a exécuté quelques séries remarquables. Bien que la charge du toro ait été courte, la prestation est restée captivante. Les clarines dacquoises ont annoncé le dernier tiers, marquant un moment crucial. La mise à mort avec un recibir a été saluée par les applaudissements du public et deux ore, clôturant ainsi le spectacle matinal.

Texte et photos Nicolas Couffignal


Fernando Vanegas sort avec succès des arènes du Soubestre à  Arzacq

C’est l’ouverture de la temporada avec la novillada non piquée dans les arènes de Soubestre. Les toros se trouvent dans un vallon d’herbe verte et de bosquets, séparés par une colline de la Ganaderia Pedraza de Yeltes. Ce matin, lors de la fiesta campera, Dorian Canton a tué un novillo de cet élevage (voir le résumé de la matinée ici). Cet après-midi, l’événement propose un cartel original et des personnalités taurines différentes.

Fiche technique

Président :Manolo Gloria

Musique : La Lyre Arzaquoise

Public : 9/10

Alfonso MORALES Ecole Taurine JAÉN : Silence et avis / Silence et avis

Clovis Germain Ecole Taurine de Bezier : applaudissements et avis/ applaudissements 

Fernando Vanegas Ecole Taurine Salamanca: Deux oreilles et vuelta/ silence et avis  Prix de l’ACOSSO, UCTF

Le lot de la ganadería de Sepúlveda s’est distingué par une présentation homogène, avec un cinquième toro possédant davantage de trapío. Leur comportement a été globalement exigeant, bien que certains toros aient montré une baisse d’intensité au fil du temps. Ils ont manifesté une noblesse certaine et une charge parfois courte.

Alfonso Morales

Le novillero montre son application à la cape, et le public admire sa grâce et son élégance. Le premier novillo permet au novillero de faire des véroniques appliquées avec élégance, soulignant chaque mouvement. Un mano a mano à la cape s’engage avec Clovis dont la technique exprime une émotion au public. La troisième paire était compliquée à poser ; deux auraient suffisante. La première série à droite sur le passage. Les suivantes sont plus abouties. Les naturelles ont exprimé une émotion palpable, capturant l’essence de la tauromachie. L’épée est a trassada malgré l’engagement visible du novillero. Plusieurs tentatives pour tuer le becerro quelques applaudissements pour clôturer ce premier novillo avec un avis.

Son second novillo embiste avec plus de vigueur, apportant l’espoir d’une belle faena. La compétition continue lors du premier tiers, avec chaque participant cherchant à se démarquer. Belles poses de paires de banderilles par Alexis Ducasse et Julien Dusseing, démontrant leur habileté. A la muleta, le novillero humilie le novillo pour le fatiguer, stratégie souvent utilisée pour dominer l’animal. Les premières séries sont identiques à celles de son précédent novillo. Malheureusement, ces naturelles manquent de profondeur et ne parviennent pas à susciter la même émotion que le précédent.  Les dernières série son plus appliqué. L’épée est identique à son premier novillo.

Clovis

 Clovis exécute des véroniques avec de l’alegria. Le quitte du Colombien a initié une véritable compétition entre novilleros, chacun tentant de donner de l’émotion pour ravir le public. Le novillero, avec une détermination et une qualité remarquable, a posé les trois paires de banderilles, déclenchant des applaudissements nourris de la part du public.

À la muleta, plein centre, il s’est fait prendre en voulant commencer agenouiller. Cependant, sa détermination ne l’a pas abandonné, et il recommence avec de la réussite. La faena était bien construite et a eu un fort impact sur le public. Les naturelles, en particulier, ont été exécutées avec profondeur et émotion. Le novillero malheureusement exécute un pinchazo à sa première tentative. La seconde tentative, bien qu’engagée, est légèrement en arrière, laissant une pointe de regret. Il utilise le descabello.

Son second novillo a le plus de trapío du lot, promettant un affrontement intéressant. Clovis, toujours élégant à la cape, enchante le public par sa maîtrise. Clovis et Fernando posent les banderilles ensemble, synchronisant leurs mouvements avec précision. Contrairement à sa précédente faena, il commence cette fois de manière classique, établissant une base solide pour la suite. Le derechazo est exécuté avec une profondeur remarquable, répondant aux exigences du novillo. La première tentative est précipitée.  Sous les applaudissements le novillero sort dépiter de son échec. 

Fernando Vanegas

À la sortie du toril, le novillo a été accueilli par des applaudissements chaleureux, témoignant de l’enthousiasme du public.Le novillero a montré sa grande technicité à la cape, rivalisant avec son prédécesseur en posant habilement les banderilles. On peut féliciter les organisateurs pour leur choix judicieux de novilleros capables de poser les banderilles avec une telle maîtrise, ajoutant une dimension supplémentaire au spectacle. Plein centre, la série de derechazos est appliquée mais sur le pico. Le novillo permet d’enchaîner les séries avec fluidité. Le novillero, malgré un accrochage, reste croisé sur les naturelles, montrant sa maîtrise et sa détermination. Au même moment, la France mène largement devant l’Italie, ajoutant une ambiance festive et victorieuse. Les dernières séries à droite sont exécutées avec une nette domination, captivant l’attention du public jusqu’à la fin. Une demi-épée efficace comme la victoire au rugby et demande de vuelta. Deux oreilles .

Le novillero, avec détermination, accueille le dernier colorado par une larga et des lopesina. Une touche sud-américaine se fait sentir dans le Béarn. Il pose les banderilles avec brio.   Sa faena exprime une grande technicité face à ce novillo à la charge courte. Dans un silence digne de Twickenham lors d’une transformation, le novillero échoue à la première épée et place une seconde, engagée et efficace.

Pour conclure cet après-midi, un lot intéressant et deux novilleros qui avaient l’envie de triompher sur un lot exigeant.

Texte Nicolas Couffignal

Photos Roland Costedoat

Ps L’ONCT communique: ARZACQ : « faute de pouvoir réunir la petite douzaine de leurs militants habituels, les associations anti taurines ont renoncé à manifester pour l’ouverture de la temporada française ».

Club Taurin de Horsarrieu : De la Capea Matinale à la Course Landaise la journée de toutes les tauromachies

En prévision de la saison à venir et en attendant son début à Arzacq dimanche prochain, le club taurin a décidé d’associer la tauromachie espagnole avec une capea le matin et une course landaise l’après-midi, malgré la décision du maire de Vieux-Boucau.

Plus de cent personnes se sont rassemblées dans les arènes de Horsarrieu, créant ainsi une ambiance familiale et intergénérationnelle. Dans la bienveillance les aficionados se retrouvent. La matinée se déroule en deux parties, avec la participation de l’École de Adour Aficion et du bétail de la Ganaderia Vert Galant. Deux novillos pour les membres de l’Afap, Hervé Galtier (dont vous pouvez retrouver l’interview ici) et Guillaume Teulé, un pratico qui ne manque pas de vivre sa passion du Sud-Ouest au Sud-Est.   

La matinée commence avec les élèves d’Adour Aficion. Richard déclare : « Pour être torero, il faut avoir de la folie. » Cette phrase peut s’appliquer aux praticos ou à notre propre histoire personnelle comme la volonté d’exprimer ou de prouver quelque chose. La difficulté des éleveurs à proposer du bétail.

Le premier taurillon affiche une certaine noblesse, tandis que Maxence exécute des véroniques sous les félicitations du maestro. Les élèves ont l’occasion de mettre en pratique leurs nombreuses heures d’entraînement dans l’arène de Cauna, ce qui constitue un réel plaisir pour eux. Mael enchaîne ses premières passes à la cape avec assurance et les applaudissements du public. Marine a l’honneur de commencer avec l’etoffe rouge suivi de Maxence, Mael et et Gabriel.

Mael accueille le second taurillon à puerta gayola. Jules doit utiliser son expérience à la cape, car ce taurillon est un peu plus compliqué que le premier.  

Maoni exécute de joli naturelle d’une grande douceur. L’expérience de Maxence de garder le taurillon dans la muleta. Mael fini par de joli derechazo.

La pause musicale est suivie d’un discours de Hervé Galtier qui présente l’Afap en attendant les deux novillos de la Ganaderia Bonijol.

 Le novillo de Hervé Galtier rencontre des difficultés à sortir du camion, ce qui lui fait perdre beaucoup de force. Le practico à la cape réalise quelques séries sans trop solliciter le novillo. Ce dernier est quelque peu réservé mais montre de la noblesse. Hervé Galtier exécute des sériés de derechazo et de naturelles d’une grande douceur basées sur son expérience, puis laisse le jeune Jules Dujol s’entraîner, laissant une impression positive.

Le novillo de Guillaume descend du camion, surprenant le public par son apparence. Il a une démarche stable et ne montre pas de défauts apparents. C’est un toro adapté à l’expérience de Guillaume. À la cape, il contrôle bien la charge du toro, ce qui est apprécié par le public. Les mouvements comprennent Véroniques, chicuelinas et se terminent par une rebolera pour ce tiers.

Avec la muleta le novillo de deux ans et demi exprime une charge courte qui nécessite de reculer d’un pas ou de l’envoyer plus loin pour garder la distance. La noblesse s’exprime sur les naturelles et les derechazos de Guillaume. Comme sur le premier novillo Jules Dujol n’hésite pas à montrer sa technique et les félicitions du maestro.

Le maire de Vieux Boucau aurait dû assister à cette matinée pour constater que la tauromachie espagnole est partagée par un public varié. Merci aux organisateurs de contribuer à l’unité de notre territoire avec ce type de spectacle.

Texte et photos Nicolas Couffignal

 

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