
De notre correspondant Jean Dupin
Dimanche soir la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre dans les rues de Jerez de la Frontera : »Rafael de Paula n’est plus ! » Depuis la ville pleure son héro, celui qu’elle considère comme le plus grand torero de l’histoire, l’unique et irremplaçable torero artiste. La mairie décrétait aussitôt trois jours de deuil et tous les drapeaux furent mis en berne.

Ce matin à midi toutes les églises sonnèrent le glas au commencement du service religieux pour le repos de l’âme grand torero. Depuis le matin une foule nombreuse avait défilé devant le cercueil recouvert du capote de paseo et de la montera du maître pour lui rendre un dernier hommage. L’église de Santiago, le quartier gitan des Soto Moreno, était bien trop petite pour pour contenir tous ceux venus lui dire un dernier adieu . On reconnaissait dans la foule de nombreux toreros et parmi eux son compagnon de tant de carteles Curo Romero qui avait fait le déplacement de Séville. Nombre de ganaderos étaient aussi présent ainsi qu’une foule d’anonymes venus de toute la planète des toros. L’homélie prit la hauteur des plus belles faenas de Rafael de Paula pour chanter tout le divin de l’art taurin.

A l’issue des condoléances reçues par par la famille devant le cercueil, celui-ci sortit porté par ses compagnons avant de recevoir sous le magnifique porche la dernière ovation de son public. Retentirent alors ces palmas por buleria typiques de Jerez que le maestro avait si souvent entendues lors de ses triomphes jerezanos. Nous avions du mal à retenir nos larmes en évoquant entre amis les souvenirs de la demi véronique de Rafael ou quelques unes de ses passes que tant ont voulu imiter sans jamais y parvenir. Un Génie nous a quitté.
Jean Dupin
