Avant son rendez-vous de dimanche à Saint-Sever, dans un cartelazo avec le plus grand torero français de l’Histoire Sébastien Castella et sa confrontation avec un des meilleurs de la nouvelle génération Tomas Rufo, après son triomphe d’Istres, Paul Hermé a rencontré Clemente chez le ganadero Olivier Fernay…

Incontestablement, Clemente a franchi allègrement quelques échelons qui l’ont propulsé au-devant de la scène et lui ont valu quelques engagements de premier ordre. Car depuis l’an dernier, ses hauts faits d’armes se sont accumulés, contribuant fortement à sa progression, au point que son image s’en est trouvée renforcée chez les empresas et les aficionados.

Mercredi en fin d’après-midi, aux Jasses de la Ville, le fief d’Olivier Fernay, Clemente a lidié un toro puis tienté une vache de la maison. En se donnant à fond, comme s’il était dans un ruedo un jour de corrida. Sous les yeux de son apoderado Roman Pérez et avec l’aide de Jean-Loup Aillet sur le cheval, ainsi que de Thomas Ubeda et Hugo  Stievenart dans la brega. Après cet exercice ô combien important pour maintenir sa condition, devant un exigeant toro de cinq ans passés qu’il est parvenu à dominer puis une excellente vache que Joachim Cadenas a pu aussi toréer, j’ai pu m’entretenir quelques minutes avec lui pour revenir sur sa montée en grade et bien sûr, évoquer ses perspectives pour cette temporada déjà bien fructueuse en termes de résultats…

Sans remonter aux calendes grecques, nous avons d’abord évoqué une saison 2024 qui selon moi a été déterminante avec une sorte de nouveau départ…

« Effectivement, elle a été très importante pour moi, en Espagne, mais aussi notamment à Istres avec un merveilleux Ponce et moi qui ai réussi derrière à ne pas ennuyer les gens même si c’était compliqué de passer après la faena hypnotique de ce maestro ! Ensuite, il y a eu l’été avec de très grands moments, avec notamment l’indulto chez moi, à Dax, de Delicado, de Santiago Domecq, puis à Béziers de Neptune, un toro de Margé lui aussi fantastique malgré le vent. J’ai ensuite fini ma temporada avec une note très élevée à Nîmes lors d’une corrida de Robert Margé qui a représenté un triomphe pour ma confirmation. Ce sont les trois dates qui ont le plus marqué cette saison.

  • Est-ce qu’à partir de là, tu as senti comme un intérêt nouveau du côté des empresas qui a eu une répercussion pour cette temporada ?
  • Oui, bien sûr. Je pense que c’est un tout. Après ces trois succès consécutifs, puisque c’était dans des arènes de première catégorie, les imprésarios français comme espagnols ont commencé à prendre davantage au sérieux les triomphes obtenus aussi dans des arènes moins importantes, en se disant que c’était peut-être le moment de me faire entrer dans des cartels de rang en dessus.
  • C’est ce qui s’est réellement passé ?
  • Oui, cette année les empresas ont eu cette envie et m’ont respecté et je pense qu’en ce moment ça se passe plutôt bien dans ces cartels-là.
  • Si je te dis que cette année, il y a eu un avant et après 9 mai, est-ce que tu es d’accord avec moi.
  • Je ne m’en étais par forcément rendu compte, mais effectivement, c’est ce qui s’est produit., dans le sens où après Madrid, pas mal de professionnels taurins m’ont regardé d’une autre manière. J’ai eu beaucoup de félicitations et je pense que des personnes qui peut-être ne me prenaient pas forcément au sérieux ou doutaient, ont changé grâce à cette date. Ce 9 mai à Las Ventas qui a représenté ma confirmation en ouverture de la San Isidro a permis de me booster car je voulais ensuite prouver à Nîmes que ce n’était pas un moment égaré, mais bel et bien mon état de forme !
  • On va donc dire que la répercussion a suivi, non ?
  • Oui, d’ailleurs j’ai la chance cette année d’être déjà entré dans deux cartels importants en Espagne durant cet été à Huesca et Gijón avec des « pointures », dont Morante, ce qui est pour moi une conséquence de ce qui s’est produit en amont.
  • Pour revenir à l’Hexagone en 2025, Arles, Nîmes puis Istres, pour toi c’est carton plein pour le moment. On dirait que toutes les étoiles sont alignées…
  • Oui, et bien sûr, je souhaite que ça dure longtemps ! On a commencé la saison à Arles avec une corrida d’El Parralejo qui a permis aux toreros de s’exprimer. Je suis arrivé d’un univers très studieux qui m’a permis de bien travailler et je pense qu’on a vu aussi mon évolution à Arles. Je revenais ensuite à Nîmes pour Pentecôte après cette date du 9 mai avec un double challenge dans la journée dont j’avais bien mesuré l’importance. Malgré ma blessure, ça s’est très bien passé avec le matin une corrida sérieuse de Victoriano. J’ai su donner la taille à côté d’un Daniel Luque en grade forme et un Juan Ortega égal à lui-même, c’est-à-dire en grand artiste capable lorsqu’il le peut de donner des muletazos de catégorie. Je pense que j’ai justifié ma place dans ce cartel et l’après-midi, malgré la blessure, j’ai tout donné à ce toro, je me suis employé à fond, j’avais la forme physique pour toréer la corrida entière. Mais même si la blessure désagréable et douloureuse m’a empêché de lidier mon second, je reste sur de bonnes sensations…
  • Tout cela à une semaine d’Istres qui a représenté encore un challenge, ne serait-ce que par le fait de reprendre avec un si court délai…
  • J’ai tout fait pour que ça ne se voie pas, pour pas que l’on me plaigne ! En revanche, j’ai été reçu d’une très belle manière au Palio. J’avais tout fait dans la semaine pour récupérer rapidement et être en forme pour ce rendez-vous istréen. La corrida de Zalduendo a permis de m’exprimer et je me suis régalé.
  • Après cet excellent début de saison et plusieurs cartels importants à suivre, on peut déjà considérer que tu es réellement sur une trajectoire ascendante, non ? Comment envisages-tu la suite ?
  • En fait, ma préparation de temporada a commencé dès le mois de janvier. C’était en Espagne où j’ai été très sérieux et je pense que c’est aussi ce qui m’a permis de supporter les coups que j’ai reçus après Madrid. J’ai dû m’arrêter trois semaines pour que diverses contusions se résorbent tout en pensant à mon double rendez-vous nîmois. C’était compromis car à Nîmes j’ai subi une voltereta le matin avant ma blessure de l’après-midi, mais je pense donc que c’est tout l’hiver qui est en train de porter ses fruits.  

 Avec Thomas Ubeda

  • L’été est à nos portes. Pour toi, dans les grandes lignes, qu’est-ce qui t’attend ?
  • Des engagements intéressants avec chez nous notamment Saint-Sever ce dimanche, puis Mont de Marsan et Dax, ainsi que Huesca et Gijón déjà évoqués, mais bien entendu, d’autres qui n’ont pas encore été dévoilés devraient s’ajouter… Concernant ma préparation, ce sera repartir en Espagne, en remettre un coup après ces blessures et arriver frais et les idées claires pour affronter cet été où il y a des choses importantes qui m’attendent…
  • Morante et Ortega à Huesca, De Justo et Rufo à Gijón, je suppose que pour donner le change, ça nécessite aussi une forte préparation mentale…
  • Bien évidemment, cet été des cartels m’attendent avec les meilleurs et je pense qu’il faut s’y préparer afin d’être prêt à bien figurer aux côtés de ces monstres de la tauromachie en ne se laissant pas intimider. Je pense que j’ai des qualités, que je n’ai peut-être pas forcément leur expérience, mais en tout cas, j’ai cette fraicheur et ce désir d’être à leurs côtés et de donner de grandes après-midis de toros ensemble.

 Avec Joachim Cadenas

  • L’objectif 2025, c’est aussi de retourner à Las Ventas ?
  • Le 9 mai, j’ai vécu ce moment comme si j’étais dans ma bulle ! Je suis resté très concentré et je ne l’ai pas vécu comme quelque chose qui me stressait. Donc j’étais content. S’il faut repartir à Madrid par exemple pour l’Automne, j’y repartirai, sinon on attendra l’année prochaine. Je pense qu’il faut bien faire les choses, sans précipitation. On a attendu la confirmation, elle est arrivée et maintenant, tout viendra en son temps, l’essentiel étant de bien se préparer pour répondre le mieux possible le jour J…»

Paroles d’un maestro qui a atteint sa plénitude, bien dans sa tête, lucide, réaliste, avenant, sincère, humble, qui par son sérieux et son talent a franchi les étapes pour arriver au plus haut niveau. Avec une évidence, s’y maintenir ! Même si l’on sait que ce n’est pas forcément le plus facile, Clément a un sacré potentiel qui semble lui assurer un avenir encore radieux. C’est bien sûr, tout ce qu’on peut lui souhaiter, non ?

Iw. texte et photos Paul Hermé http://torofiesta.com

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Débarquement des toros de Zacarías Moreno pour Sébastien Castella, Clemente et Tomás Rufo

𝗣𝗹𝗮𝗰𝗲𝘀 𝗮̀ 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶𝗿 𝗱𝗲 𝟭𝟱 €

𝗧𝗮𝗿𝗶𝗳𝘀 𝗷𝗲𝘂𝗻𝗲𝘀 𝗷𝘂𝘀𝗾𝘂’𝗮̀ 𝟭𝟴 𝗮𝗻𝘀 : 𝟱𝟬 % 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗿𝗮𝗻𝗴𝘀 𝟰 𝗮̀ 𝟳

𝗚𝗿𝗮𝘁𝘂𝗶𝘁 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗲𝘀 𝗺𝗼𝗶𝗻𝘀 𝗱𝗲 𝟭𝟬 𝗮𝗻𝘀

https://www.billetweb.fr/pro/afss

Photos ©Flora Valette – Ville de Saint-Sever