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C’est la resaca. La gueule de bois. Le temps est passé de la « course des cuisinières » comme on le disait dans les villages gascons, pour l’ultime moment des fêtes. C’est le moment du post scriptum fait de migraines et de crises de foie, mais de bons souvenirs aussi comme ceux laissés par Marco Pérez et d’amertume comme cet ultime rendez-vous que les cieux n’ont pas permis.

Il est l’heure de revenir au réel. Or, malgré ce final nîmois noyé et frustrant, même si la réponse du « respectable » aux propositions des organisateurs a dépassé les espérances, il faut constater que des nuages planent à nouveau à l’horizon de nos amours.

Ces sombres cumulus ne viennent ni du public plus nombreux donc, ni des acteurs qui ont beaucoup donné, ni du « milieu » taurin si souvent décrié, mais, une fois de plus, de la classe politique qui cherche, comme elle vient de le faire au Mexique ou en Colombie, à se refaire la cerise sur le dos des aficionados. Et cela se passe en Espagne désormais. Il s’agit, en l’occurrence, d’un nouveau projet de loi qui sera soumis aux Cortés avec pour objectif de faire sauter le blindage donné par le label attribué par l’UNESCO de « Patrimoine Mondial de l’Humanité » qui protège la corrida dans son existence même. Ce projet de loi a été porté par le mouvement animaliste et le parti PACMA qui a réuni un nombre suffisant de signatures pour le présenter aux Cortés. Plus de 900 000 d’entre elles ont été validées par le Conseil Constitutionnel et il y aura donc un vote parlementaire dans les six mois maximum à la suite de la présentation du texte avec un examen et un vote.

Samedi dernier s’est déroulée une grande manifestation dans les rues de Madrid pour soutenir l’interdiction ; selon RFI : « Des milliers d’Espagnols se sont réunis samedi 20 septembre, en fin d’après-midi à Madrid, pour réclamer l’abolition de la tauromachie, une tradition encore bien ancrée dans le pays, malgré la chute du nombre d’amateurs. Cette marche de protestation est devenue un rendez-vous incontournable du parti animaliste espagnol PACMA, qui depuis 15 ans mobilise de plus en plus de sympathisants et aspire aux prochaines élections à obtenir un siège au Parlement national ».

Quelles seraient les conséquences de cette adoption – encore hypothétique ? Elle ferait sauter le blindage et donnerait aux régions espagnoles le pouvoir d’autoriser et ou d’interdire la corrida dans leurs zones de compétence. Beaucoup d’entre elles choisiraient alors, pour des raisons démagogiques ou autres, l’interdiction, d’autres opteraient pour la poursuite mais les politiques étendraient leur influence sur les taurins détenant alors « un droit de vie ou de mort » sur le spectacle taurin.

De nombreux observateurs, des journalistes, des bloggeurs notent l’indifférence des professionnels du Milieu taurin face à cette montée des périls : On n’en parle pas, on garde la tête dans le guidon. Septembre c’est l’heure de faire les comptes et pour une fois ils sont bons. Pour ce qui est de l’aile marchante de l’aficion, elle se mobilise une fois encore sur des problèmes devenus mineurs lorsque la maison brûle -ou risque de brûler. Il est temps en effet de réagir et de faire remontrer les succès populaires (comme ceux de Madrid ou Séville) ou les résultats des télévisions autonomes (où les corridas font une audience extraordinaire) pour les mettre sur la table du débat.

Il faut que nos voisins se montrent moins dilettantes, plus pressants et plus actifs apurès de leur classe politique. Cela nous concerne directement car l’issue de cette nouvelle bataille aura de graves répercussions en France où elles ne manquera pas d’être exploitée. Les comptes devraient se régler dans les urnes là où les électeurs ne pourront oublier la trahison et l’injustice. Ces élus ibériques qui auront voté contre la corrida dans sa propre patrie là où elle est née, devraient alors être sanctionnés par leurs propres électeurs pour leur forfaiture. Si cela est dit avec force prendront-ils le risque d’être battus ou vivront nous une situtation à la mexicaine ou, pire encore, à la colombienne ? Terrible serait alors la resaca…

Pierre Vidal