Ph. Romain Tatstet

Villeneuve de Marsan (Landes) – Plus de 3/4 d’entrée.

6 Toros de Camino de Santiago 

Antonio Ferrera, oreille et oreille après avis; 

Juan Leal, palmas et oreille après avis

José Garrido, palmas et silence après avis.

Jean Louis Darré le ganadero de Camino de Santiago a été appelé à saluer

Le prix Thomas Dufau au meilleur torero est allé à Antonio Ferrera qui est sorti en triomphe.

Antonio Ferrera a brindé son second toro à Richard Milian

Ses toros grandissent en bordure du chemin de Saint Jacques et c’est pour cela qu’ils en portent le nom et cette proximité n’est pas un hasard, même si elle le paraît. Car toujours les pèlerins de Bars ont cru à cet élevage qui a fait des débuts brillants en corrida il y a 13 ans à Mimizan. Jamais Jean Louis Darré, l’éleveur acharné qui s’était lancé dans l’aventure en en connaissant les difficultés et les vicissitudes n’a douté de ses produits malgré le scepticisme de quelques bons esprits. Jean Louis a déjà de nombreux succès à son actif mais il aura fait une démonstration sans équivoque à quelques kilomètres de ses terres ce mardi soir.

Six toros, magnifiques de présentation, ont déboulé sur la piste de ces arènes mythiques où l’élite de la toreria sévillane a défilé en son temps. Hauts, lourds, bien roulés, armés sérieusement de défenses acérées. Un lot qui est allé à la pique avec allant et qui par la suite a rompu. Le meilleur le cinquième aurait mérité une vuelta. Un ton en dessous le second, fade.

Une opposition qui a plu à Antonio Ferrera qui ne s’est pas épargné pour plaire. Son style baroque n’est pas de tous les goûts mais il a su réveiller les gradins un tantinet sur la réserve. On connaît son inclinaison pour le baroque qui s’est exprimé dans sa meilleure version lors du tiers de banderilles qu’il effectua en toda ley face au second. Il abattit ses deux adversaires d’entières défectueuses, reçu un coup de descabello dans la figure et obtint un succès populaire qu’on ne saurait lui « mégoter ».

Juan Leal peu à l’aise avec le fade second tenta de raccourcir les terrains pour effectuer le toreo encimiste qui lui sied. Mais l’animal ne transmettait rien et l’ensemble laissa indifférent les tendidos. Par contre on le vit très à son aise face au cinquième, la perle de la tarde. Ce fut un travail engagé, mené avec du goût, par le bas et lentement. Il donna de la distance à l’animal ; on put voir ainsi ses qualités. Faena agréable qui est allée de menos à màs, terminée par une entière atrevesada et deux descabellos. Il y eut une demande (minoritaire) de seconde oreille.

José Garrido repart bredouille d’une soirée où il y avait pourtant des oreilles à couper. Bien à la cape, il a donné les meilleures véroniques de la soirée, il n’a jamais pris la mesure de ses deux adversaires. Peu de cohérence face à son premier, et l’apathie étonnante de celui qui n’y croit plus à son second passage. Reviendra-t-il, dans les mains de Lopes-Chavez son mentor, au niveau où nous l’avions vu ? C’était alors un des plus solides espoirs du moment. Il y a du travail désormais…

Ah ! le charme de ces petites arènes de l’Armagnac, on y retrouve les amis de toujours. C’est un rendez-vous fraternel si agréable où règne la convivialité. Tous les amis, les habitués, jeunes ou vieux en afcion auront été convaincus cette fois par le lot de Jean-Louis devenu ainsi prophète en son pays. Ainsi se fait parfois l’unanimité.

Pierre Vidal

Photos Roland Costedoat