Après la Monumental de Mexico ce sont désormais les arènes de Guadalajara et de Monterey qui sont désormais fermées sur la décision d’un juge qui agit sur la requête d’une poignée de citoyens. Un arrêt qui peut durer plusieurs années avant une délibération définitive d’un jury. C‘est une bien curieuse conception du droit et de la démocratie que de prendre cette décision à quelques jours d’un spectacle –les adieux de Pablo Hermoso- qui aurait rempli des arènes qui peuvent accueillir plus de 10 000 spectateurs.

Tout le monde comprend que la-dite décision n’est pas dictée par le respect du droit ni par une mesure d’équité. Le Mexique, ce pays magique, est en proie à une guerre civile qui ne dit pas son nom, rongé par la corruption et surtout l’Etat y est subordonné à la volonté des groupes narcos qui, dans certains  états possèdent des hôpitaux, des écoles, des chaînes de télévision et des maisons de disques –pour leurs activités les plus avouables. Face à eux, pour le moment le gouvernement a perdu la bataille et cela depuis plusieurs années.

Comme en Colombie où l’anti taurin président Petro est directement issu de la guerilla et des narcos (qui se sont alliés dans leur délinquance mortelle), on ne peut pas faire abstraction du contexte « politique » pour expliquer ces décisions brutales.  Quels sont les rapports de force ? Les agissements en sous-mains des uns et des autres. S’agit-il de vengeance ou d’opérations immobilières profitables à terme ?

Ces décisions n’auront suscité que peu de protestations à notre connaissance. Et c’est bien cela le plus inquiétant car il s’agit de deux des trois plus importantes arènes du second pays taurin du monde. Un pays qui du point de vue taurin a beaucoup plus d’importance que la France par exemple. Il nous faut faire aussi notre auto-critique : nous autres européens, avons-nous donné aux toreros mexicains les opportunités qu’ils méritaient ? Ne les avons-nous pas cantonnés dans un rôle étroit de guerrier respectable pour leur courage mais limités alors qu’en réalité, il n’en était rien.

Posons-nous que serait la tauromachie française sans le sacrifice de Nimeño II, la reconnaissance du milieu pour Juan Bautista et l’exceptionnel come-back de Sébastien Castella en position de tenir le sceptre envié de « numéro un » ? Il en est de même pour l’aficion mexicaine. Tout succès d’un « torero aztèque » en Europe a une forte répercussion dans le Nouveau Monde et conforte la tauromachie locale bien mal en point aujourd’hui.

Pierre Vidal