MADRID, CORRIDA DE LA PRESSE, la dernière de San Isidro 2023.
Beau temps, un peu de vent et de pluie au 4°.
Arènes combles, présence du roi d’Espagne en barrière.
6 toros de Victorino Martin pour Paco Ureña et Emilio de Justo, mano a mano.


Paco Ureña : Ovation, une oreille, silence

Emilio de Justo : Ovation, silence, silence
Grande corrida de Victorino Martin, les six toros de présentation quasi identique, gris, veletos, tous
de cinq ans révolus, magnifiques.
1° toro dangereux, silence à l’arrastre.
2° toro toréable, silence à l’arrastre.
3° toro classieux à la muleta, ovation.
4° toro un grand toro, ovation.
5° toro une estampe, applaudissements à l’entrée et à la sortie.
6° toro un toro brave sensationnel de présentation et à la muleta, demande de vuelta, ovation.

Paco Ureña, pris deux fois par son premier toro pendant la faena de muleta, puis repris à la mise à mort nous a fait très peur, mais le toro lui a pardonné comme l’on dit. On ne peut pas toréer un Victorino qui n’humilie pas et reste à votre hauteur pour vous prendre par l’aisselle et vous projeter à terre. Son côté tragique, son immense courage ont provoqué la demande d’oreille du public, demande émotionnelle justement refusée par le Président de la course. Ovation.
Son second toro, le troisième de la course donc, lui a permis de montrer qu’en plus de son courage il sait toréer comme on aime à Madrid, c’est-à-dire par des naturelles données avec sincérité de trois quart, de face sur la corne contraire pour terminer. Un pinchazo avec puntazo, puis une entière concluante libère une oreille largement demandée par le public.
Son troisième toro, le cinquième de la course, est un « tio » authentique, une estampe. C’est un toro marcheur, exigeant, au comportement divers et auquel donc on ne peut se confier. Mais Paco se confie trop et se fait soulever encore une fois par le toro. Il tue a recibir par une demi d’effet beaucoup trop long, le toro mourant juste avant le troisième avis. Silence.
Emilio de Justo est passé selon nous à côté des deux meilleurs toros de l’après-midi, le 4° et le 6°, deux toros, surtout le sixième qui ne demandaient qu’à faire l’avion. Les deux faenas de muleta ont été dans les deux cas de mas à menos par une mauvaise entente entre l’homme et le fauve, les toros donnant de plus en plus de signes négatifs en coupant leur charge ou en ne baissant plus leur tête.
Ce n’est vraiment pas facile de toréer des Victorino. Il est évident que si Emilio avait coupé ne serait-ce qu’une oreille le 6° toro aurait été primé d’une vuelta demandée par les aficionados. Silence et silence donc.
Heureusement à son premier toro Emilio avait montré à l’ensemble du conclave sa classe face à un toro encasté par trois séries de naturelles profondes précédant des derechazos donnés avec lenteur et temple, rematé par une trinchera et des pechos de gala. Trois naturelles de face précèdent une bonne épée concluante. La pétition d’oreille parait majoritaire à tout le monde sauf au Président.
Ovation au torero, bronca à la présidence.
En résumé une très bonne corrida de la presse, avec des Victorino qui restent de très beaux et bons toros, pas une seconde d’ennui pendant leur combat, et deux toreros très courageux arrivant parfois à tirer des passes harmonieuses à des adversaires qui globalement les dominent. Mais qui sait encore toréer avec certitude les Victorino ?

EXIR