La dernière corrida de la Féria del Caballo dans une arène comble a offert des sommets dans la médiocrité.

Médiocrité des six pensionnaires de JANDILLA  de poids et de présentation disparates aux cornes plus que commodes tous indigents de force et décastés. Médiocrité du public qui pour motif festif réclame des trophées à corps et à cris au bord de l’émeute alors qu’un silence respectueux s’imposait.

Au bilan on retrouve:

El JULI Gris plomb et noir, couleurs de circonstance, une oreille et une oreille

José Mari MANZANARES Aubergine bien mure et noir, silence après avis et silence

Andrés ROCA REY blanc et argent deux oreilles et deux oreilles

Un petit mot du tercio de piques évidemment nous sommes aujourd’hui revenus à la monopique avec la puya andalouse. Hier pour la corrida concours et pour la première fois en ESPAGNE a été testée la pique BONIJOL, vu nombre des piques et même si il faudra en parler avec les professionnels, ce fut un franc succès, des toros pas très glorieux ont pris sans en souffrir trois ou quatre piques sans que cela ne porte préjudice la suite du combat. Comme quoi avec un peu de bonne volonté on peut réhabiliter le premier tiers.

Revenons à notre corrida du jour et à son affiche de luxe qui est restée sur le papier sans atteindre le sable.
Julian Lopez EL JULI  joue à domicile à JEREZ. Le plus jerezano des madrilènes accueille son premier par véronique gagnant un peu de terrain, en fait juste la deuxième ligne des piques. Le Jandilla pousse mollement au cheval Julian le met en suerte pour une deuxième rencontre puis se ravise et donne un joli quite par chicuelinas.
La faena débute par trois bonnes statuaires et un derechazo puis une passe de poitrine Une forte rafale de vent perturbe les débats. Eole calmé Le Juli reprend à droite puis à gauche, comme souvent chez ce type de toro il y a un petit fond de noblesse qui permet de faire une petite faena. En fait à la troisième série le rythme ralentit pour totalement s’éteindre. El Juli, malin donne ses passes sans peser sur le toro sur la rectitude de la charge. Il trompe son monde et sert les fameuses circulaires inversées qu’un public peu averti adore. Le julipié entre au premier essai et alors s’ensuit une drôle d’affaire le toro ne tombe pas mais au contraire se dirige vers le centre accompagné par le torero qui laisse  faire et en profite même pour mettre de son côté le public Le populaire réclame et obtient la première oreille la présidence à juste titre ne cède pas sur la seconde.

A son second un scénario semblable se déroule le toro est insipide et semble toutefois se réveiller sous le fer, réveil bien furtif le tercio de banderilles est un calvaire et la présidence abrège à la deuxième paire. La faena d’infirmier se déroule entre chutes et relevages du cornu. Julian tore de loin sans s’exposer et encore moins peser sur l’animal qui ne le supporterait pas, mais le public une fois de plus se laisse berner et le julipie de gala emporte l’adhésion populaire une oreille et là encore la présidence résiste à la pétition majuscule et totalement injustifiée de seconde.

José Mari MANZANARES touche un premier exemplaire aussi mauvais que ceux des copains mais  a-t-il encore envie de toréer ? Le sourire de mannequin est resté à Alicante et c’est avec triste mine qu’il entame au capote vite mis en difficulté par son adversaire qui ne prendra qu’une mauvaise pique. La faena est insipide et sans saveur par la faute des deux protagonistes dont on se demande ce qu’ils font là à part couvrir le convenio pour le torero du moins. Manzanares qui fut un bon tueur a perdu le sitio et la mise à mort est laborieuse. Le toro tombe dans un lourd silence seulement perturbé par la sonnerie de l’avis.
Pour son deuxième passage, rebelote , la faena est soporifique à souhait donnée a un animal totalement endormi qui plie les genoux à tout bout de champ le public demande d’abréger l’épreuve ce que Manzanares finira par faire non sans nous avoir endormi un peu plus par  une vilaine épée provocant une forte hémorragie buccale. 
Andres ROCA REY  est certainement le torero qui attire le plus de gens aux arènes: Des gens qui viennent pour le voir triompher à tout prix même au prix de l’absurde et la corrida de ce soir nous en a donné l’exemple.
Son premier toro fuit le capote il est impossible de le fixer. Il va portant bien au cheval la pique est bonne mais elle restera unique pour garder un peu de force à l’animal pour la suite. Le toro est faible et plie plusieurs fois au quite par chicuelinas et à la brega. Commence alors une faena indigente par la faute du toro les passes s’enchaînant une à une le public réclame la musique on ne sait pourquoi et ROCA REY en profite pour lui donner ce qu’il aime un toreo pueblerino qui porte sur le conclave venu pour ça. Pour un aficionado un peu averti c’est un désastre mais cela plait à la masse. Le tremendisme facile fait monter la température, on sait bien que les jambes juste devant les cornes dans l’angle mort des yeux du toro le risque est minime,  surtout devant un toro affaibli, mais la plus part l’ignorent et ça marche. Le volapié bien fait est efficace et la folie prend les tendidos. Les mouchoirs blancs fleurissent dans une clameur assourdissante. Cette fois la présidence cède et accorde deux oreilles totalement injustifiées. 

ROCA REY a bien compris qu’il tenait le triomphe maximal à portée de main. Son deuxième adversaire sorti correctement des torils, montre après quelques passes de cape un défaut de locomotion des postérieur. Le public proteste sa vedette ne va pas pouvoir s’exprimer. Qu’a cela ne tienne le toro est sorti normal il doit continuer et la présidence sort le mouchoir blanc du changement de tercio après deux picotazos. Roca Rey vient brinder au centre et la ferveur est comble. La faena est populiste à souhait les mêmes trucs sont de nouveau sortis cela à fonctionné au premier toro et le film est toujours aussi bon Les spectateurs en ont pour leur argent leur vedette préférée leur donne ce qu’ils sont venus chercher : le triomphe. L’entière est concluante et au bord de l’émeute le respectable réclame et obtient deux oreilles supplémentaires aussi injustifiées que les précédentes.
La liesse est à son comble lors de la vuelta à hombros des deux héros du jour. Alors bien sûr le public reviendra aux arènes pour revoir des triomphes bien sûr la fiesta a aussi besoin de ça, mais nous étions quand même certains d’entre nous un peu tristes de voir ce que nous vivions et surtout de nous dire que l’ouvrage est immense et la responsabilité plus grande encore, pour nous aficionados d’éduquer ce public de lui faire comprendre la réalité et la grandeur du combat du toro brave. Allez haut les cœurs nous nous retrouverons dans les arènes de JEREZ pour la féria 2024!!!

Jean Dupin