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On attendait avec impatience le retour de la corrida concours de JEREZ de la FRONTERA d’autant plus d’impatience que ce type de spectacle inventé à JEREZ en 1955 en avait totalement disparu depuis huit après vingt ans de vicissitudes. On doit à MORANTE d’avoir restauré l’exercice. Avant tout un point important du règlement a été modifié cette année: l’ordre de sortie des toros ne se fait plus par ordre d’ancienneté mais par sorteo.

Juste avant la pandémie lorsque l’on avait reparlé de la corrida concours de Jerez, Marciano BRENA GALAN  chroniqueur taurin d’El Mira.es avait suggéré cette modification de règlement pour éviter le risque de manipulation des éleveurs par les toreros, exactement comme le sorteo avait été imposé au début du siècle précédent et pour les mêmes raisons. La JUNTA  d’ ANDALUCIA  a suivi les recommandations de notre excellent confrère et ami, et le sorteo a été appliqué cette année. Le vieux coso jerezano était plein au quatre cinquième cet après-midi pour voir concourir six ganadérias d’encaste DOMECQ pour les diestros

José Antonio MORANTE DE LA PUEBLA (silence et une oreille)

Sébastien CASTELLA (silence et silence) et

Pablo AGUADO (silence et salut au tier).


Des six toros seul celui de Firmin BOHORQUEZ (500 kg) présentait un trapio digne d’une corrida concours les autre étaient légers voire parfois légers (455kg ) le sobrero de Juan p Pedro DOMECQ lidiè en quatrième bis.

A noter que pour une fois nous avons pu assister à un tercio de piques digne de ce nom BARBERO , le toro d’el TORERO prenant quatre piques avec beaucoup de classe se voyait primé du catavino des oro à l’issue de la course.

Noctambulo
de SANTIAGO DOMECQ ouvre les débats aux mains de MORANTE; il trébuche à la deuxième pique et met ainsi fin au premier tiers. La faena est intéressante, MORANTE  veut bien montrer son partenaire dont on apprécie la noblesse surtout à droite la faena est agréable malgré la faiblesse de l’animal Le torero de La Puebla est suffisamment habile pour permettre de poursuivre la rencontre mais les passes s’enchaînent une a une ornées de beaux détails entre autre les trincheras dans lesquelles il excelle ; aux aciers les chosent se compliquent le pinchazo hondo est insuffisant l’épée est longue à retirer s’ensuit une demi et plusieurs descabellos.

MORISCO 
de CARLOS NUNEZ sort en deuxième lieu pour Sébastien CASTELLA . Le tercio de piques est intéressant : trois piques, peu appuyées certes, mais prises de plus en plus loin en s’élançant au galop. Sébastien ne parait pas au mieux de sa forme flottant dans son costume. Est-il remis de sa grave blessure? de toutes façons un retour après deux ans d’absence est toujours difficile. Sa tauromachie est épurée son adversaire est noble et ne lui pose pas de problème majeur sinon qu’il manque cette étincelle qui peut tout enflammer la faena est propre mais trop lente trop de temps perdu et surtout trop longue le toro s’éteint peu à peu et vient chercher refuge vers les planches sa noblesse se transforme en lassitude. Même la suerte  suprême un volapie bien exécuté ne suffit pas à réveiller le public.

JUSTIFICADO  de Firmin BORQUEZ parait énorme à coté de ses congénères, c’est le seul cinqueño du lot mais si il a la forme il n’a pas le fond il s’échappe seul du capote d’AGUADO, mauvais signe pour la suite, Aguado lui donne toutefois une belle série de véroniques en avançant. Le toro prendra ses trois piques réglementaires mais le cite est long le toro gratte longuement avant de se décider à aller au cheval en trottinant. La faena malgré les efforts d’AGUADO est vite ennuyeuse: les passes s’enchaînent d’une en une tant à droite qu’à gauche. Une entière au deuxième essai longue à agir met un terme à la prestation.

Le quatrième de Juan Pedro DOMECQ est un invalide notoire fort mal encorné qui plus est J.P.  a dû garder ses meilleurs exemplaires pour MADRID. Apres une tentative de première pique l’infirme est renvoyé se faire pendre ailleurs. Sort alors un sobrero du même fer encore plus petit qui prendra deux piques en manso faisant le tour du cheval. Pourtant MORANTE qui sort d’une bien mauvaise tarde à « la capitale » a bien l’intention de briller dans ces arènes qu’il affectionne et un public entièrement dévoué à sa cause. Quand l’orchestre entame “Concha flamenca” le maestro se transforme en maitre  de ballet et il entame une faena époustouflante toute d’art et d’ornements dont il a le secret un magnifique toreo de salon donné à un toro à roulette entièrement inventé par le maître de la Puebla. Le public se laisse prendre au jeu et toute l’allégresse jerezana se diffuse dans les tendidos. A l’issue de ce grand numéro après un pinchazo et une entière habile la foule se déchaîne: les tendidos blanchissent et la première oreille tombe. La présidence résiste à juste tire à la pétition de seconde et MORANTE radieux entame sa vuelta.
BARBECHEO  d’EL TORERO sort en cinquième il pèse 470 kilos et est né en décembre 2018. c’est un beau petit toro bien fait malgré une esquille à sa corne gauche. Il galope dans le capote de Castella répondant à la moindre sollicitation, on entrevoit un bon tercio de pique et l’on ne sera pas déçu. Quatre rencontres la charge est allègre et se déclenche au premier appel du picador le toro met les reins et pousse en brave. Apres la troisième pique le président veut changer le tiers mais une partie du public réclame le régaton, Sébastien CASTELLA remet en suerte presque au centre et la quatrième charge est aussi belle que les précédente, Barbecheo se précipite au galop pour une quatrième véritable pique. Castella nous gratifie même d’un bon quite par chicuelinas, qu’il est agréable de voir : enfin un vrai premier tiers! Tres beau tercio de banderilles à l’issue duquel les banderilleros du français saluent.  La faena débute par statuaires au centre sans bouger d’un millimètre le toro est aussi noble que brave. Malheureusement CASTELLA semble endormi aucune étincelle le toro veutmais le torero ne demande pas et là aussi la lumière s’éteint des séries longues mais trop molles et surtout trop de séries et le toro finit par partir aux planches Lorsque Castella pinche pour la première fois, retentit le premier avis et second retentira avant que l’animal ne rende les armes après une entière desprendida. On ne peut que regretter que ce bon toro ne soit tombé en d’autres mains.

HALCON  d’Alvaro NUNEZ est lui aussi un petit modèle au cornes refermées Il se double d’un manso redoutable Le toro n’est quasiment pas piqué refusant tout châtiment le piquero est quasiment obligé de le charger avant que l’animal ne s’enfuit au contact du fer, un couard doublé d’une peste. Tout le mérite de Pablo AGUADO  sera d’essayer de lui inventer une faena et, ma fois, il y parvient, faisant de l’art avec le néant. Le toro comprend vite et sur la défensive il se retourne comme un serpent parvenant à bousculer le diestro sans trop de dommages apparents sauf pour le costume bien sûr. L’épée rentre au troisième essai et après un premier avis. Aguado avec cette faena méritoire est invité à venir saluer.

La corrida aura duré trois heures EL TORERO est primé du « catavino de oro » le prix au meilleur picador n’est pas attribué. Attendons l’an prochain pour voir si l’expérience sera renouvelée, espérons que oui mais avec un meilleur effort des ganaderos dans la présentation de leur bétail.

Jean Dupin