Une fois de plus dimanche dernier nous avons repris la route des toros, cette route de Jerez à Algeciras où les ganaderias de toros bravos s’égrainent comme les perles des rosaires des madones andalouses. J’avais rendez-vous à la mythique Venta Pascual au pied de de MEDINA SIDONIA avec des amis nîmois pour une journée spéciale marquée au sceau du toro et de l’amitié. Après un bon desayuno à côté de la table où tous les soirs don Avaro Domecq venait jouer aux cartes avec ses amis ganaderos, nous prîmes la route en direction de la ganaderia Hermanos Torres Gallego pour une journée campera.

Dès l’entrée nous sommes accueillis par Miriam CABAS qui a voulu cette journée de l’amitié en l’honneur de son grand-père Grégorio Cabas décédé l’an dernier qui l’avait poussé vers la tauromachie. Elle a voulu réunir sa famille et ses amis autour du toro pour un temps de convivialité andalouse. Miram est novillera sans picadors et aussi étudiante vétérinaire en troisième année.
A l’âge de cinq ans elle rentre à l’école taurine d’Algeciras par jeu tout d’abord puis avec la ferme intention de devenir torera. Par la suite elle rejoint l’école taurine du campo de Gibraltar sous la direction du maestro Ruiz Miguel et débute sa carrière en public. Elle participe en 2021 et 2022 au concours des novilladas sans picadors de Canal Sur atteignant à chaque fois le stade des demi- finales. Sa dernière sortie la temporada dernière fut à UBRIQUE où elle toréa superbement un toro complique de plus costaud de la soirée et malgré une voltereta impressionnante elle revint au combat pour estoquer l’animal de superbe manière.
Miriam est sérieuse dans sa préparation taurine mais aussi dans ses études et c’est certainement ce qui l’a amené à une rencontre des plus chaleureuses avec la peña nîmoises des Amis de Pablo Romero. Leur président Joe Gabourdés raconte avec beaucoup d’émotion sa rencontre avec la jeune torera. Responsable de l’organisation du Printemps des Jeunes Aficionados, il décide d’organiser un concours mixte: trois filles et trois garçons. Miriam est du lot et s’impose sur ses collègues féminines le concours se terminant par deux vainqueurs exæquo dont Miriam bien sûr. Peu de temps après ayant besoin d’un stage en élevage pour ses études vétérinaires elle se tourne vers Joe et celui-ci accepte avec plaisir. Il contacte sa fille professeur d’espagnol qui aide Miriam à monter son dossier Erasmus qui est accepté haut la main et la jeune andalouse débarque en Provence pour trois mois. Elle s’ouvre de son inquiétude pour son logement à la fille de Joe et celle-ci lui_ rétorque “Papa a une grande maison il te logera.” Ni une ni deux Joe accepte, à une seule condition : que Miriam apprenne le français lui pour sa part essayant d’améliorer son castillan. “Elle a rempli sa part du contrat plus que moi “ confie-t-il avec un grand sourire.
Le séjour de Miriam Cabas à la ganaderia La Suerte durera trois mois et demi, Joe en profite pour l’inscrire à l’école taurine de Nîmes histoire de compléter son bagage taurin. Cette belle histoire d’amitié trouve donc une suite logique dans la présence de plusieurs Amis de Pedro Romero dans l’assistance à cette journée hommage.
Si l’amitié était présente à tout instant, le toro et la culture andalouse tenaient aussi une part importante. Miriam a tout d’abord tienté une vache de Torres Gallego, vache intéressante mais compliquée qui a permis à la jeune torera de s’exprimer et de montrer sa détermination. Par la suite dans la placita tous purent profiter d’un ballet équestre flamenco, cavalier et bailaora tout en art en grâce.
Par la suite évidemment un grand déjeuner de campo rassembla les convives permettant d’évoquer les souvenirs des uns et des autres mais aussi les inquiétudes et les espoirs pour la tauromachie. Mais tant que de si belles histoires d’amitiés existeront, gageons que notre aficion aura de bons moments devant elle.
Jean Dupin