Dans un récent interview donné à Midi Libre Nicolas Triol, le président de la Fédération française de la course camarguaise, se montre surpris des attaques qui viennent d’élus locaux. Malgré tout, il ouvre la porte à une discussion pour leur présenter ce qu’est la course camarguaise tout en préparant une réponse, notamment avec les manadiers. 

Êtes-vous surpris de ces attaques qui viennent essentiellement du berceau de la  course camarguaise? 

Oui et non. J’avoue que je n’ai pas été surpris des attaques lancées au plan  national sur la corrida au mois de novembre dernier. Derrière la corrida, elle visait  toutes les tauromachies. Par contre, je suis surpris et déçu des attaques au plan  local. Il me semble que lorsque l’on est à proximité de la chose dont on parle on se  doit de prendre le soin de la découvrir avant de se permettre de la juger. Au-delà de la surprise, quel regard portez-vous sur ces différentes attaques ? La Fédération française de la course camarguaise se trouve particulièrement  effarée par les attaques proférées à l’encontre de la bouvine , des manadiers et de  la course camarguaise par des élus de la ville de Montpellier. Ces personnes  avancent des jugements lapidaires avec parfois l’aplomb et la certitude des gens  qui ne connaissent pas leur sujet. 

Avez-vous déjà préparé une réponse à la lettre ouverte publiée dans le journal Le  Monde ? 

Nous allons nous réunir très prochainement avec les responsables de la Fédération des manadiers et de la Fé di Bioù pour apprécier la meilleure réponse à formuler.  Aujourd’hui, nous pouvons envisager toutes les possibilités en nous appuyant sur  des soutiens juridiques, administratifs ou encore politiques. Nous ne nous  interdisons rien. Nous pouvons même aller jusqu’à imaginer un grand  rassemblement pour défendre nos traditions. 

Peut-on imaginer une rencontre et une discussion avec ces élus animalistes et  écologistes ? 

Leurs méthodes ne sont pas très honorables mais avec un esprit d’ouverture et de  partage, je les invite à venir découvrir, écouter, voir et ressentir les nobles valeurs de la course camarguaise et la vie de nos manades. Les mieux placés pour parler  du savoir-faire de l’élevage du taureau de Camargue, transmis de génération en  génération depuis plus d’un siècle pour certains, les mieux placés pour apprécier  les évolutions utiles dans leurs pratiques sont d’abord les manadiers qui, en,  professionnels, élèvent leurs taureaux avec amour, respect et une attention  particulière pour leur santé. 

Vous semblez placer les manadiers en première ligne pour la défense des traditions ? 

Les manadiers sont les premiers écologistes de notre territoire avec des dizaines  de milliers d’hectares noblement entretenus pour valoriser de formidables espaces  naturels profitables à la flore, la faune et la biodiversité si menacée de nos jours. Pensez-vous que l’on puisse résumer aujourd’hui la course camarguaise à un seul  sport ? La course camarguaise est bien plus qu’un sport officiel. Elle est, avec toutes les  traditions de bouvine, un véritable art de vivre qui rythme la vie et anime le lien  social de notre territoire et qui se révèle être un formidable vecteur d’intégration  depuis plus d’un siècle pour les immigrés et les fils d’immigrés de toutes origines. En s’attaquant à la course camarguaise, ces élus ne mettent-ils pas en péril tout un pan de l’économie régionale ? La course camarguaise et les traditions de bouvine, notre patrimoine régional,  alimente une économie locale, circulaire et de circuits courts, particulièrement  importante pour le territoire. Elle se chiffre en plusieurs dizaines de millions  d’euros. 

Avez-vous déjà averti le ministère des Sports de ces attaques ?

Nous n’avons pas attendu les derniers événements pour le faire. Il a déjà été  prévenu lors des attaques du mois de novembre. Il est au courant. Comptez-vous sur les élus de la région pour défendre la course camarguaise à vos  côtés? Nous comptons bien évidemment sur le soutien des politiques pour nous apporter  leur soutien. Ils sont très majoritairement les défenseurs de nos traditions. Ces  hommes et ces femmes politiques sont les formidables ambassadeurs de la course camarguaise et ses financeurs. À partir de là, je n’ai aucun doute sur leur présence à nos côtés et leur force collective pour défendre notre magnifique patrimoine. 

JEAN Noté / MIDILIBRE https://www.midilibre.fr/