
https://www.facebook.com/photo/?fbid=938993404140599&set=a.113948199978461 (page facebook Patrick Varin)
Bonne année à tous!
Que nous disent ces chiffres qui ne concernent que les corridas –à l’exclusion des corridas de rejoneo, des novilladas piquées et sans picadors-, bienvenus pour la conclusion de la temporada et de l’année ? D’abord ils montrent et il faut en avoir bien conscience que le secteur taurin français reste très minoritaire si on le compare à l’Espagne. Chez nos voisins on recense 915 spectacles soit 475 corridas de toros, 286 novilladas avec picadors et 154 corridas de rejones, avec une hausse globale de l’ensemble de 39 pour cent sur 2021 (avec 560 spectacles) et de 13 pour cent sur 2019 (avec 793 spectacles). Le marché français pèse seulement autour de 15% si on le compare à l’Espagnol -en prenant toujours uniquement les corridas de toros. Cette donnée n’est pas nouvelle mais elle est essentielle: On doit la garder en tête, même si la concentration géographique (sud-est, sud-ouest) peut nous parfois nous tromper.
On voit par ailleurs que le net redressement du nombre de corridas en France par rapport à l’effondrement des années précédentes du au COVID, reste néanmoins relatif et que l’on n’a pas, en France, retrouvé les chiffres des années précédentes. Il reste peu probable que le chiffre de 2022 augmente lors de la prochaine temporada il n’y a pas eu d’annonces dans ce sens mais par contre des rumeurs d’arènes qui réduiraient leur programmation voir qui abandonneraient. Cela reste rare, ce ne sont que des bruits, et dans la plus part des cas cela concerne des plazas qui n’organisent qu’un spectacle par an. Franchiront elles le pas ? Passeront elles à l’acte ? Resteront elles fermées ? Cela n’est pas certain non plus… Que deviennent les fêtes sans toros ?
Réconfortante, la montée en puissance des toreros français qui ont été très sollicités comme on le voit sur le schéma. L’éloignement des authentiques figuras françaises que sont Sébastien Castella (qui reviendra la saison prochaine) et Juan Bautista n’a pas vraiment nui à la présence de toreros français dans nos cartels ; 41 au total, 9 paseos pour Adrien Salenc c’est un chiffre remarquable compte-tenu du contexte. Dans les toreros les plus vus: 3 français sur 4… C’est un chiffre impressionnant. Il y a cependant de bons toreros français qui ne sont pas du tout cités et qui restent des oubliés, dans le “bache” comme on dit, mais c’est vrai aussi chez nos voisins aussi et c’est une constante d’un milieu fondamentalement inique. Par ailleurs, les chiffres ne le disent pas mais c’est une réalité: la plupart des toreros français n’ont pas pénétré le marché espagnol de manière significative, à l’exception notable de Juan Leal, le seul réellement identifié de l’autre côté des Pyrénées par le grand public.
De nouvelles épreuves attendent le secteur dans des échéances courtes : une nouvelle PPL anti-corrida a été déposée par Caron dans le cadre de la niche parlementaire accordée aux écologistes. Notons au passage que malgré le battage médiatique son livre ne s’est vendu qu’à 400 exemplaires ce qui du point de vue éditorial est calamiteux. La bataille ne doit pas pour autant être prise à la légère. De puissants lobbys et une majorité des médias soutiennent les abolitionistes dans leurs objectifs. Les enjeux sont à la fois politiques et économiques car une véritable industrie se tapit derrière le projet Caron : un projet global de changement de société avec un pactole à la clé et qui, pour arriver à ses fins, s’assoit sur les libertés.
L’existence d’un secteur taurin national composé d’éleveurs et de toreros nombreux et régulièrement appelés, comme le confirment ces chiffres –auxquels il faut joindre ceux des novilladas, secteur apparemment plus fragile-, est un atout décisif dans le débat. Le volontarisme des empresas françaises, leur sens des responsabilités est à louer. Grace à elles la corrida ne peut plus être considérée comme un spectacle importé: c’est un ensemble d’hommes et de femmes qui vivent du toro et cela en France au même titre qu’en Espagne. Une réalité méconnue du grand public et un argument essentiel dans les confrontations à venir.
On a vu, lors du dernier débat à l’Assemblée, que les mieux placés pour défendre la corrida étaient les toreros eux-mêmes. Ils ont, à cet effet, et fort de cette expérience récente, réactivé l’Association des Matadors de France sur-laquelle on compte désormais pour ce second round convoqué par les liberticides au début du mois de mars à l’Assemblée Nationale.
Pierre Vidal