
Tout à l’excitation de la plausible présentation de son projet de loi visant à l’interdiction de la corrida, bizarrement soutenu par bon nombre de ses collègues de LFI, Aymeric Caron se lance même à des affirmations hasardeuses bien susceptibles de lui revenir à la figure. Ainsi déclarait-il à la presse en septembre dernier : « On ne peut pas être de Gauche et soutenir la corrida ».
Au delà de la prétention à définir l’« être de Gauche », qu’évidemment il incarnerait, son propos dénote une profonde ignorance des relations historiques entre la gauche et la tauromachie qui va bien au-delà des frontières.
Pour rester dans le cadre français et dans l’histoire récente, on lui rappellera seulement que l’Union des Villes Taurines de France fut créée en 1966 à l’initiative de M.M. Jourdan, maire de Nîmes, et Privat, maire d’Arles. Le premier était…communiste, et le second…socialiste. Etaient réunis autour d’eux pour l’occasion des dizaines de maires de toutes obédiences et origines du Sud de la France.
On ne citera, pour en terminer avec l’affirmation eronnée du néo-député, que les maires de villes importantes comme Emile Claparède, de Béziers, socialiste, Charles Lamarque, de Mont de Marsan, socialiste, Roger Roucaute, d’Alès, communiste, Michel Sageloly, de Céret, socialiste, ou Marcel Cornille, maire d’Istres, socialiste lui aussi. L’U.V.T.F. reste de nos jours l’entité représentative en matière de tauromachie dans la grande majorité des arènes françaises.
Non contents d’être traîtres à leur famille politique ces élus qui viennent d’être cités, et tous ceux qui ne l’ont pas été mais qui auraient aussi mérité de l’être, seraient donc d’infâmes personnages, des « spectateurs frustrés qui peuvent jouir du spectacle du sang et de la mise à mort » pour reprendre quelques mots choisis du sieur Caron. Qui d’ailleurs, pour rester dans le domaine du camouflage politique dont il semble connaître un rayon, ne manque sans doute pas d’expliquer aux députés, dont il fait assidûment le siège pour arracher leur soutien, que la défense des animaux n’est que la première étape d’un « progrès civilisationnel majeur » (1) dont le véganisme est la face légaliste et l’antispécisme le but final.
Sans entrer dans un débat philosophique le plus souvent dévoyé, on peut, pour s’éclairer sur les enjeux poursuivis derrière le masque du sort des « personnes non humaines » (pour utiliser leur terminologie), se tourner vers la lecture d’un végano-sceptique éclairé en la personne d’Etienne Rault. Au travers de son « Regard d’un éleveur sur l’utopie végane » (Ed. Du Dauphin- 2017), on y découvre qu’à les suivre, « l’homme devient un hors-la-loi de la république du vivant. »
Une bonne raison de plus de dire « OUI à la corrida ».
(1): Expression de Daniel Olivier dans les « Cahiers spécistes ».
Rodolfo ARIAS, le 07/11/2022