Plaza de toros de Tobarra (Albacete). Corrida del Día de Castilla-La Mancha. Trois quart d’entrée de la jauge Covid. Toros de El Pilar, le second, ‘Alambrisco‘, n° 134, meano, bragado, gargantillo, a été gracié. Le troisième a été ovationné à l’arrastre. Corrida télévisée par CMMTV
UCEDA LEAL, oreille et silence.
JOAQUÍN GALDÓS, deux oreilles et la queue (il a fait la vuelta sans les trophées), et oreille.
DIEGO CARRETERO, oreille et pétition de la seconde et deux oreilles.
Envoi remarquable de Moises Fraile qui restera dans les annales pour son ensemble, sa présentation homogène qui n’aurait pas déparé dans certaines arènes de première catégorie, mais surtout pour son jeu. Le second toro “Ambrisco” qui est rentré aux corrals vivant grâce à sa noblesse s’est mis en évidence par sa capacité à répéter et à humilier et à sa franchise. Il partait de loin sans se lasser et, sans que le torero ne la provoque, le public dans un enthousiasme unanime a demandé la grace qu’il a fini par obtenir. Rappelons que, selon le règlement la grâce des toros est interdite dans des arènes de troisième catégorie comme Tobarra. Notons aussi qu”Ambrisco” fut discret sous le cheval. Il ne se révéla qu’au troisième tiers mais là ce fut un festival sensationnel qui a conduit le président à déroger à la règle. Les règles ne sont-elles pas faîtes pour être transgressées?
Elégance d’Uceda Leal qui fête cette année ses 25 ans d’alternative sans se lasser ni nous lasser. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Pas d’effets chez Uceda qui opte pour la sobriété et qui connaît, on l’a vu parfaitement les qualités mais aussi les défauts d’une ganaderia qu’il connaît parfaitement. Ses épées sont foudroyantes.
Joaquin Galdos a touché la timbale avec “Alambrisco” peut-être le meilleur toro qui soit sorti cette temporada. Pour le torero en tout cas. A la différence de son compatriote, Andrés, Galdos n’en fait pas des tonnes, il est même souvent excessivement discret. Notant tout de suite les qualités de l’opposant, il proposa un quite en véroniques splendide. A la muleta, il ne fit rien de démagogue pour provoquer le succès. Son toreo sobre, exécuté par le bas, dans le bon rythme, conduit sans heurts des deux côtés a parfaitement mis en valeur les qualités de son opposant dont il obtint la grâce sans à avoir recours à ces théâtralisations pénibles, habituelles dans ces circonstances. Moins de transmission de son second opposant, ne l’empêcha pas de lui couper l’oreille après une estocade sin puntilla. Le péruvien est en bourre!
Diego Carretero, peu expérimenté, avait à faire à rude partie dans ce contexte triomphal. Il jouait gros aussi le torero de la tierra, rangé parmi les modestes. Il alla donc por todas en débutant par des largas de rodillas. Il tomba lui aussi sur deux bons opposants, le troisième surtout. Il inscrivit alors son toreo dans un style plus classique évitant les fioritures inutiles comme l’avait fait Galdos avant lui. Sans convaincre véritablement, il montra une certaine solidité dans ses dispositions et une sobriété de bon goût. Tout cela fut bien payé.
Mais le fait du jour demeure l’exceptionnel combat d’Alambrisco qui a gagné le droit de passer sa vie à paresser dans les cercados de la dehesa et de monter autant de vaches qu’il voudra ou pourra. Qui a dit que nous réservions un sort cruel aux animaux?
Pierre Vidal