

Saint Sever. Dimanche. Corrida des fêtes. Lleno.
6 Toros de Zacarías Moreno.
Sebastián Castella : silence et deux oreilles
Clemente : applaudissements et silence
Tomás Rufo : une oreille et silence.
Peu à dire sur cette après-midi très attendue et qui aura fait à nouveau le plein à Morlanne. La présentation inégale et le jeu sans saveur des Zacharias Moreno ont gâché la fête. L’ensemble juste de force, inexistant sous la mono pique a fait preuve par la suite d’une noblesse mièvre ne permettant pas aux coletudos de montrer l’étendue de leur talent. On sauvera le cinquième, noble avec plus de transmoission que ses frères.
Face à cette inanité, Castella ne put montrer le meilleur de son art fait de maîtrise, de pouvoir sur l’animal. Il lui faut un advresaire plus agressif pour qu’il exprime au mieux ces qualités de battant. Sébastien eut des difficultés à l’épée à son premier passage -médiocre dans l’ensemble-, ne cachant pas un désarroi inquiétant: Avait-il perdu le sitio avec l’acier -grave carence- ? La veille, à Grenade, il avait gâché ainsi une grande faena face à un solide Victorino… Heureusement, on vit par la suite qu’il n’en était rien concluant ce second travail face au meilleur de la tarde par un estocnazo foudroyant. La fanea précédant l’estoconazo avait été agréable et engagée, donnée dans un mouchoir de poche, l’animal cité de loin pour lui donner une importance -qu’il n’avait pas en réalité. Bon mais court moment car le Zacarias montra vite des signes de lassitude.
Mal servi, Clemente qui aurait certainement préféré un autre sort se montra cependant digne de son nouveau statut acquis à Madrid souligné par l’exigeant critique du Pais Antonio Lorca qui vient de le placer comme un des meilleurs de la récente San Isidro. Il ne put rien face à la fadeur de ses opposants à part une bonne série à gauche au premier passage et une autre du même cru à son second. De bonnes estocades aussi pour conclure rapidement ces prestations. Rien de vulgaire: Jamais il ne se départit d’une réelle classe, d’une élégance naturelle dans ses déplacements dans l’arène. Il a la planta et ça ne trompe pas.
Tomas Rufo malgré sa jeunesse est déjà un professionnel aguerri et surtout un technicien lucide et habile. Il sut masquer la faiblesse de son premier en le menant avec une douçeur extrême dans de courtes séries et conclut par un estoconazo récoltant ainsi un premier trophée. Au second, un manso décasté, sa science ne put rien et il l’abattit d’un bajonazo devant le toril.
Tout cela sous les yeux d’un public nombreux et bon enfant, peu exigeant et donc heureux car satisfait de ce qu’on lui proposait, bercé par une musique pléthorique, faite pour séduire les mélomanes… Mais les aficionados eux, ont ils été séduits ? Poser la question c’est y répondre.
Pierre Vidal